... - kalidou sy: c'est l'heure du journal de l'afrique. soyez les bienvenus. a la une, cette grève des avocats au cameroun, un mouvement initié mercredi pour protester contre des violences policières dont ont été victimes plusieurs membres de la profession ces dernières semaines. le point en début d'édition. au soudan du sud, le porte-parole du gouvernement a annoncé l'arrestation de plusieurs membres du parti du vice-président sud-soudanais, riek machar. ils sont accusés d'être liés à la white army, une milice rebelle impliquée dans la guerre civile de 2013 à 2018.

qui sont les commanditaires de la disparition de mehdi ben barka, l'opposant marocain au roi hassan ii enlevé le 29 octobre 1965 à paris? depuis près de 60 ans, la raison d'etat pèse sur cette affaire digne d'un roman d'espionnage. pour en parler, david servenay, journaliste et auteur de la bd "ben barka, la disparition". les avocats camerounais sont dans leur 2e jour de grève. ils protestent contre les violences policières visant leur profession. depuis mercredi, plusieurs tribunaux de yaoundé sont déserts. ces dernières semaines, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des agents de police exerçant des violences sur un avocat. les explications de notre correspondant à yaoundé, marcel amoko. - marcel amoko: la colère et le ras-le-bol des avocats camerounais, qui ont décidé de suspendre le port de la robe et la fréquentation des tribunaux sur toute l'étendue du territoire national, sont la conséquence

de ce que le barreau considère comme des violences policières, qui se sont multipliées ces derniers mois contre des avocats dans l'exercice de leur métier. dans son communiqué, le président du conseil de l'ordre des avocats du cameroun cite notamment le cas de me richard tamfu, molesté en novembre par des gendarmes. il avait dû être hospitalisé à la suite de ces violences. l'enquête ouverte à cette occasion est restée au niveau des auditions, selon me richard tamfu, qui estime que le traitement réservé aux avocats est un message que le pouvoir politique veut faire passer à l'opinion en cette année électorale au cameroun. - on est en train de faire passer un message de peur. on dit aux citoyens camerounais que l'avocat ne sert à rien et que ceux sur qui ils comptent pour les défendre, on peut faire ce qu'on veut d'eux. nous exerçons dans la peur. on ne sait pas ce qu'il peut se passer. - marcel amoko: face à ces violences policières contre les avocats, le conseil national

de l'ordre des avocats du cameroun affirme avoir saisi la justice pour que les auteurs puissent répondre de leurs actes. la grève qui a débuté ce mercredi est prévue pour durer 72 heures. - kalidou sy: au soudan du sud, nous vous parlions hier de l'arrestation de plusieurs membres du splm, le parti du vice-président, riek machar. des arrestations confirmées par le porte-parole du gouvernement. ils sont accusés d'être liés à la white army, cette milice rebelle impliquée dans la guerre civile sud-soudanaise de 2013 à 2018 et qui refait parler d'elle depuis plusieurs semaines. les précisions de notre correspondante régionale, elodie cousin. - elodie cousin: le porte-parole du gouvernement sud-soudanais a justifié l'arrestation des deux alliés du vice-président riek machar, le ministre du pétrole et le numéro 2 de l'armée sud-soudanaise, en diffusant une vidéo qui prouve, selon lui, leur implication dans l'armement de la white army, cette milice principalement composée des membres de l'ethnie du vice-président et ancien chef rebelle impliqué dans la guerre civile

qui l'opposait au président salva kiir entre 2013 et 2018. ces dernières semaines, les combats ont repris entre la white army et l'armée régulière sud-soudanaise dans le nord-est du pays. les pourparlers de paix qui ont normalement lieu à nairobi ont été interrompus par william ruto. cette médiation menée par le président kényan depuis un peu moins d'un an est censée permettre l'application des accords de paix signés en 2018 et d'organiser des élections au soudan du sud. l'armée sud-soudanaise attendait d'être évacuée ce jeudi par l'onu de la ville de nasir, désormais aux mains de la white army. un porte-parole du parti du vice-président riek machar, annonçait qu'il ne savait pas où se trouvaient les deux hommes arrêtés. du côté de salva kiir, on assure que le soudan du sud ne reprend pas le chemin de la guerre. a djouba, la capitale, beaucoup sont inquiets de la tournure

des événements. depuis 2018, on estime que la guerre civile a fait près de 400 000 morts. - kalidou sy: en bref et dans le reste de l'actualité. le soudan voisin a déposé une requête visant les emirats arabes unis devant la cour internationale de justice en l'accusant de complicité de génocide. la raison: le soutien présumé des emirats aux paramilitaires des forces de soutien rapide, accusés de massacre contre la communauté des masalit, notamment "des soutiens financiers, politiques et militaires considérables à la milice rebelle fsr", a déclaré dans un communiqué la cij. trois nouveaux cas du virus ebola ont été recensés en ouganda, a annoncé jeudi l'agence sanitaire de l'union africaine, portant le total à 12 depuis le début de l'épidémie, fin janvier. c'est la 6e fois que l'ouganda est touché par cette fièvre hémorragique virale. toutes souches confondues, ce virus a fait plus de 15 000 morts en afrique depuis 1976. l'énorme plateforme gazière au large du sénégal

et de la mauritanie victime d'une fuite. l'incident a été identifié le 19 février, soit moins de 2 mois après le début des opérations. le gisement, découvert en 2015 à la frontière entre le sénégal et la mauritanie, est développé par le britannique bp avec l'américain kosmos energy, la société mauritanienne des hydrocarbures et la petrosen. la production annoncée du projet est d'environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. c'est l'une des plus vieilles affaires, mais également l'un des plus grands mystères de la ve république: l'enlèvement de l'opposant marocain mehdi ben barka, le 29 octobre 1965, près de la brasserie lipp, à paris. pour en parler, david servenay, auteur de la bd "ben barka, la disparition", avec le dessinateur jacques raynal, aux éditions futuropolis. la 1re question que je voudrais vous poser, c'est: pourquoi

avez-vous choisi de raconter cette histoire par la voie d'une bande dessinée? - david servenay: pour plusieurs raisons. d'abord, mehdi ben barka était un des grands leaders du tiers-monde à l'époque. c'était un très fin politique, assez radical dans ses idées. il a des idées de gauche et ne s'en cache pas. mais il peut aussi être pragmatique. lorsqu'il disparaît et qu'il est tué, on perd quelqu'un qui a une vraie envergure et qui était vraiment en mesure de pouvoir présenter une alternative crédible à la monarchie marocaine, au roi hassan ii. toutes ses idées, son oeuvre politique ont une résonance aujourd'hui. on vit une période troublée. mehdi ben barka incarnait assez bien la 3e voix.

- kalidou sy: les non-alignés. - david servenay: en le faisant disparaître, on tue un peu cette voix politique. l'autre raison que l'on a essayé de faire vivre, c'est que cette histoire est un polar. on n'aurait pas pu l'imaginer si on l'avait voulu, tant ça mêle les services secrets français et marocain, la police française, la presse qui essaye de faire son travail mais qui a du mal, le général de gaulle, qui se trouve bousculé par cette affaire... depuis le général de gaulle, aucun président de la ve république n'a évoqué cette histoire. - kalidou sy: on va rentrer dans le fond du sujet. quelques jours après son enlèvement à paris, l'affaire ben barka

va faire la une des journaux grâce au journal "l'express". plusieurs pistes sont évoquées. racontez-nous ce qu'il se joue. - david servenay: il faut être prudent. ce scoop de "l'express" n'en est pas un. c'est une opération montée par les services secrets marocains qui ont manipulé les journalistes. ca va faire éclater l'affaire d'un point de vue politique en portant la responsabilité sur le ministre de l'intérieur marocain de l'époque. ca va déclencher la colère du général de gaulle et une vraie crise entre les 2 pays. ca va aussi figer une sorte de version officielle sur cette affaire. comme les marocains ont été pris la main dans le sac, ils ne peuvent pas réfuter. hassan ii décide de sacrifier son ministre de l'intérieur, qui va porter cette responsabilité. derrière,

on ne va jamais progresser. on ne sait toujours pas où est passé son corps, où il a été enterré, ni comment il a été tué. au départ, les commanditaires, les services secrets marocains, n'avaient pas pour mission de le tuer mais de le ramener au maroc. c'est là où il y a une manoeuvre habile. la france et le maroc vont se mettre d'accord pour étouffer l'affaire et le scandale. - kalidou sy: depuis 1965, y a-t-il eu des étapes pour faire avancer l'affaire? - david servenay: un certain nombre. la presse a mis la main sur une prison secrète du régime de hassan ii, qui renvoie aux années de plomb, le pf3. il est vraisemblable que la tête de mehdi ben barka y soit enterrée.

- kalidou sy: un jeune commissaire des services secrets marocains était impliqué, mais il n'a jamais été interrogé. - david servenay: effectivement. il n'a jamais pu être entendu par les enquêteurs français. la justice française n'a jamais pu faire d'enquête sur ce fameux pf3 pour connaître la vérité. - kalidou sy: en 1977, la cia a recensé 1846 documents faisant référence à mehdi ben barka, mais elle a refusé de les communiquer. - david servenay: comme la dgse a refusé de communiquer un certain nombre de documents. c'est dommage. on sait que dans les archives des services secrets américains, français et marocains, il y a des réponses aux mystères

qui entourent encore cette affaire. - kalidou sy: le 25 octobre, ça fera 60 ans. peut-on imaginer qu'emmanuel macron ou le roi mohammed vi fassent un geste, comme emmanuel macron l'avait fait quand il avait reconnu la torture de l'armée en algérie en août dernier? - david servenay: je ne suis pas dans leur tête, mais ils devraient y réfléchir. - kalidou sy: quelle image a mehdi ben barka aujourd'hui au maroc? a l'époque, il était populaire. aujourd'hui, est-il connu de la jeune génération marocaine? - david servenay: je dis souvent que mehdi ben barka et le jean jaurès marocain. il a été assassiné. il était un responsable politique assez extraordinaire.

il était extrêmement populaire à l'époque. il est moins connu des jeunes générations, mais c'est aussi une des raisons pour lesquelles on a voulu faire cette bande dessinée, pour montrer que les idées qu'il défendait ont encore un intérêt et une pertinence. - kalidou sy: savez-vous si votre livre a eu un écho au maroc? - david servenay: pas encore, parce qu'il vient de sortir. les marocains qui auront l'occasion d'en prendre connaissance vont être intéressés, je pense. - kalidou sy: merci d'avoir accepté notre invitation et merci de nous avoir présenté votre bande dessinée, "ben barka, la disparition". merci d'avoir suivi ce journal. sous-titrage en direct eva france st'501