... - judith grimaldi: bienvenue à vous tous. voici les titres. l'ukraine déplore des frappes russes de masse contre ses infrastructures énergétiques. elle a utilisé des mirage 2000 français pour les contrer. ces bombardements ont lieu au lendemain de la réunion des chefs d'etat et de gouvernement européens réunis à bruxelles. ils ont réitéré leur soutien à l'ukraine pour 30 milliards d'euros cette année et donné leur feu vert pour une enveloppe de 800 milliards d'euros pour réarmer l'europe. la hongrie, proche du kremlin, n'a pas souhaité s'y associer. le retrait des etats-unis de l'agence américaine de développement international, l'usaid, place l'europe devant ses responsabilités. l'administration trump a coupé plus de 90 % des crédits de cette agence qui est le plus gros contributeur mondial dans le secteur

de l'humanitaire. en france, malgré les critiques de l'extrême droite, l'aide au développement se poursuit. invité dans ce journal, thani mohamed-soilihi, ministre délégué chargé de la francophonie et des partenariats internationaux. en syrie, au moins 70 morts lors d'affrontements les plus violents depuis la chute de bachar al-assad. ils opposent les forces de sécurité au soutien de l'ancien régime. l'observatoire syrien des droits de l'homme a fait état de l'exécution de 52 alaouites. ... les européens réunis en sommet extraordinaire à bruxelles ont adopté à l'unanimité des textes pour renforcer leurs dépenses militaires. un pas de plus en faveur de la défense européenne face à la menace russe et au risque de désengagement américain. hier, donald trump a une nouvelle fois remis en cause l'engagement

américain au sein de l'otan. on retrouve alix le bourdon, notre correspondante à bruxelles. bonjour, alix. le plan de réarmement de l'europe marque un sursaut européen en matière de défense? - alix le bourdon: ce plan de 800 milliards a été adopté lors de ce conseil extraordinaire à bruxelles à l'unanimité des 27 chefs d'etat et de gouvernement. il comporte notamment un assouplissement des règles budgétaires pour les dépenses militaires, mais aussi 150 milliards d'euros qui seront empruntés par la commission européenne et prêtés aux pays européens qui souhaitent investir

dans leur défense. ces avancées n'auraient même pas été imaginables il y a quelques mois, avant le retour de donald trump à la maison-blanche. pour le président du conseil européen, cette mesure permettra de constituer un 1er paquet. emmanuel macron a aussi estimé qu'il s'agissait d'une première étape. ce plan repose largement sur l'endettement national et donc sur les épaules des pays européens. il y a un certain nombre de pays, comme la france et l'espagne, qui souhaiteraient aller plus loin et mettre en place un instrument de dette commune. d'habitude, ce genre de solution déplaît beaucoup aux pays du nord de l'europe, mais face à l'urgence de la situation, cette piste semble remporter l'aval d'un assez grand nombre de pays européens,

même les plus atlantistes, comme la finlande et le danemark. l'allemagne n'exclut pas non plus d'emprunter avec ses partenaires européens, comme en 2020, lors de la pandémie de covid-19. - judith grimaldi: certains pays européens ne veulent pas rompre totalement avec les etats-unis. - alix le bourdon: c'est le cas des pays en première ligne comme la pologne, qui redoutent par-dessus tout le retrait des forces américaines du vieux continent. ces dernières semaines, ces pays ont pu s'interroger sur la fiabilité de leur allié américain, mais ils ne veulent pas rompre avec les etats-unis. "en renforçant notre défense, nous devrions améliorer les relations transatlantiques", c'est donald tusk qui a résumé ainsi la situation. autre pays où le lien transatlantique est très important: l'italie, qui espère que donald trump ne mettra pas en place de droits de douane. l'italie enregistre un excédent commercial important avec les etats-unis. giorgia meloni, la présidente du conseil italien, propose

l'organisation d'un sommet entre les etats-unis et l'ue pour mettre à plat toutes les questions de dépenses. - judith grimaldi: merci. après avoir gelé les fonds de l'agence américaine usaid, qui gérait 40 milliards de dollars d'aide dans le monde, le locataire de la maison-blanche donald trump fait des émules dans les principaux pays contributeurs de l'aide au développement. en france, malgré les difficultés budgétaires et en dépit des critiques de l'extrême droite, l'aide au développement se poursuit. bonjour, monsieur thani mohamed-soilihi. vous êtes le ministre délégué chargé de la francophonie et des partenariats internationaux de la france. on revient d'abord sur l'actualité du jour: l'aide à l'ukraine. que pensez-vous des décisions du conseil européen, sont-elles suffisantes? - thani mohamed-soilihi: le président de la république a été parfaitement clair: nous allons aider l'ukraine, pour une paix juste, complète et durable. c'est pour cela que le président de la république a entrepris toutes ces démarches, en entraînant ses homologues de l'ue

pour y parvenir. rien ne se fera sans l'ukraine. "pas de discussion sur la sécurité en europe sans les européens", voilà le leitmotif. - judith grimaldi: les etats-unis ont suspendu leur aide à l'ukraine. l'europe doit faire face et augmenter son aide. cela a-t-il des conséquences sur la politique générale d'aide française au développement dont vous avez la responsabilité? - thani mohamed-soilihi: la politique générale d'aide au développement de la france, c'est d'abord une fierté. etre solidaire à l'international, prévenir les crises, notamment les pandémies, prévenir les mouvements migratoires incontrôlés, prévenir les enjeux globaux de climat, c'est quelque chose que nous devons continuer à faire. ces crises ne s'arrêtent pas à nos frontières.

l'aide au développement est, en plus, quelque chose qui rend service directement aux français, en plus de cette solidarité internationale que nous devons avoir. c'est tout à notre honneur que de continuer à être cette puissance d'équilibre au travers de l'aide au développement. - judith grimaldi: au royaume-uni, keir starmer a coupé dans l'aide au développement, qui va passer de 0,5 à 0,3 % du revenu national brut. la secrétaire d'etat au développement international a démissionné. vous n'êtes pas inquiet pour la france? - thani mohamed-soilihi: nous venons d'avoir un débat budgétaire très important. avec l'aide au développement qui a été diminuée, en effet,

mais ça ne change en rien nos priorités, qui sont d'abord d'aider les pays le plus dans le besoin... l'aide américaine va avoir pour conséquence que des vies soient en jeu. les pandémies qui gangrènent le monde vont avoir des conséquences immédiates. nous ne devons pas nous départir de ces enjeux, en france. nous devons faire en sorte que nos valeurs, notamment la défense de l'égalité entre les femmes et les hommes, à la veille de la journée internationale du droit des femmes... nous maintenons la défense de ces valeurs, dans le cadre de notre aide au développement. des fonds budgétaires étaient nécessaires. nous connaissons la situation de notre pays.

nous devons faire des efforts pour les années qui suivent et pour espérer retrouver une aide au développement à la hauteur des enjeux. - judith grimaldi: comment sont financées nos principales actions? - thani mohamed-soilihi: vous me permettez d'aborder cette polémique scandaleuse mise en avant par une partie de l'extrême droite, en france. l'usaid, ce n'est pas l'afd. ce sont des subventions, alors que l'agence française de développement, c'est d'abord 85 % de prêts bancaires. nous avons un retour sur investissement de 3 milliards par an. notre aide au développement est financée par ces 85 % d'activités bancaires. le reste, ce sont des subventions.

nous assumons complètement ces modalités d'intervention. les crises internationales ne s'arrêtent pas à nos frontières. nous devons tout faire pour les prévenir et aider les populations qui en ont besoin. - judith grimaldi: madame sarah knafo a déclaré que 51 millions d'euros seraient donnés pour le renforcement, entre 2021 et 2023, de l'égalité de genre en albanie. que répondez-vous à cela? - thani mohamed-soilihi: lutter pour l'égalité de genre, nous devons en être fiers. cette autonomisation fait partie de nos actions qui préviennent les conflits. c'est tout à notre honneur de défendre la moitié de l'humanité... les femmes constituent la moitié de l'humanité.

ce débat est important. nous n'avons pas attendu l'extrême droite pour le mener, notamment en matière d'efficacité de nos actions. le ministre barrot a mis en place une commission d'évaluation et de suivi qui va faire son travail. nous n'avons pas attendu ces critiques pour aller encore plus vers de l'efficacité. nos sujets et nos valeurs, nous devons continuer à les défendre, surtout dans le monde fragmenté d'aujourd'hui. - judith grimaldi: cette période d'inversion des valeurs et de contrevérités, ce qui est dénoncé par le monde scientifique, aujourd'hui. donald trump et elon musk ont décidé de suspendre l'aide humanitaire. on a vu les conséquences à court terme de cet arrêt pour les populations concernées, sur le plan sanitaire. qu'en est-il sur le plan nutritionnel?

- thani mohamed-soilihi: evidemment, ces coupes vont aussi avoir des conséquences dramatiques. a la fin du mois, nous organisons un sommet sur la nutrition, en france, pour voir comment mobiliser d'autres ressources, notamment les ressources privées, en faisant appel aux banques et aux banques de développement. le moment est grave, mais nous ne devons pas baisser les bras ni céder à ces polémiques, d'autant plus que, comme vous venez de le dire, elles sont basées sur de la désinformation. un débat équilibré et sain doit s'instaurer, mais pas sur la base de vérités tronquées et de désinformation. - judith grimaldi: la cour suprême américaine vient de décider de suspendre la décision de donald trump pour un montant estimé entre 1,5 et 2 milliards de dollars. quel peut être l'impact de cette décision? - thani mohamed-soilihi: en tant qu'européens, nous devons

nous mobiliser, continuer à déployer nos efforts pour répondre à la situation. même avec l'aide américaine qui était en place, cela ne suffisait pas à répondre au défi. je n'ai pas à commenter la décision judiciaire interne aux etats-unis. nous voyons bien que ces décisions sont prises, et il y a des annonces, mais avant que cela s'applique, il y a encore des évolutions qui vont avoir lieu. en tout état de cause, nous, français, européens, devons maintenir les efforts et nous en tenir à nos valeurs. - judith grimaldi: quelles peuvent être les conséquences de la fin de l'aide américaine sur les flux migratoires? - thani mohamed-soilihi: l'aide au développement a plusieurs vertus, notamment de lutter contre les flux migratoires incontrôlés.

87 % des migrations se font sud-sud. les populations du sud en difficulté vont d'abord chercher des solutions dans leur voisinage du sud. c'est seulement s'il n'y a pas de ressources ou de solutions que les migrations, à 13 % en moyenne, se font du sud vers le nord. si nous n'intensifions pas l'aide au développement à l'égard des pays du sud, le caractère incontrôlé des migrations va s'intensifier. - judith grimaldi: et aggraver les dissensions entre les pays riches du nord et les pays pauvres du sud? - thani mohamed-soilihi: les pays pauvres du sud qui n'ont pas de solutions dans le sud vont migrer là où il y a des solutions. c'est aussi ça, la conséquence de cette politique d'aide

au développement. - judith grimaldi: que peuvent faire les pays européens? - thani mohamed-soilihi: agir de concert, le faire savoir. ce que j'ai entrepris, sans avoir attendu ce qui se passe en ce moment, c'est d'aller au contact des français et des élus, en province et en outre-mer, pour expliquer à quel point l'aide au développement est utile à nos concitoyens et à quel point chaque euro dépensé est fructueux, pour nous. les pays européens doivent continuer à parler d'une seule et même voix. saviez-vous que c'est l'europe qui est la 1re contributrice en matière d'aide au développement? ce ne sont pas les etats-unis, c'est l'europe. il faut le faire savoir et continuer à agir pour que l'équilibre, dans le monde, soit gagné.

- judith grimaldi: comment se situe la france, au sein des pays européens? - thani mohamed-soilihi: la france est le pays qui n'abandonne jamais ses convictions, ses valeurs. pour m'être récemment déplacé, notamment à varsovie, dans une réunion des ministres du développement, et encore plus récemment en afrique du sud, lors du sommet sur le financement commun, la france est très attendue. ses propositions sont concrètes, réalistes. depuis 2017, macron réfléchit à la modification de l'architecture financière du développement,

notamment dans le cadre de ce qu'on appelle l'agenda 4p: le pacte de paris pour les peuples et la planète. ces discussions ne datent pas d'aujourd'hui. le président macron appelle les européens et la terre entière à anticiper et à réagir face à tout ce qui est en train de se passer. il remet en question les acquis. il faut qu'on voie ensemble comment nous pourrions mieux affronter les défis qui s'imposent à nous. - judith grimaldi: dans ce bouleversement mondial actuel entre les différentes puissances, quelle est la place de la chine? développe-t-elle une politique d'aide bien comprise? - thani mohamed-soilihi: c'est déjà une grande page que de réfléchir entre européens. dans ce concert international, la chine demande une place, mais il faudra l'assumer en contribuant... mais ça regarde la chine. je préfère me concentrer sur l'europe et la france.

- judith grimaldi: pékin poursuivrait une politique de stabilité, de multilatéralisme... l'aide française au développement concerne notamment les pays africains comme le mali, le niger ou le burkina faso. monsieur le ministre, vous vous rendrez la semaine prochaine au sénégal. qu'attendez-vous de ce voyage? - thani mohamed-soilihi: nous avons un partenariat d'un genre nouveau avec l'afrique, et notamment nos amis sénégalais. la france et le sénégal ont des liens profonds historiques. il convient d'entretenir ces liens dans un partenariat d'égal à égal respectueux, gagnant-gagnant. je vais notamment à la rencontre de collègues du gouvernement sénégalais, à la rencontre de la société civile,

et participer au programme du gouvernement sénégalais, notamment dans la formation des jeunes. ce sont des sujets très importants pour nos 2 pays. - judith grimaldi: des centaines de soldats français sont encore basés sur place. leur départ est prévu pour l'été prochain? - thani mohamed-soilihi: il y a un dialogue entre les deux pays. c'est moins mon sujet que celui de sébastien lecornu, qui s'en occupe parfaitement. - judith grimaldi: merci beaucoup, monsieur le ministre, d'être venu sur france 24. - thani mohamed-soilihi: merci de votre invitation. fin de sous-titrage. sous-titrage en direct eva france st'501