tv [untitled] March 8, 2025 1:00pm-1:31pm CET
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... - judith grimaldi: bonjour à tous. merci de choisir france 24. voici les titres. nous sommes le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes. une journée de mobilisation pour porter des revendications pour l'égalité des droits entre les femmes et les hommes. plus de 80 organisations appellent à des manifestations pour réclamer l'égalité et la justice. nous irons place de la république retrouver notre correspondante, shirli sitbon. invitée dans cette édition, fatima benomar. en syrie, plus de 300 civils alaouites tués depuis jeudi par les forces de sécurité, selon l'observatoire syrien des droits de l'homme. il s'agit des violences les plus meurtrières depuis que les rebelles ont chassé le dictateur bachar al-assad et mis
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en place un gouvernement de transition. des affrontements opposent l'armée régulière aux troupes de l'ancien régime. de nouvelles frappes russes ont fait une trentaine de blessés dans la nuit en ukraine. "les objectifs de la russie restent inchangés", déclaration du président ukrainien volodymyr zelensky. pourtant, pour donald trump, il est "plus facile" de traiter avec la russie qu'avec l'ukraine. c'est le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes. vous allez tout de suite apercevoir des images de manifestations à madrid. une journée de lutte pour l'égalité et contre les discriminations de genre. plusieurs manifestations sont également prévues partout en france, mais aussi à paris. elle partira à 14h de la place de la république à l'appel
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des associations féministes et des syndicats dont la cgt, la cfdt, la fsu-snuipp et sud education. hier soir, une manifestation a déjà eu lieu dans la capitale. quels sont les mots d'ordre de cette journée, shirli sitbon? - shirli sitbon: cette journée existe depuis 1977 dans le monde entier. les droits des femmes sont multiples. nous avons posé la question à des femmes qui réfléchissaient à ce qu'elles allaient mettre sur leurs pancartes. elles m'ont dit que cette année, le mot d'ordre était que la lutte était pour toutes les femmes et contre le racisme, lier les deux luttes: on ne peut pas être féministe et être raciste. il y a toujours le problème des écarts de salaires à poste égal,
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mais également du fait de postes que beaucoup de femmes n'ont pas, de postes à responsabilités souvent confiés aux hommes plutôt qu'aux femmes. il y a une demande en ce sens. egalement pour la sécurité. cette année a été marquée par le procès pelicot, dont on a parlé dans le monde entier, cette femme soumise chimiquement et violée par des dizaines d'hommes, et cela, orchestré par son mari. cela symbolise la lutte contre les violences à l'égard des femmes en général, des femmes qui veulent des décisions de justice plus fermes et une éducation contre cette logique de la violence à l'égard des femmes dès l'enfance. il faut apprendre aux enfants, garçons et filles, que c'est intolérable sur l'ensemble de leur vie. on parle aujourd'hui de reculs en ce qui concerne l'accès à l'avortement dans certains pays. c'est toujours une lutte très importante.
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on pense à d'autres pays où des femmes sont réprimées et où des libertés leur sont arrachées, comme en afghanistan, où les talibans ont dit que les droits des femmes étaient respectés, alors que leurs libertés leur ont été retirées. des femmes dans le monde entier luttent pour des causes communes. - judith grimaldi: merci. bonjour, fatima benomar. vous êtes présidente de l'association coudes à coudes. nous sommes le 8 mars. quelles sont les principales revendications mises en avant cette année, alors que l'on a connu le procès de gisèle pelicot et que s'ouvrent les négociations sur les retraites? - fatima benomar: ce qui m'a choquée, c'est qu'hier, je revoyais un documentaire que j'avais réalisé en 2013. dedans, je mettais des chiffres sur les inégalités et les violences. il y avait déjà le fait que les inégalités entre les hommes
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et femmes en france étaient de 27%, et qu'une femme mourait tous les 2,5 jours sous les coups de son conjoint. on est 12 ans plus tard et on est toujours à 27% d'inégalité salariale, et toujours à une femme qui meurt tous les 2,5 jours... on a eu beaucoup de bla-bla ces dernières décennies, mais très peu de politiques publiques réalisés. en espagne, les violences faites aux femmes ont drastiquement baissé, notamment les féminicides. un des mots d'ordre de cette année, ça a été la grève des femmes dans le travail. aujourd'hui, il y a beaucoup de travail le week-end, notamment pour les femmes. mais aussi la grève de la consommation, des tâches ménagères. c'est un constat: si les femmes s'arrêtent, tout s'arrête. on l'avait vu pendant le covid. les métiers essentiels, dans la santé, dans l'éducation, caissières, femmes de ménage, femmes de chambre, sont parmi les pays les métiers les moins payés
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et les plus exploités, mais pourtant essentiels, sur lesquels tient la société. - judith grimaldi: ceux qu'on a appelés les "travailleurs de 1re ligne" et qu'on a jugés indispensables, vous dites que leur sort n'a pas changé? - fatima benomar: absolument pas. ca fait partie des salaires les plus bas et des contrats de travail les plus précaires: des cdd, des temps partiels imposés... elles auraient voulu travailler à temps plein, notamment dans la grande distribution ou dans le commerce. mais eux préfèrent gérer ça avec des salariés à temps partiel. ca leur coûte moins cher. les politiques pour stabiliser la condition sociale des femmes n'ont pas été faites. 62% des smicards sont des femmes, et sont majoritaires parmi les personnes expulsables de leur logement. la situation des femmes est catastrophique. quand on voit la ligne budgétaire de ce gouvernement, qui retourne
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aux bonnes vieilles recettes de l'austérité, il faut comprendre que quand on baisse l'argent public mis sur la table sur la solidarité, ça veut dire que ce sont les femmes qui vont se remettre bénévolement à s'occuper des enfants et des personnes âgées, parce qu'on ne met pas assez d'argent dans le service public de la petite enfance ou du 4e âge. - judith grimaldi: les aidants familiaux des personnes malades et des personnes âgées sont très majoritairement des femmes... l'avortement a été inscrit dans la constitution en france il y a un an. c'est une protection supplémentaire de ce droit, vu ce qu'on voit se passer actuellement aux etats-unis, voire en europe... - fatima benomar: absolument. on a eu raison d'essayer de marquer ça dans le marbre et d'en faire reparler. on peut s'endormir sur nos lauriers quand on a l'impression qu'un droit est acquis alors qu'il peut très vite reculer. l'espagne était un des pays les plus favorables au droit à l'avortement, or il y a été menacé.
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heureusement, des manifestations ont permis de préserver ce droit. plus de 100 centres ivg ont fermé suite à la restructuration de l'hôpital public en france. on a des droits dans la loi, mais dans la réalité, dans un désert médical, des femmes vont dépasser le délai légal pour avorter car il n'y a pas un centre d'ivg à proximité et que ça prend beaucoup de temps pour avoir un rendez-vous pour avorter. encore aujourd'hui, le planning familial organise des cagnottes pour permettre à des femmes d'aller avorter dans un pays limitrophe où le délai est plus long. ce n'est pas normal quand le droit est inscrit, en théorie. - judith grimaldi: on est très loin de l'égalité dans le travail. où la france se situe-t-elle par rapport aux autres pays européens? - fatima benomar: ca dépend des pays. il y a des pays vertueux qui ont pris cette question à bras-le-corps, notamment les pays du nord,
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comme la suède et la finlande. on a l'impression qu'en france, comme on est un pays "avancé"... il y a une mixité, dans le monde du travail, mais la moitié des femmes françaises travaillent dans seulement 11 des 86 catégories socioprofessionnelles répertoriées par l'insee. elles sont concentrées dans certains métiers, où elles sont extra-majoritaires, comme caissières, vendeuses, femmes de ménage, profs... et elles sont moins rémunérées. dans d'autres pays, il y a une plus grande mixité, car dès le plus jeune âge, on travaille à une orientation qui ne soit pas sujette aux stéréotypes de genre. c'est pour ça qu'on demande ce programme d'éducation contre le sexisme à l'école. c'est pour dire qu'il n'y a pas de genres aux métiers. pourquoi les femmes n'arrivent-elles pas à revaloriser dans les métiers "féminins"? parce qu'on leur dit que faire le ménage, ça ne requiert pas
1:10 pm
de qualifications... je vous confirme que je suis nulle en ménage! si vous ne travaillez pas à une expertise, vous ne savez pas le faire. ca, c'était le plus jeune âge. quand on dit au petit garçon de ne pas ranger car "maman va ranger derrière", on implante dans l'imaginaire des grands patrons que ce n'est pas grand-chose de faire le ménage. "sois bien contente que je te donne un salaire d'appoint." - judith grimaldi: les femmes touchent 40% de moins que les hommes à la retraite... - fatima benomar: on a toujours dit que les réformes des retraites se sont toujours faites aux dépens des femmes. a cause des temps partiels imposés, elles accumulent des carrières plus courtes. quand on allonge la durée de cotisation pour les retraites, qu'on leur demande de cotiser plus d'heures si elles veulent avoir une retraite à taux plein, pour elles, c'est plus compliqué,
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car elles s'arrêtent pour s'occuper des enfants. on demande des politiques dans le monde du travail. par exemple, les entreprises qui imposent le temps partiel côtiseraient comme pour du temps plein. cela les dissuaderait. nous appelons au retour à la retraite à 60 ans et qu'elle soit calculée sur les 10 années les mieux rémunérées dans leur carrière. si elles ont galéré pendant longtemps dans leur vie, forcément, ça impacte le montant de leur retraite. plus les femmes travaillent et sont mieux payées, plus elles cotisent et plus ça renfloue les caisses des retraites, et c'est vertueux. - judith grimaldi: ca renfloue de manière importante... c'est une journée internationale. le gouvernement américain est-il un gouvernement de cow-boys machistes? - fatima benomar: ce qui se passe aux etats-unis est terrible.
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on s'attaque toujours aux plus faibles. c'est pour ça qu'elle disait qu'elle était solidaire des personnes victimes de racisme, par exemple. l'un des décrets qu'a signés donald trump, c'est la recherche d'interdire le mot "femme". on empêche toutes les personnes qui ont fait que je peux aujourd'hui vous donner des chiffres, qui travaillent derrière à "checker" l'état des lieux... si, dans quelques années, on interdit, sous prétexte de lutte contre le "wokisme", d'objectiver la réalité des inégalités, les féministes ne pourront plus vous donner des chiffres. on aura l'impression que tout va bien. ca impacte la condition des femmes. ce sont des positionnements clairement machistes. un homme qui a été condamné pour violences sexuelles a été élu. il y a des questions à se poser. - judith grimaldi: sur l'ivg, c'est au libre choix des etats suite
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à l'arrêt roe v/s wade. - fatima benomar: ca crée des inégalités entre les etats. on sait que quand une femme décide d'avorter, elle le fera dans n'importe quelles conditions. c'est juste les exposer, en plus, à la répression judiciaire. - judith grimaldi: parlons du moyen-orient, en iran et en afghanistan. contre l'intégrisme et l'obscurantisme religieux, c'est un combat qui doit être universel? - fatima benomar: absolument. ce qui se passe en afghanistan peut être comparé à de l'esclavage. les femmes sont emmurées. ce qui se passe en iran, c'est de la répression par la terreur et le chantage. dès que tu veux revendiquer quelque chose, on t'envoie la répression.
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j'ai été atterrée, hier, qu'on essaie de nous interdire de manifester, en france. la question des droits publics est une question qu'il faut préserver. on est solidaires de la condition des femmes dans le monde entier. - judith grimaldi: en afghanistan, elles n'ont plus le droit d'aller à l'école... - fatima benomar: on se demande combien de temps elles auront encore le droit de respirer... nous, les féministes, on a tout de suite dit qu'on avait pas cru, quand les etats-unis sont partis de l'afghanistan et que les talibans avaient dit "on ne s'attaquera pas aux droits des femmes." on avait tous dit: "mon oeil!" malheureusement, la prophétie s'est réalisée. il n'y avait pas besoin d'être des grands génies pour savoir ce qui allait se passer si on leur laissait le large. - judith grimaldi: il faut rester vigilantes, y compris en france. merci d'être venue.
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