... - elisabeth allain: bonjour à tous. merci de choisir france 24. il est 13h à paris, deux heures de plus à damas, où l'autorité de transition annonce le fin de l'opération militaire sur le littoral syrien, 4 jours après le début de violences. le ministère syrien de la défense évoque le "succès" de l'intervention. des combats entre fidèles du régime déchu et forces de sécurité ont fait au moins 1000 morts, dont de très nombreux alaouites. nombreuses condamnations depuis. l'osdh fait état d'exactions, et même de nettoyage ethnique. on va tenter de décrypter ces derniers événements. on retrouvera notre correspondante, dana alboz. et on commentera ces faits avec notre invitée, camille neveux.

au sommaire de cette édition, nous continuerons de tirer le fil syrien en revenant sur la situation avec un grand reporter à france 24. il était à damas dès le lendemain de la chute du régime assad. nous nous demanderons quels risques pèsent aujourd'hui sur la syrie et comment éviter de tomber dans le piège de la guerre civile. rendez-vous à 14h15. le vendée globe, c'est terminé! clap de fin après 117 jours en mer. le "beau" dernier concurrent denis van weynbergh a franchi la ligne d'arrivée hors délai, le samedi 8 mars, aux sables d'olonne. malgré son tour du monde bouclé, le belge n'est pas officiellement classé car il est arrivé un jour après la fermeture de la ligne. on en parlera avec benoît perrochais. la syrie peut-elle rebasculer dans le chaos après plus de 13 ans de guerre civile? 3 mois à peine après la chute de bachar al-assad, la syrie

est secouée par une vague de violences meurtrières. en quelques jours, des centaines de civils, issus notamment de la minorité alaouite, ont été tués. des disparitions dont l'onu dit avoir reçu des rapports "extrêmement inquiétants". l'observatoire syrien des droits de l'homme va même jusqu'à parler d'"exécutions sommaires et d'opérations de nettoyage ethnique". des événements qui mettent en tout cas à mal la promesse d'unité faite par ahmad al-charaa en décembre dernier. a quel point faut-il s'en inquiéter? la nouvelle autorité sera-t-elle en mesure de faire face, ou y a-t-il ici les prémices d'affrontements interconfessionnels plus généralisés? on posera ces questions à camille neveux, ancienne grand reporter au service étranger du "jdd", spécialiste du monde arabe et du moyen-orient, auteur du "verger de damas". on va commencer par vous demander votre sentiment. vous avez des nouvelles du terrain?

votre mari est syrien, et est à damas. est-ce que cela va mieux? l'autorité de transition a annoncé la fin de l'opération militaire sur le littoral syrien. c'est un sujet, à damas, ce qu'il se passe? - camille neveux: oui. les chiffres sont très préoccupants. les gens en ont parlé, dans plusieurs villes, à damas, en banlieue... les gens sont sortis manifester ce week-end pour condamner les exactions de tous les côtés. c'est important. dans les mosquées, vendredi, les imams ont appelé au calme et à la paix. les gens en parlent. il y a toujours une espèce de miroir déformant. en occident, on ne parle que de ça depuis jeudi. ca fait 4 jours qu'on est en boucle. a damas, les gens sont préoccupés par leur vie quotidienne.

en banlieue de damas, il n'y a que 3 heures d'électricité par jour, pas beaucoup de réseaux. "le verger de damas", on l'a écrit ensemble, avec mon mari. ca parle de sa ville natale. il n'y a pas beaucoup de réseau pour se documenter. les gens sont en train de reconstruire leurs maisons, pas à pas. c'est compliqué. il y a des problèmes d'approvisionnement matériel, qui vient de chine entre autres. des gens qui n'ont pas de terrain s'installent de manière sauvage. il y a des bidonvilles. - elisabeth allain: on est dans le temps de la reconstruction. on a envie d'aller plus vite que la musique. on se projette, après 13 années sous le régime assad. votre mari a pu retourner en syrie. il relance des activités sur place qui étaient inenvisageables avant le mois de décembre. ces événements, on n'a peut-être pas aussi envie de s'y arrêter trop, on a envie d'avancer?

- camille neveux: après 54 ans de dictature des assad père et fils, après la guerre civile, les gens ont envie de passer à autre chose et veulent que ça se passe bien. c'est pour ça qu'il y a des condamnations. ce qui se passe ne surprend pas les syriens. après 54 ans de dictature, comment voulez-vous passer directement à une démocratie? le scénario était prévisible. quand bachar al-assad a quitté le pays, le 8 décembre 2024, il a emmené son clan extrêmement proche. certains soldats loyalistes pro-assad ont rendu les armes et ont réintégré l'armée d'ahmed al-charaa. d'autres ont disparu. ces gens étaient cachés. on se doutait qu'ils allaient ressortir un jour. c'est ce qu'on a vu avec ces exactions. en février, des accrochages avaient déjà eu lieu. c'était planifié, de grande ampleur.

ca arrive au mois de mars, un mois important pour les syriens, car c'est le mois de la révolution. le 15 mars, on fête les 14 ans de la révolution. on ne parle que des exactions, et plus du tout de démocratie ou de retour à la paix. - elisabeth allain: on va se remémorer et voir de nouveau, pour ceux qui l'avaient manqué ce week-end, ces images d'une extrême violence. 4 jours d'affrontements. tout est parti de ces groupes pro-assad qui ont sévi sur le littoral syrien. résumé en images. - comme si rien ne s'était passé... dimanche, dans les rues de lattaquié, les commerçants ont repris leur activité. face aux caméras, on minimise les violences des jours précédents. - le travail se passe très bien, même si les affaires ont été moins bonnes avec ce qui s'est passé ces derniers jours à lattaquié. tout est redevenu normal grâce aux forces de sécurité et grâce à dieu.

- jeudi, une attaque sanglante de partisans du président déchu bachar al-assad contre des forces gouvernementales a mis le feu aux poudres près de cette ville de lattaquié, berceau de la minorité alaouite de syrie, une branche de l'islam chiite dont est issu le clan de l'ancien dictateur. le nouveau pouvoir à damas a envoyé des renforts. des témoignages font état d'exactions de la part d'hommes portant des uniformes officiels, ciblant principalement des alaouites, mais aussi des chrétiens, selon le patriarche orthodoxe d'antioche, en turquie voisine. des fosses communes ont été découvertes. aucun bilan officiel, mais les victimes pourraient se compter par centaines. des observateurs notent que les nouvelles autorités continuent de s'appuyer sur des djihadistes, qui considèrent les alaouites et d'autre minorités comme des "ennemis de dieu". a damas, le président par interim, lui-même ancien chef d'un groupe sunnite islamiste radical, a promis que toute la vérité serait faite et que justice serait rendue.

- ahmed al-charaa: nous demanderons des comptes, sans clémence, à quiconque a été impliqué dans le bain de sang de civils ou a porté préjudice à notre peuple, ou a outrepassé les pouvoirs de l'etat pour atteindre ses propres objectifs. - ces évènements interviennent alors qu'ahmed al-charra cherche à doter son gouvernement d'une "respectabilité" sur la scène internationale. symbole de la fragilité du pays, les forces de sécurité sont intervenues à damas pour disperser un sit-in de protestation contre les tueries, après l'irruption d'une contre-manifestation réclamant un "etat sunnite", émaillée de slogans hostiles aux alaouites et même aux sionistes. - elisabeth allain: vous me disiez que tout cela était prévisible et attendu. dès la chute du régime assad, en décembre, on s'attendait à une chasse aux alaouites. est-ce qu'on est en mesure de dire que les alaouites ont été

précisément ciblés? on est au temps de l'enquête? - camille neveux: ahmed al-charaa a appelé à une commission d'enquête, et à ce que les criminels soient jugés de tous côtés. pendant 54 ans, la syrie était un pays où on était sociabilisé à la violence. ca commençait à l'école. on vous donnait des coups de bâton quand vous n'écoutiez pas. les enfants et les adultes ont été biberonnés à la propagande. on a une transition qui arrive de façon soudaine, avec le départ de bachar al-assad. ca va prendre énormément de temps de changer tout ça. quand je vois les images de ces exactions, ce qui me vient en 1er, c'est "socialisation à la violence". comment changer les mentalités? c'est compliqué, de la part des pro-assad qui ont lancé cette espèce de contre-offensive, et on pense

qu'il y a derrière la main du frère de l'ex-président, qui dirigeait, et peut-être toujours, la 4e division blindée... je pense qu'il est à la manoeuvre. c'est compliqué pour bachar al-assad, exilé en russie et parti en laissant tout derrière lui... il a laissé son frère, et a demandé à son armée d'aller combattre. s'il y a un indice très parlant, un général pro-assad a lancé un conseil militaire au moment de ces exactions. il y a une volonté de la part des pro-assad, qui sont sur place et qui sont armés, de reprendre la main. - elisabeth allain: la question de ce qu'on fait de ces hommes est cruciale. qui leur tend la main?

qui leur propose quelque chose? - camille neveux: ahmed al-charaa a demandé à tous les combattants pro-assad de déposer les armes. c'était en décembre. il y en a qui le font, il y en a qui refusent et qui ont disparu, notamment des généraux, des hauts gradés qui sont dans la nature. certains ont été arrêtés. on ne sont pas où ils sont et comment ils sont traités. c'est inquiétant, de la part du nouveau pouvoir. il y en a qui sont dans la nature. ces gens ne vont pas rester silencieux. ils sont encore en syrie. il est possible qu'on assiste de nouveaux à des exactions. l'enjeu va être de voir comment ahmed al-charaa gère ça. jusqu'ici, il a été très préoccupé par la volonté de réinscrire la syrie dans l'ordre international, avec ses voisins, la jordanie... - elisabeth allain: il est tourné vers l'extérieur, pas sur les questions internes... - camille neveux: il a besoin de la levée des sanctions. les gens ont besoin de manger. il faut faire tout en même temps.

il faut gérer le sud, où israël veut créer une zone tampon et démilitarisée, à la manière de ce qui s'est fait au sud-liban, parce que le pays a peur que la situation dégénère. il y a le problème des kurdes, qui n'est pas traité. il y a les druzes, qui demandent plus d'autonomie. des dossiers tous plus cruciaux les uns que les autres sont sur la table. - elisabeth allain: beaucoup de sujets pour un seul homme, dont la bonne foi est mise en doute régulièrement, et va peut-être l'être encore plus après ce qu'il s'est passé ce week-end. on parle d'exactions, de nettoyage ethnique... le directeur de l'osdh était sur notre antenne, sur la chaîne arabophone. il n'y a pas de bilan officiel. on parle d'environ 1000 morts. certains parlent de 1400. - 973 civils appartenant à la communauté alaouite ont été tués dans au moins 39 massacres, perpétrés dans plusieurs zones

des campagnes de lattaquié et d'autres villes. nous avons documenté le dernier massacre, survenu avant-hier dans un village. concernant les opérations militaires, nous ne pouvons pas confirmer si elles sont terminées, ou seulement suspendues, car les nations unies visitent la côte syrienne, pour enquêter sur ce qui semble être un nettoyage ethnique et un génocide, qui se déroule en direct, et est documenté par ceux qui le perpétuent. - elisabeth allain: on retrouve dana alboz à damas. un mot sur ce qui s'est dit ici. il y a plusieurs leçons à en tirer. on ne sait pas combien de personnes ont été tuées, ni ce qu'est le moteur. - camille neveux: du côté des combattants pro-assad,

ce seraient plutôt des gens pilotés par la 4e division, ou autre. on voit d'anciens pro-assad qui étaient cachés dans ces montagnes, dans la ville et qui sont passés à l'action. en face, il semblerait qu'on ait des combattants de l'armée nationale syrienne, qui a combattu bachar al-assad et a participé à sa chute. ce seraient ces éléments les plus extrémistes qui auraient réagi à cette attaque des loyalistes pro-assad. il y aurait des étrangers d'asie centrale. cela semble échapper au contrôle d'ahmed al-charaa. c'est inquiétant. il a aussi le problème d'une armée de 20 000 à 30 000 hommes. ce n'est pas énorme. 70 à 80% des infrastructures militaires ont été détruites par israël. ils se retrouvent ainsi face à une situation compliquée. comment reprendre le contrôle? ce que je trouve positif, si je puis le dire ainsi, c'est qu'on puisse enquêter. il faut qu'on sache ce qu'il s'est passé et que les associations,

l'onu et différents acteurs puissent se rendre sur place et enquêter, pour faire la lumière sur ce qu'il s'est passé. - elisabeth allain: la délégation de l'onu est arrivée sur place. ce qu'on voit et qu'on entend nous révèle une autorité de transition très fragile, à plusieurs niveaux. ces hommes qui ont été envoyés en renfort, on ne sait pas quelles intentions les motivent... - camille neveux: ceux envoyés pour arrêter les exactions? normalement, l'armée que dirige ahmed al-charaa obéit aux ordres. je ne pense pas qu'ils aient commis les exactions dont on parle. mais on ne le sait pas. il faut voir ce qu'il se passe. - elisabeth allain: on retrouve dana alboz à damas. dana, vous nous écoutez depuis tout à l'heure. les autorités de transition ont annoncé la fin de l'opération militaire et parlent de "succès". l'osdh est incapable de dire que le calme est revenu de façon

durable. pouvez-vous le dire depuis damas? - dana alboz: un calme fragile commence à revenir dans les villes de tartous et lattaquié, dans l'ouest de la syrie. les forces de l'ordre mènent des opérations pour poursuivre les loyalistes à l'ancien régime, dans des villages et des montagnes, dans des zones difficiles d'accès. la peur règne parmi les habitants de ces villages. ils ont peur d'être persécutés ou poursuivis. il y a eu beaucoup de cas de violences et de meurtres dans ces villages. beaucoup de civils ont été tués. ils étaient en train de fuir leurs maisons, par peur d'affrontements violents. il y a eu aussi plusieurs cas de pillages dans ces villages. - elisabeth allain: la peur dans ces régions victimes de violences pendant tout le week-end. la peur aussi à damas, je crois?

- dana alboz: bien sûr. ce sont les événements les plus violents qu'a connus la syrie depuis la chute du régime, en décembre dernier. ils alimentent la peur et l'épuisement du peuple syrien, sortant de 14 années de guerre. hier, il y avait un sit-in à damas. ca a été tendu. les forces de l'ordre ont dispersé le rassemblement. des syriens craignent que cette vague de violences se propage dans d'autres régions, notamment dans le sud ou le nord-est. il y a beaucoup d'inquiétude sur la nouvelle administration, si elle va pouvoir faire face à des défis majeurs, pour contrôler la situation sécuritaire et économique qui épuise le peuple syrien. - elisabeth allain: merci, dana alboz, en direct de damas.

le risque de contagion vous paraît réel? ou est-ce trop tôt pour le dire? - camille neveux: c'est trop tôt. c'est possible qu'il y ait de nouveaux affrontements sur la côte, là où sont les anciens fiefs des pro-assad. a damas, dans sa banlieue, homs, alep, c'est compliqué. après, on ne sait pas... les syriens ne veulent pas que les alaouites soient pris pour cibles. les gens veulent vivre ensemble... - elisabeth allain: parmi les victimes, il y a aussi des chrétiens. - camille neveux: on voit sur les réseaux sociaux que ce sont des massacres perpétrés de manière intentionnelle contre les chrétiens. mais il faut faire attention, il y a beaucoup de désinformation. il est important que des organes indépendants et sérieux enquêtent sur place. - elisabeth allain: il y a de nombreuses images que l'on reçoit et que l'on décide de ne pas diffuser, car elles n'ont pas pu être vérifiées.

on est dans un temps extrêmement court. il va falloir du temps pour déterminer ce qu'il s'est passé pendant ces 4 jours. - camille neveux: oui. ce qui est positif, c'est qu'aujourd'hui, des journalistes puissent exercer leur métier en syrie. des journalistes étrangers... ca change tout. les journalistes vont faire leur travail, comme les ong. on va avoir plus d'informations sur ce qu'il s'est passé. on va avoir des témoignages qui vont être recueillis, de gens, de combattants... le travail des journalistes est important. - elisabeth allain: cette spirale de violence reste-t-elle un cas isolé? il y a beaucoup d'espoir, dans ce que vous dites. vous partagez votre vie avec un syrien. j'imagine que vous voulez croire que la syrie a une chance de se reconstruire, de prendre ses distances vis-à-vis de cette violence. si ça venait à se multiplier, ce serait un risque et un défi majeur pour la nouvelle autorité. elle vous paraît en mesure de faire face? - camille neveux: ce qui est très inquiétant, c'est

que les pays voisins, pro-bachar al-assad, comme l'iran ou le hezbollah libanais, se frottent les mains de ce qu'il se passe. on ne sait pas s'ils sont impliqués... - elisabeth allain: l'iran a démenti toute implication dans les événements. c'est louche? - camille neveux: oui. s'ils ne sont pas impliqués directement, ils se frottent les mains de ce qu'il se passe. une réunion est prévue à l'onu. ce n'est pas une bonne nouvelle pour la syrie, car il y aura les etats-unis. les déclarations du secrétaire d'etat, marco rubio, condamnent les djihadistes. il ne parle pas des groupes pro-assad qui sont à l'initiative des affrontements. au niveau international, il y a quelque chose à jouer. les syriens ne sont pas forcément tous pro-ahmed al-charaa.

dans les villes, les gens font des blagues contre lui... les gens sont conscients de son passé et d'où il vient. ils savent qu'ils n'ont pas le choix, ils doivent lui laisser une chance. c'est la seule personne capable de les amener vers un chemin de paix, qui sera forcément long et semé d'embûches. dans les manifestations organisées ces derniers jours, les gens sont venus soutenir l'etat, pas le président. - elisabeth allain: c'est une nuance importante... - camille neveux: surtout dans un pays comme la syrie. avant, l'etat, c'était bachar al-assad. la maturité des syriens est impressionnante. je reste optimiste. il y a un chemin possible vers la paix qui sera long et semé d'embûches, mais qui sera possible. les citoyens sont responsables, et ne vont pas laisser la situation dégénérer en guerre civile. comme le disait dana alboz, les gens sont épuisés. - elisabeth allain: la commission d'enquête fait partie des choses importantes.

il faut faire la lumière sur ce qu'il s'est passé et traduire en justice ceux qui y ont pris part... - camille neveux: oui. il faudra aussi voir les moyens alloués à cela. combien d'enquêteurs sont disponibles? comment sont-ils formés? comment les juger? le président al-charaa a formulé de belles paroles. on verra comment ce sera traduit en actes. - elisabeth allain: le principal défi, pour la syrie, demain, ça va être quoi? - camille neveux: je pense que ça reste la reconstruction et la vie de tous les jours. voir comment les gens mangent, comment ils ont accès à l'électricité, comment ils vont à l'école... il y a une zone où il y a deux écoles de filles pour des milliers d'habitants. comment les enfants s'instruisent-ils? comment les sortir de la spirale de violence et de propagande que je vous ai décrite? si les enfants ne peuvent pas aller à l'école, c'est compliqué.

il y a un problème d'accès au logement. les prix des loyers ont flambé. ca peut paraître étonnant, mais à damas, se loger est extrêmement cher. les associations, depuis le 8 décembre, reviennent. elles cherchent des bureaux, mais les loyers flambent. pour 1000m2, un loyer coûte 200 à 300 dollars, pour un salaire mensuel moyen de 50 dollars. les gens sont dans des problèmes très basiques de survie, de comment se loger et éduquer les enfants. - elisabeth allain: la nouvelle autorité s'est beaucoup concentrée à communiquer sur ses intentions auprès des acteurs étrangers. avez-vous le sentiment que ces marqueurs forts, comme l'éducation, l'économie ou l'emploi, les sujets concrets

pour les syriens, sont une priorité pour cette autorité? - camille neveux: visiblement, ce n'est pas la 1re. les gens qui reconstruisent le font eux-mêmes. il n'y a pas d'organisation. il n'y a pas d'argent. sans lever de sanctions, c'est compliqué pour le pouvoir. c'est le serpent qui se mord la queue. c'est difficile, pour le pouvoir intérimaire, de participer à la reconstruction. les municipalités s'organisent au niveau local. il y a des villes où les gens qui sont à la manoeuvre demandent aux expatriés à l'étranger, les réfugiés et la diaspora, de venir reconstruire sa maison pour faire repartir l'économie. ca part des gens, pas du nouveau pouvoir. tant que les sanctions ne seront pas levées, le pouvoir intérimaire ne pourra rien faire. il faut qu'il montre patte blanche au niveau des autorités voisines et de l'occident. ce qui s'est passé, avec les exactions, complique extrêmement la donne pour ahmed al-charaa. c'est un peu fait exprès.

- elisabeth allain: merci d'avoir été avec nous. on va suivre avec beaucoup d'attention ce qui va se passer après ces 4 jours de violences et la commission d'enquête. on verra sur quoi elle débouchera. on va y revenir avec james andré, grand reporter à france 24. ce sera le sujet à 14h15.