N° 499 8 €
>> LE CV DE « BRIGITTE » (sume) (p.2)
>> QUELE PROF ÉTAIT « BRIGITTE »
[Er quel AÊVE Étar Macron?) (p.3)
>> MACRON ET
L'HOMOSEXUALTÉ (p.6)
>> LA LÉGENDE
DE L'ÉCRIVAIN MACRON (p.8)
>> Macron AVANT Beere (p.9)
FAITS & DOCUMENTS
LETTRE D'INFORMATIONS CONFIDENTIELLES FONDÉE PAR EMMANUEL RATIER
ENQUÊTE LE MYSTÈRE BRIGITTE MACRON
Après notre plongée dans les coulisses de l'Élysée, voici la suite de notre
enquête exclusive sur « Brigitte », premier vrai portrait non autorisé de ce
personnage aussi intrigant qu'influent. Comme il en fallait pour tout le
monde, l’enseignante catholique de droite à l’érudition littéraire classique
fut en même temps présentée en prof « pin-up en mini-jupe » faisant saliver
les garçons en pleine puberté... Et si, comme pour sa rencontre avec
« Emmanuel » et ses diplômes, tout était bidon?
« Thérèse, vous êtes sûre que Proust était
homosexuel !? »
Pierre Mortez, Le Père Noël est une ordure,
1982.
« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup!»
Martine Aubry, RTL, 13 octobre 2011
KKK
« Mon mari, addict au travail, est un
chevalier, un personnage d’une autre planète
qui mêle une intelligence rare à une humanité
exceptionnelle. Tout est à la bonne place
dans sa tête. C’est un philosophe, un acteur
devenu banquier et un homme politique, un
écrivain qui n’a encore rien publié. Et moi je
garde ses manuscrits. »
Brigitte Macron, Paris Match, 14 avril
2016.
« En réalité le couple fonctionne à front
renversé de l’histoire officielle : ça n’est
pas “Brigitte qui adoucit Emmanuel”,
comme le chromo désuet vendu aux médias
laisserait l’entendre, mais plutôt la première
dame qui apprend au président comment
être sans états d'âme dans les moments
cruciaux. L’affectif c’est Emmanuel, la
dure c’est Brigitte. »
La Politique est un métier, dans les coulisses
de la machine élyséenne, Michaël Darmon,
Humensis, 2019.
« Il ne fait rien sans lui demander son avis.
Du recrutement d’un collaborateur au choix
d’un costume ou d’une coupe de cheveux. »
L'Obs, 1° septembre 2016.
« On n’en saura pas plus. Ils n’en diront
pas plus. Le storytelling est bien cadré. Et
il n’est pas question de chercher à en savoir
plus, sauf à torturer certains de leurs intimes.
Ils ont bien construit ce roman familial. »
Brigitte Macron, un roman français,
Virginie Linhart, France 3, 2018.
« Emmanuel Macron est insaisissable.
Multiple. Déterminé à ne donner que ce
qu'il veut de sa part d’intime mais à exposer
généreusement ce qu’il désire mettre en valeur.
Personne ne le connaît vraiment. Il a peu
d'amis. “Emmanuel a besoin de tout le monde
et de personne. On ne rentre jamais dans son
périmètre. Il les met à distance”, assure sa
femme. [...] Une histoire personnelle mise au
service d’une ambition évidente. Quitte à être
un peu retouchée. Magnifiée ».
Un Jeune homme si parfait, Anne Fulda,
Plon, 2017.
« Je n’exhibe pas ma vie intime. La seule
fois où j'en ai parlé, c’est dans mon livre et
je l’assume. »
Emmanuel Macron, C à vous, France 5, 24
novembre 2016.
« En novembre 2019, deux hommes que rien
ne rassemble, sauf leurs liens avec Macron,
déjeunent ensemble. Alain Minc et Philippe
Grangeon. Le spécimen de l’élite à la française
et le militant de la deuxième gauche. Les
deux ne sont pas d’accord sur grand-chose,
sauf sur un point : s’il arrivait quelque chose à
Brigitte, Emmanuel dévisserait. .. »
Président cambrioleur, Corinne Lhaïk,
Fayard, 2020.
du 15 juin au 15 juillet 2021 FAITS & DOCUMENTS
ENQUÊTE
Le CV de « Brigitte » (suite)
Sans aucun diplôme pour enseigner au lycée, et après trois
années sabbatiques la séparant d’un précédent poste où son
passage avait été marqué par un détournement de mineur,
« Brigitte » devient donc, à la rentrée 2007, professeur de
lettres à Saint-Louis-de-Gonzague, le plus prestigieux lycée
privé de la capitale qui accueille la progéniture du gratin du
gotha... « Brigitte » a-t-elle bénéficié d’un piston pour en
arriver là ?
Par déduction, on pense immédiatement au cursus de son
époux et à son accession à l’« Inspection ». Plaçant ses rejetons
à « Franklin », ce réseau très implanté dans l’établissement
aurait parfaitement pu pousser au recrutement de l’épouse de
l’un des leurs. Aussi son arrivée intervient-elle parallèlement
à la nomination d’Emmanuel Macron comme rapporteur
adjoint de la Commission Attali. Étrangement, l'hypothèse
d’un recrutement de « Brigitte » rendu possible par la carrière
de son époux n’a pas été évoquée ni même sous-entendue et
la question n’a jamais été posée au couple présidentiel.
Quand survient le recrutement à « Franklin », le couple
n'hésite plus à s’afficher en public. Jusqu'à très récemment,
il était entendu qu'Emmanuel Macron avait présenté
« Brigitte » à ses condisciples de l'ENA pour la première fois
en septembre 2006. Ce dévoilement de sa vie privée s'était
produit en Bourgogne, au Clos de Vougeot à l’occasion du
mariage de deux « Senghor », Sébastien Veil (petit-fils de
Simone Veil, connaissance d’ Emmanuel Macron au moins
depuis Henri-IV, devenu banquier chez PAI Partners et
membre, aux côtés de Marc Schwartz et de Dorothée
Stik du pôle « Culture et Média » d’En Marche !) et Sibyle
Petitjean (nommée PDG de Radio France en remplacement
de Mathieu Gallet).
Mais dans les biographies plus récentes, ces présentations
remonteraient cette fois au mariage d’un autre Senghor,
Aurélien Lechevallier (cf. Les Grands fauves, F&D 494 et
495) avec Monica Vasquez Osorio : « Le mystérieux Amiénois
attendra la fin de leur formation et le mariage d’Aurélien
Lechevallier, en 2004, pour présenter Brigitte à ses amis »
(Macron, Vérités légendes, Arthur Berdah, Perrin, 2021).
Toutefois, nous remarquons dans la notice fournie par le marié
au Who's Who que l’heureux événement est daté du 25 octobre
2003, soit six mois avant la fin de la formation à l'ENA. Du
plus significatif au plus anecdotique, le moindre épisode de la
biographie de Brigitte et d’ Emmanuel Macron a été écrit puis
réécrit, charriant à chaque fois son lot d’incohérences…
Quoi qu'il en soit, « Brigitte » quitte Franklin en juin 2015 pour
se consacrer pleinement aux activités ministérielles d Emmanuel
Macron et au lancement de sa campagne: « Michel Sapin et
Christian Eckert font leurs calculs : au total, selon eux, vingt-
cinq personnes travaillent alors en coulisse à la destinée de
leur cadet si pressé. Lorsque le couple quittera les lieux, ils
découvriront un e-mail imprimé avec la liste exhaustive de tous
les noms » (Madame la Présidente, Nathalie Schuck et Ava
Djamshidi, Plon, 2019.). Dans ce mélange des genres assumé
(mais qui aurait valu à n’importe qui d’autre une campagne de
dénigrement dans la grande presse), les Macron multiplient les
réceptions à Bercy (éditorialistes, show-business, etc.) n’hésitant
pas à organiser plusieurs réceptions chaque soir: « Outre
l appartement privé, tous les espaces du 7° étage de Bercy, qui
regroupent les salles de réunion et de réception du ministère,
étaient mis à contribution simultanément. Une stratégie qui
permettait à Brigitte et Emmanuel Macron de prendre l’apéritif
dans une réception au ministère, de débuter un premier dîner plus
officiel avec d’autres convives au 7° étage, puis d’en poursuivre
un second à l'appartement! Un double dîner, en somme. [...]
En 2016, pendant les huit premiers mois, les crédits de l’année
entière ont été consommés en frais de représentation ! ». Sur
les deux derniers mois précédant la démission d’Emmanuel
Macron, plus des trois quarts des frais engagés par les cinq
membres du gouvernement hébergés à Bercy étaient imputables
aux seuls Macron (cf. L'Express, 16 novembre 2016, Dans
l'enfer de Bercy, Frédéric Says et Marion L’Hour, JCLattès,
2017 et Un Ministre ne devrait pas dire ça..., Christian Eckert,
Robert Laffont, 2018). « Il est question de tout sauf de politique à
moins que quelque hôte n’en ait fait la requête. Brigitte s’attarde
parfois sur l’un de ces repas sans âme auquel elle a dû consentir :
“On a dîné avec untel l’autre soir, c’était d’un ennui ; on préfère
vraiment être avec vous !” » (Les Macron, Caroline Derrien et
Candice Nedelec, Fayard, 2077).
Quelle prof était « Brigitte » ?
(Et quel élève était Macron ?)
Nous l’avons vu, pour faire accepter au grand public une sordide
histoire de détournement de mineur, les communicants d’ Havas
ont, dans un premier temps, redistribué les rôles en donnant
celui de l’actif à l’adolescent et celui du passif à son profes-
seur de théâtre. Dans le storytelling récité par « Brigitte » face
caméra dans La Stratégie du météore (France 3, 21 novembre
2016), le «je reviendrai et je vous épouserai » d’Emmanuel
Macron fait écho à la description d’un élève « toujours avec les
profs », qui « n’était pas un ado », « n’avait jamais respecté ces
échelles d’âges », ayant ainsi « vaincu toutes mes résistances,
une par une, avec patience », dixit « Brigitte ». Deux mois avant
l'élection présidentielle, on retrouvera cette présentation des
faits sous la plume de Caroline Derrien et de Candice Nedelec :
MEMOIRES : Nous publierons les témoignages de Caroline Lehmann, Jeannette Laurent, Cynthia
Gassner-Leininger et Anne Rech-Seners ainsi que le témoignage de Mme Elisabeth Perrin
(responsable d'internat) Dans le Bulletin 2018 pourrait être publiés des souvenirs des voyages
scolaires, échanges, Coménius etc Sœur Lina Braun nous a promis ce jour de rédiger ses
souvenirs (avec laide de sœur Danielle). Nous essayerons aussi d'entrer en contact avec
Madame Macron qui a enseigné sous le nom de Brigitte Auzière dans les années 90.
AUJOURD'HUI :
-les activités et projets de l'établissement scolaire
- récits et souvenirs de voyages et classes vertes (Martine D)
- les activités de l'aumônerie (Eric S.)
La lecture du Bulletin des Anciens et des Amis de Lucie Berger
(2017), l'établissement présenté comme ayant vu débuter la carrière
de « Brigitte », montre que ce professeur si « solaire » n’a pas
laissé un souvenir impérissable. En effet, alors qu'elle aurait quitté
l'établissement en juin 1991 — nous dit sa biographie officielle — on
lit qu'elle y a enseigné « dans les années 1990 ». Nous ignorons
si les anciens de Lucie Berger ont retrouvé la « Brigitte Auzière »
qu'ils cherchaient alors à contacter.
FAITS DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021
ENQUÊTE
« M™ Macron redit combien il a fallu « cheminer dans sa tête »,
confrontée à cet adolescent de l’âge de ses enfants. Ce qu’elle
répète inlassablement. “M™ Auzière n’avait absolument pas le
profil à déraper avec un élève. Il n’y avait jamais la moindre
ambiguïté” observe Nicolas, un élève aujourd’hui trentenaire »
(Op. cit.).
Mais ce récit s’est depuis largement effrité quand fut peu
à peu admise l’impossibilité d’attribuer l'initiative à un
adolescent de 14 ans, effacé qui plus est: « “Il [Emmanuel
Macron] a toujours aspiré à la lumière, confirme son ancien
directeur de campagne Jean-Marie Girier [NDA: jeune
franc-maçon homosexuel des réseaux lyonnais de Gérard
Collomb, promu préfet du Territoire de Belfort]. Toujours ?
Les témoignages corroborant cette thèse sont rares. Car les
longs compagnonnages d’Emmanuel Macron se comptent sur
les doigts de la main » note Arthur Berdah du Figaro (Op.
cit.). Le 23 janvier 2015, Le Parisien rapportait qu’à Henri-[V,
Emmanuel Macron « reste en retrait. Insaisissable. “Tl cultivait
une part de mystère, une vie parallèle dont on ne savait rien”.
[...] Personne ne lui connaît d’ami proche parmi ses quarante-
huit condisciples. [...] “Il avait un côté caméléon très frappant,
note Jean-Baptiste de Froment” ».
Dans la même veine, Sylvie Bommel explique que « le garçon
que certains décriront plus tard si “charismatique” à l’instar
d’un responsable de stage lors de ses années à l’ ENA, est en
réalité un solitaire », qu’il « ne fédère pas dans son sillage ».
Elle dépeint un lycéen «assez seul», «peu socialisé »
avec «si peu d’amis très proches », apparaissant comme
« toujours un peu ailleurs ». Quant à « Brigitte » que la geste
macronienne présente comme une « prof exceptionnelle »,
«faisant l’unanimité» (Brigitte Macron. L'Affranchie,
Maëlle Brun, L’ Archipel, 2018), elle finit par se trahir face
à Pierre Hurel en dévoilant sa détermination: « Quand je
décide quelque chose, je le fais parce que sinon c’est fini »
(La Stratégie du météore).
La contradiction étant flagrante, et le rôle de l’actif ne
pouvant plus revenir au mineur isolé, il fallait donc raconter
l’histoire d’une « Brigitte », active certes, mais ô
combien désirable. En séduisant « Brigitte », le « petit
Macron » aurait ainsi assouvi le fantasme de tout
garçon travaillé par la puberté ayant croisé sa route.
Et comme les communicants en ont fait des tonnes,
la jeune mère de famille qui avait résisté au charme
d’un élève charismatique, s’est muée en professeur au
comportement pour le moins déplacé...
«Le matin, les Macron et les Sapin se croisent
dans l’ascenseur qui dessert les appartements privés
[NDA : à Bercy]. On se salue poliment, on se promet
d'organiser un dîner entre voisins qui n’aura jamais
lieu. Surtout, le cabinet de Sapin, situé au sixième
étage, donne sur l’entrée du logement des Macron.
Régulièrement, ses conseillers observent des landaus
devant la porte, une trottinette, les petits-enfants de
Brigitte. Parfois. c’est elle qui escorte des élèves du
lycée Franklin où elle enseigne encore » (Madame
la Présidente). « C’est cette prof cool qui invite les
élèves à boire l’apéro [sic] le vendredi soir, qui se fait
tutoyer » (Brigitte Macron. L'Affranchie).
du 15 juin au 15 juillet 2021 FAITS DOCUMENTS
ENQUÊTE
Pour les communicants, il s’agit là de faire passer deux idées :
la première est que, de tout temps, « Brigitte » a reçu des
lycéens chez elle. La seconde est de présenter « Brigitte »
comme un objet de désir masculin. Emmanuel Macron serait
donc simplement celui qui est allé au bout. Voici raconté le
nouveau scénario mis au point au travers de quelques descrip-
tions du professeur « Brigitte ».
— Les Macron, 2017 : « “ Ah ! Brigitte, elle était vraiment très
chouette ”, glisse une ancienne collègue de lettres qui arpente
le lycée depuis 30 ans, esquivant toutefois l’évocation de cette
dangereuse liaison avec le jeune Macron. “Tous les lycéens
étaient amoureux d'elle”, lâche spontanément Frédéric, de la
même promo qu’ Emmanuel. “Petite, j'étais même jalouse de
tous ces élèves qui lui écrivaient ou l’ appelaient à la maison”
confie sa benjamine Tiphaine ».
— Brigitte Macron. L'Affranchie, 2018 : « “Son but en cours
n’était pas de déverser un savoir, mais de créer quelque chose
de passionné, de passionnant et de participatif. C’est quelqu'un
avec qui l’on pouvait discuter de tout” [...]. “Elle n’avait pas
une manière totalement académique d’enseigner. Elle avait
compris qu’elle devait dépoussiérer la littérature, et elle y
injectait donc de la modernité en multipliant les parallèles
avec notre époque. Elle se servait pour cela de l'actualité, de
sa vie ou de la nôtre. Elle savait en effet beaucoup de nous:
les gens se confiaient facilement à elle”. [...] Car le charme
de la prof agit indéniablement sur son auditoire. “Sur les
garçons particulièrement, je pense!” [...] L’élégance de
celle qui n’écrirait qu'avec un porte-craie ne laisse pas les
ados indifférents. “En début de carrière, elle était déjà très
coquette, poursuit son collègue. C’est un effort que les élèves
appréciaient.” L’un d’entre eux s’en souvient avec émotion.
“Nous étions plusieurs à avoir craqué ! explique cet ancien de
La Providence. L’année où je l’ai eue en français, j'étais très
attentif, je dois dire !”. “Il y avait un échange particulier avec
les garcons, une forme de séduction, en tout bien tout honneur,
reprend Claire Pasquier. Il y avait de bonnes vibrations dans
sa classe et beaucoup étaient charmés”. Un engouement dont
SPIEGEL
4 iš
un des plus anciens clichés de « Brigitte » adulte connu,
cliché dévoilé une seule et unique fois en 2018 sur France3, |
dans le documentaire Brigitte Macron, un roman français.
Où est passée la « pin-up » en « mini-tailleur » ne « faisant |
pas son âge » qu'on nous avait vendu ? |
PORN SUIS Ne Per EEE
|
Comme une image vaut mieux qu'un long discours, voici
|
sa fille Tiphaine elle-même témoigne. L’avocate admet avoir
été “jalouse de tous ces élèves qui lui écrivaient ou l’appelaient
à la maison”. Certains venaient même dîner chez les Auzière,
bouquet de fleurs à la main. Pour Brigitte, l’enseignement ne se
cantonne pas aux salles de cours ».
— Brigitte Macron, un roman français, 2018 : « Le 1° jour,
quand elle est arrivée sur des talons de 4-5 cm avec un slim en
cuir, elle dénotait par rapport aux autres professeurs. »
— Il venait d’avoir 17 ans, 2019 : « Printemps 1993, “Quarante
ans ? Mais c’est vieux !”. Le mardi 13 avril, la classe de Brigitte
n’en revient pas d'apprendre que la prof de français fête
aujourd’hui son entrée parmi les quadragénaires. Elle paraît
si jeune avec ses jupes courtes et ses manières décontractées.
[...] Sur le fond, elle respecte scrupuleusement le programme
mais sur la forme, elle s’écarte des sentiers battus. Dès le jour
de la rentrée, M"° Auzière devient Brigitte pour ses élèves.
On a le droit de l’interrompre et de la tutoyer. Elle incite
ceux qui s'expriment à appuyer leur raisonnement sur une
expérience personnelle. Ou, encore mieux, à faire l’inverse,
partir de leurs émotions pour arriver à l’analyse. Elle-même
n'hésite pas à se confier parfois. Le cours de français prend
des allures de groupe de parole. Résultat: M™° Auzière est
adulée par ses élèves. [...] Pour capter l’attention des plus
dissipés. l’enseignante dispose d’un autre atout, moins
académique: ses jambes, mises en valeur par des jupes très
courtes. Brigitte n’a pas attendu d’être première dame pour
accorder grand soin à son apparence. “Elle était agréable à
regarder, pas seulement à écouter. Toujours bien coiffée,
maquillée et parfumée”, se souvient un élève. Les garçons
sont séduits, les filles la prennent pour modèle. »
— Deux Jeunesses françaises, 2021 : « Un autre professeur va
plus loin : “Brigitte est arrivée à la Providence avec des mini-
tailleurs, belle, pin-up.” Un élève assure pour sa part: “On
était tous amoureux d’elle.” Résumé des forces en présence.
D'un côté, un adolescent qui fait déjà physiquement adulte,
de l’autre, un professeur qui aborde la quarantaine mais qui
ne fait pas son âge. »
Passons sur ces descriptions de cours hallucinantes qui
dépassent de loin tout ce que le pédagogisme le plus bêtement
gauchiste et le plus démagogique avait pu proposer jusque-
là; ce qui, au passage, contredit l’idée trop répandue selon
laquelle « Brigitte » serait « de droite » (cf. Encadré p.2)...
Pour finir de nous convaincre de ce récit, il nous fallait
consulter des photos de « Brigitte » au tournant de la
quarantaine. Une occasion, avouons-le, de se rincer l’ œil
devant cette « belle pin-up » en « mini-tailleur », ne « faisant
pas son âge ». Las, 1l existe très peu de photographies de
« Brigitte » à l’époque. Toutefois, une série de clichés a été
publiée dans le documentaire de Virginie Linhart, Brigitte
Macron, un roman français diffusé sur France 3, le 13 juin
2018 (cf. L'écharpe de « Brigitte »).
Contredisant définitivement l’attirance qu'aurait pu exercer
l’enseignante sur des adolescents mâles en pleine puberté,
ce cliché (à gauche) non daté de « Brigitte » en cardigan dans
les bois, inquiétant individu au sexe indéterminé, n’a, à notre
connaissance, jamais été ressorti depuis lors. En lieu et place du
numéro de Playboy que nous recherchions, nous voici en présence
de ce qui s’apparente à un inédit de Faites entrer l'accusé.
FAITS DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021
ENQUÊTE
L'écharpe de « Brigitte »
= «Sur les photos de classe, elle irradie avec ses
-= cheveux aussi blonds que les champs de blé de
_ Picardie, son tailleur clair à larges épaulettes
= comme le voulait la mode à l’époque et son
-~ immense sourire qui dévoile des dents qui n’ont
-~ pas encore été réalignées par un orthodontiste.
= Sur une de ces photos, un grand garçon longiligne
_a passé son bras sur les épaules de sa prof qui n’a
-~ pas lair d'en prendre ombrage. Non, il ne s’ap-
_ pelle pas Emmanuel » écrit obséquieusement
= Sylvie Bommel (J/ venait d'avoir 17 ans, JC Lattès,
2019) en décrivant ces photos de classe non
-datées de « Brigitte ». Délivrées par les communi-
-cants de l'Élysée, ces clichés constituent l’ossature
du documentaire Brigitte Macron, un roman fran-
çais. Évacuée la déception de ne pas avoir pu
admirer la « belle pin-up ne faisant pas son âge »,
photos sans écharpe, l'individu présenté comme
étant « Brigitte » a un bien plus petit volume de
tête et des traits bien plus féminins. Une fois la
photographie restaurée, il semble s'agir d’une
autre personne.
Surtout, ces photographies battent définitivement en brèche
les descriptions de témoins autorisés de type « ancien de La
Providence » produits par les communicants. Témoignages
bidonnés dont nous avons déjà prouvé que certains avaient
été purement et simplement inventés puis reproduits partout
entre 2012 et 2015, dans la première mouture du storytelling,
à l’époque où « Brigitte » était présentée comme l’ancien
professeur de français d’Emmanuel Macron, lisant ses
poèmes devant toute la classe (cf. La Rencontre). Largement
déréférencé d'Internet (cf. Saturer Internet, F&D 498), le
cliché reproduit en page 4 est aujourd’hui quasiment introu-
vable pour quiconque ne le recherchant pas spécifiquement.
Dans le fameux film de leur rencontre, celui de la représenta-
tion de l’atelier théâtre de La Providence au printemps 1993,
« Brigitte » et Emmanuel Macron n'apparaissent en fait jamais
ensemble. En découpant image par image, on observe en effet
une coupure (un « cut ») entre la séquence où la troupe salue le
public - Emmanuel Macron y est visible mais pas « Brigitte » —
et la séquence montrant « Brigitte » monter sur scène — ni
Emmanuel Macron, ni les autres comédiens de la séquence pré-
cédente n’y sont présents. Il n’y a donc aucun individu commun
aux deux séquences. Et contrairement à ce que suggère le
montage du documentaire, chacun peut convenir que celui qui
embrasse ici « Brigitte » n’est pas Emmanuel Macron.
Contrairement à ce que suggère le montage, Emmanuel Macron
et « Brigitte » n'apparaissent jamais ensemble dans la séquence
du théâtre diffusée pour la première fois en novembre 2016 dans
La Stratégie du météore. Manipulatrices, ces prétendues images
de leur rencontre sont censées faire passer un message subliminal
de transparence : « il n'y a rien à cacher ». Et pourtant...
Macron et l’homosexualité
C’est en fait essentiellement depuis les réceptions organisées
à Bercy par les Macron qu'a été diffusée la rumeur Mathieu
Gallet, bien que, aux côtés de Nicolas Sarközy et de Manuel
Valls, le banquier Philippe Villin fut à l’époque accusé
d’en avoir été le principal instigateur (cf. Drôle de guerre
contre Macron, Le Monde, 15 novembre 2016). Issu d’une
famille de petits patrons de Compiègne (Oise), inspecteur
des finances, fils maudit de Robert Hersant ayant bifurqué
vers la finance sous la houlette de James D. Wolfensohn et
de Paul Volker (via le Groupe Bilderberg) Philippe Villin
est aujourd’hui propriétaire du groupe hôtelier Libertel et
intervient comme conseil d’une bonne partie du CAC40
depuis sa table attitrée au Bristol. Membre du club Le Siècle,
ancien trésorier de l’Association pour le rayonnement de
du 15 juin au 15 juillet2021 FAITS DOCUMENTS
ENQUÊTE
l'Opéra de Paris (AROP), à la fois homosexuel militant
(on consultera sa nécrologie de Pierre Bergé parue dans
Le Monde du 17 septembre 2017) et éternel pourfendeur
de l'euro (son influence n’est pas étrangère à l’éclosion de
l’« homo-souverainisme »), ce loup solitaire, adversaire
acharné d’Emmanuel Macron, s’affiche aujourd’hui derrière
la candidature de Xavier Bertrand. « Éminence gay des
grands patrons » (Le Monde, 2 février 2013), Philippe Villin
avait été rendu durablement responsable de la diffusion de la
rumeur Mathieu Gallet après s’être publiquement étonné que
« les médias [...] acceptent béatement la mise en scène d’une
vie privée (Le Figaro, 26 avril 2016).
Outre la guerre menée par Philippe Villin, la possibilité d’un
chantage opéré par Michèle Marchand dans la diffusion de
la fameuse rumeur fut également évoquée (cf. Madame la
Présidente, Ava Djamshidi et Nathalie Schuck, Plon, 2019).
Notons ici que Mathieu Gallet, le principal intéressé n’a jamais
démenti ladite « rumeur ». Par la suite, lors de ses déboires
judiciaires survenus au début du quinquennat, Mathieu Gallet
aura recours aux services de l’avocat Christophe Ingrain.
Lieutenant de Jean-Michel Darrois, ce dernier avait introduit
Emmanuel Macron au sein de la Commission Darrois en 2009
alors qu'il officiait comme conseiller justice de Nicolas Sarküzy.
Ingrain assure aujourd’hui la défense d’Éric Dupond-Moretti.
Le propos ici n’est pas de confirmer ou d’infirmer la
véracité de la rumeur, ni de savoir qui l’a fait courir
(en réalité la France entière à l’époque...), mais de
comprendre que dans cette affaire, Brigitte et Emmanuel
Macron ont joué, à dessein, les pompiers pyromanes.
C’est sans doute là l’exemple connu le plus flagrant de la
perversité assumée de ce couple opérant comme un duo
d’acteurs bien rodé : « Chaque dîner à Bercy est l’occasion
pour Emmanuel et Brigitte d’aborder la question devant
leurs convives. “Vous savez, on dit qu’ Emmanuel est
homosexuel... mais c’est totalement faux!” s’indigne
Brigitte Macron qui semble particulièrement affectée.
[...] De son côté, quand il reçoit en privé des éditorialistes
ou des patrons de presse pour préparer son envol,
Macron n'oublie jamais d'évoquer «la rumeur » dans
ces conciliabules politiques. C’est plus fort que lui: il est
obligé d’en parler. [...] Cette obsession pour le démenti,
dans un cadre privé, finit par être contre-productive,
car elle relance de plus belle la rumeur. [...] Un ancien
membre de la campagne Macron confiera plus tard: Nous
avons sciemment relayé l’histoire sur Mathieu Gallet » (cité
par Marc Endeweld dans Le Grand manipulateur, Stock,
2019). Un contre-feu en somme, comme l’avaient déjà perçu
Caroline Derrien et Candice Nedelec: “On a tout entendu,
soupire un proche du candidat d’En Marche !. Qu’Emmanuel
aurait fait de mystérieux voyages en Afrique ou qu’il choisirait
ses amants à l'Opéra de Paris !” Drôles de confidences venues
d’un camp souhaitant s’emparer de la rumeur pour mieux poser
en victime son champion ? » (Op. cit.).
Une rumeur dont il est aujourd’hui établi qu’elle fut
sciemment alimentée par « Brigitte et Emmanuel » et une
ambiguïté sur l'homosexualité constamment entretenue par
le principal intéressé: « Il a dans l’œil la conscience —et la
revendication -, courtoise mais absolue, de sa singularité. Sa
femme de vingt ans son aînée [NDA : faux]; le double anneau
Qu ns,
entrelacé qu'il porte à la main droite, dans une symétrie
parfaite avec son alliance ; et cette affirmation de soi toujours
borderline » expliquait Anna Cabana (Macron: et pourquoi
pas lui?, Le Point, 31 décembre 2015), dans une allusion
explicite à la double alliance adoptée à partir de 2004 par
Richard Descoings lors de son mariage avec Nadia Marik :
« Je suis homosexuel pour ceux qui savent et hétérosexuel
pour ceux qui n’ont pas besoin de savoir ! », expliquait alors le
patron de Sciences-Po Paris pour justifier sa double alliance.
Évoquant son enfance solitaire dans Révolution, Emmanuel
Macron ne décrit-il pas, dans un clin d’œil appuyé,
André Gide et Jean Cocteau comme ses « compagnons
irremplaçables »? Des allusions pas très fines réitérées
dès que l’occasion lui en est donnée. Quand un badaud
lui demande opportunément quel est son cinéaste préféré
(Quotidien, TMC, 15 mars 2021), la réponse fuse dans un éclat
de voix: « Pedro Almodovar ». Donner le nom du cinéaste
de l’homosexualité, de la pédophilie et du transsexualisme,
participe de cette stratégie consistant à créer, à alimenter, puis
à entretenir la rumeur... pour mieux la démentir.
Démenti opposé avec les éléments de langage des communicants
d'Havas («Je n'ai pas de double vie »), une première fois le
2 novembre 2016, à l’occasion d’un entretien à Mediapart
(2 novembre 2016) mené par Mathieu Magnaudeix
(homosexuel). Puis une seconde fois, le 6février 2017
(« V entends dire que je suis duplice, que j’ai une vie cachée
ou autre chose [...] Si on vous dit que j’ai une double vie avec
Mathieu Gallet, c’est mon hologramme »), sur la scène du
théâtre Bobino, propriété de Jean-Marc Dumontet, pygmalion
de l’humoriste Nicolas Canteloup, présenté au couple par Line
Renaud, qui viendra seconder « Brigitte » dans la mise en scène
du « petit Macron ». Dans la foulée est publiée une couverture de
Closer barrée d’un « non, il n’est pas gay » (10 février 2017) ainsi
qu'un entretien à Têtu (« Si j'avais été homosexuel, je le dirais
et je le vivrais », 26 février 2017). Le 24 juillet 2018, au cœur
de l’affaire Benalla, Emmanuel Macron, trouvant visiblement
l'exercice très amusant, démentira donc pour la cinquième fois
publiquement (du jamais vu!) son homosexualité: « Alexandre
n’a jamais été mon amant. »
Des démentis qui n’enlèvent rien à la mobilisation constante
en faveur d'Emmanuel Macron des groupes de pression
homosexuels. À l’image d’Albin Serviant, représentant de
la French Tech à Londres, « poisson-pilote » de la levée de
fonds d’En Marche ! qui, à la fin de l’année 2018, s’associera
avec Marc-Olivier Fogiel pour relancer Têtu avec l’aide
de Jean-Jacques Augier, homme d’affaires socialiste (bras
droit d’ André Rousselet aux Taxis G7), ancien actionnaire
de Têtu, trésorier des campagnes de François Mitterrand et
de François Hollande, rallié depuis à Emmanuel Macron.
L'éditorialiste Nicolas Domenach a tout de même décrit un
Emmanuel Macron « libéral en économie, libéral en matière
de mœurs » (La Nouvelle Édition, Canal +, du 7 avril 2016) et
Alexis du Réau de la Gaïignonnière a raconté dans plusieurs
vidéos postées sur Youtube à visage découvert, comment, en
2013, au cours d’une de ces soirées privées échangistes prisées
par les « zélites » (politiques, avocats, hommes d’affaires, show-
business, etc.) à laquelle il était invité en tant qu’acteur de films
pornographiques, il aurait « sodomisé » Emmanuel Macron.
FAITS & DOCUMENTS
ENQUÊTE
du 15 juin au 15 juillet 2021
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Publiquement, Emmanuel Macron a démenti pas moins
de cinq fois être un homosexuel. Du jamais vu, d’au-
tant que l'exercice semble particulièrement l'amuser.
Comme si ce petit numéro, son préféré, était décidément
un « plaisant dérivatif »...
Rappelons ici que le milieu gay est omniprésent dans
l'entourage des Macron. Ce qui n’est pas aisé à décrire, la
révélation non autorisée de cette appartenance à ce qui
s’est constitué en puissant réseau (parfaitement décrit par
le journaliste Frédéric Martel), relevant pour la justice de
l'atteinte à la vie privée. Cette question constitue pourtant
l'arrière-plan de beaucoup de recrutements, de cooptations et
en définitive, de faits politiques, que l’on ne peut expliquer
sans avoir intégré cet indicible paramètre. Comment, par
exemple, raconter l’histoire des membres de la bande de
Poitiers, ces militants du Mouvement des jeunes socialistes
(MJS) constitués en courant du macronisme, qui avaient
surnommé « Maman » leur mentor, la fabiusienne Anne
Rubinstein, actuelle directrice de cabinet de Martin Hirsch
à l’AP-HP, qui fut le premier chef de cabinet d’Emmanuel
Macron à Bercy ?
De fait, cette ambiguïté, c’est-à-dire la sincérité du couple, et en
même temps le sentiment saisissant qu’il y a un truc, provoque
chez ceux qui ont eu affaire à « Brigitte et Emmanuel » un
profond malaise: « Le jeune homme rangé, capable de folle
passion, parle de lui aussi beaucoup, touche beaucoup, mais
dit peu. Et ne trahit pas forcément ce qu’il ressent. Une
élue socialiste va jusqu’à s’étonner, paradoxalement, de sa
manière “de ne pas regarder les femmes comme les autres
hommes politiques”. [...] “Il a un côté asexuel”, ose-t-elle.
Même constat côté hommes. “Ils ne les regardent pas plus”,
souligne, catégorique, un journaliste qui le suit. Sans ambages,
un éminent socialiste tranche: “Il n’a pas d’affects” [...] Un
homme toujours prompt à charmer, à ravir son auditoire, mais
qui serait terriblement froid, dedans » (Les Macron).
« Ce couple improbable est assez pervers. “Il est ambigu. Je
ne comprends pas ce mec” », dit d’ailleurs Sarkozy à propos
de Macron » (Le Grand manipulateur). Et Nicolas Sarkôzy
de livrer: « Que voulez-vous que j'en pense? Il est cynique,
un peu homme, un peu femme, c’est la mode du moment.
Androgyne. Ce qui vous plaît chez Macron, c’est que vous
aimez toujours ceux qui ne vous obligent pas à choisir » (Le
Point, 12 mai 2016). « Toutefois, malgré l’étalage récurrent
de [l’histoire de leur couple] dans des centaines d’articles,
de reportages, de livres — ce qui oblige à l’évoquer — nous ne
savons rien de la nature exacte de leur relation (« proximité
sensible » ?), ni à cette époque ni après », écrit Éric Stemmelen.
« Et s’il faut sonder les cœurs et les reins, la vérité sort peut-
être de la bouche de la mère d’Emmanuel. Lorsqu'elle veut
démontrer la stabilité du couple et la fidélité de son fils, elle a
cette phrase plus révélatrice qu’elle ne le croit: “On pourrait
déshabiller Laetitia Casta devant lui que cela ne lui ferait
rien” » (Opération Macron). Une mère devant laquelle 1l se
serait exclamé, lorsqu'il était en khâgne, « maman, j'aime
toujours Brigitte ! » (rapporté par Anne Fulda dans Un Jeune
homme si parfait). Et que penser de cette confidence de Jean-
Baptiste de Froment, son condisciple à Henri-IV, qui assure
qu’il « ne donnait pas le sentiment de s’intéresser aux filles ».
Le fait qu’« Emmanuel » ne « s’intéresse pas aux filles », mais
que sa relation avec « Brigitte » soit unanimement décrite
comme authentique — l’«élément de vérité» dépeint par
Emmanuel Carrère — continue de constituer pour beaucoup
une énigme. Pour trouver la clef de cette énigme, suffirait-il,
comme souvent, de chercher la femme?
La légende de l’écrivain Macron
Cette énigme crée une certaine gêne chez les interlocuteurs
du couple, un malaise parfaitement raconté par Michel
Houellebecq le 17 janvier 2017 sur France 2 : « Il est bizarre,
on ne sait pas d’où il vient. J’ai essayé de faire une interview
avec lui... Les gens qui parlent très bien, franchement, pour
arriver à leur faire dire quelque chose, une vérité quelconque,
c’est dur. » L'interview en question fut publiée dans Les Inrocks
en juin 2016, une légitimation du ministre par l’écrivain à la
renommée internationale qui, en retour, sera promu au grade de
chevalier de la Légion d’honneur en février 2019.
Un entretien signifiant au passage, qu’à l’époque, à la manière
de Grégoire Chertok, le patron opérationnel de Rothschild &
Cie (cf. F&D 496), Matthieu Pigasse, propriétaire des Inrocks
et patron à Paris de Lazard (les banquiers d’affaires aspirent
toujours à être autre chose que des « banquier d’affaires »),
se mit, de gré ou de force, au service d Emmanuel Macron,
son rival ultime dont il savait pourtant qu'il l’éclipserait
définitivement. Cet entretien avec Michel Houellebecq dont
aurait sans doute rêvé Pigasse lui-même, participe d’une
communication ayant toujours privilégié les grands auteurs
(mettons ici de côté Philippe Besson dans VSD et Marcela
Iacub dans Closer...), avec notamment un portrait du couple
paru dans The Guardian (20 octobre 2017) sous la plume
d’Emmanuel Carrère ou encore un portrait de « Brigitte »
du 15 juin au 15 juillet2021 FAITS & DOCUMENTS
ENQUÊTE
signé par Simon Liberati dans Grazia (8 mars 2019). Une
manière d'entretenir le mythe de l’« écrivain Macron » et de
faire cautionner la « légende » par le haut...
Nous l’avons vu, la geste macronienne avait, dans sa première
mouture, inclus une « professeure de français » énamourée
« lisant devant la classe les poèmes » de son «élève de
première », ce « fou qui sait tout sur tout ». Une fois la première
version jetée à la poubelle, Emmanuel Macron fut, cette fois,
présenté en auteur d’un roman jamais publié. Cet improbable
roman au titre évocateur, Babylone Babylone, aurait été écrit
pendant ses années de classes préparatoires, mais aurait été
refusé par l’éditeur Jean-Marc Roberts (dans l’impossibilité
de démentir puisque décédé en 2013...), nous explique Claude
Askolovitch dans Vanity Fair. Il s'agirait d’une grande
fresque picaresque sur l Amérique latine du temps d’ Hernan
Cortés, qu’ Emmanuel Macron aurait fait lire à un de ses amis
de prépa, forcément « époustouflé » par « l'extrême maîtrise
de la langue »: « Il y avait des passages terribles, des scènes
de sacrifices humains; tout était raconté avec luxe de détails
saisissants » lit-on dans Les Macron paru début 2017. Quelques
mois plus tôt, dans La Stratégie du météore, « Brigitte » avait été
présentée comme l’unique lectrice de ces manuscrits (le copain
de prépa et Jean-Marc Roberts n’avaient pas encore été ajoutés
au storytelling...) — « ces » manuscrits, parce qu'il y en avait
maintenant un deuxième, « genre polar », pour élargir la palette.
Puis, dans son entretien à Jérôme Garcin (« Gide me montre le
chemin qui conduit du cérébral à une sensualité débordante »,
L'Obs, 16 février 2017), la liste des œuvres d’ Emmanuel
Macron s’allongera encore: « Confidence pour confidence, j'ai
écrit deux autres romans et aussi des poèmes... »
Dans Président cambrioleur, Corinne Lhaïk a quelque peu
écorné la légende de l’« écrivain Macron » : « Quand il découvre
Le Chemin des morts de François Sureau, il a envie d'écrire un
texte similaire, avec la même démarche de sincérité: dans cet
ouvrage, Sureau parle d’un drame personnel. [...] La parution de
Révolution, fin novembre 2016, a été précédée d’une tentative
restée secrète: au printemps 2016, il termine la rédaction d’un
livre où 1l se raconte, parle de ses racines, de sa grand-mère,
de ses classes préparatoires, de son rapport à l’éducation. Ils
sont quatre ou cinq dans le cercle des intimes à en voir pris
connaissance. Tous jugent le texte très autocentré, sans qualités
littéraires évidentes. Le futur candidat n’insiste pas. [...] Sureau
recommande un livre personnel et un éditeur de prestige,
Antoine Gallimard. Il n’aura ni l’un ni l’autre. Macron préfère
Bernard Fixot, plus connu dans les supermarchés; seuls les
deux premiers chapitres racontent un peu de la vie du candidat.
Le reste verse dans l’empilement de collaborations d’experts,
de l’ Afrique, de la sécurité, des retraites... »
Quand il fut admis que pour Emmanuel Macron, le théâtre avait
été une véritable « révélation » (Un Jeune homme si parfait) et
l’occasion de la constitution d’un binôme avec son metteur en
scène (« Brigitte »), la communication se porta inévitablement
sur leur travail d'écriture comme véritable lieu de la rencontre,
étant entendu qu’il reste compliqué pour un président de la
République de se présenter en simple comédien.
Là encore, la geste macronienne semble véritablement codée.
L'histoire raconte qu'après avoir joué l’épouvantail dans La
Comédie du langage de Jean Tardieu (images diffusées à
FAIT S DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021
sn QUÊTE
la télévision), Emmanuel Macron et le metteur en scène se
seraient retrouvés, pour la nouvelle saison, tous les vendredis
soir au domicile de « Brigitte » afin d’écrire les rôles supplé-
mentaires pour que la pièce puisse coïncider avec le nombre
d'élèves inscrits à l’atelier théâtre: « c'était surtout des rôles
de filles qui manquaient » a signalé un témoin accrédité à la
journaliste Sylvie Bommel (77 venait d’avoir 17 ans). Après
avoir buté sur la consonance proche entre Macron et le Macaron
d'Amiens que commercialisent les Trogneux (les deux étant
« sucrés à l’extérieur et mou à l’intérieur » selon un bon mot
qui circula en 2015 à l’Assemblée nationale), la quasi-totalité
des biographes se sont étonnés de la quasi-homonymie entre
l’auteur de la pièce réécrite par le couple, le dramaturge italien
Eduardo De Filippo, et le futur Premier ministre, Édouard
Philippe. Dans la même veine, le thème de la pièce est tota-
lement prémonitoire, puisque L'Art de la comédie joue sur la
confusion entretenue chez le spectateur entre les notables d’une
ville qu’un préfet doit recevoir, et les membres d’une troupe
d'acteurs qui ont usurpé leur identité.
Invention de personnages, usurpation d'identité... Ces pro-
cédés ont-ils été utilisés par les communicants pour écrire
les « vertes années », celles de Macron avant Brigitte et de
Brigitte avant Macron? C’est la question qui ressort de la
lecture des différents ouvrages consacrés au couple, tant le
flou, déjà épais quant à la période couvrant 1992 à aujourd’hui,
vire cette fois à l’opacité la plus totale...
Macron avant Brigitte
`
Contrairement à ce que pourrait laisser penser la
superproduction multi-supports (presse, livres, documentaires,
etc.), les « vertes années » d’Emmanuel Macron restent
terriblement compliquées à raconter, la documentation étant
extrêmement faible et les témoins finalement très rares. Déjà,
en 2015, Marc Endeweld remarquait : « La Picardie, c’est un
peu le jardin secret du jeune ministre de l'Économie. Il n’en
parle jamais, et son cabinet tient régulièrement à distance
les journalistes du quotidien local, le Courrier picard »
(L'Ambigu monsieur Macron).
Pour expliquer le vide biographique que constitue l’enfance
d’Emmanuel Macron, Sylvie Bommel (I venait d’avoir 17
ans, JC Lattès, 2019) et Hervé Algalarrondo (Deux Jeunesses
françaises, Grasset, 2021), deux journalistes ayant, chacun
de leur côté, tenté d’enquêter en dehors des clous, ont fini
par se rabattre sur la thèse de « l’enfant de remplacement »,
une explication peu convaincante fournie, à la fin de l’année
2016, à Anne Fulda (Un Jeune homme si parfait) et à Claude
Askolovitch (Les Secrets d'enfance d’'Emmanuel Macron et
de Najat Vallaud-Belkacem, Vanity Fair, février 2017).
7
Comme pour la vente d’Alstom à General Electric, autre
épisode clé de la biographie d’Emmanuel Macron, le récit
officiel de l’enfance d’Emmanuel Macron fut en effet couché
sur le papier par Claude Askolovitch, un journaliste n’ayant
pas hésité, pendant sa carrière, à jouer de sa proximité avec
Ramzi Khiroun (cf. L'Ombre de Dominique Strauss-Kahn)
afin d’obtenir la tête de ceux qui lui faisaient de l’ombre
(cf. Les Gourous de la com’. Trente ans de manipulations
politiques et économiques, Aurore Gorius et Michaël
Moreau, La Découverte, 2012).
À l’époque, peu après la déclaration de candidature
d’ Emmanuel Macron, ses mutiques parents avaient été sortis
de leur formol pour distiller quelques messages aux journalistes
et boucher les trous du storytelling à quelques mois de
l élection présidentielle. Mise en scène, la mère d’Emmanuel
Macron, Françoise Noguès, pédiatre de formation devenue
médecin-conseil à la Sécurité sociale, avait ainsi expliqué à la
portraitiste du Figaro et à celui de Vanity Fair qu’ Emmanuel
Macron était un « enfant de remplacement », c’est-à-dire un
enfant prisonnier d’une conception intervenue dans la foulée
d’une sœur mort-née. Justification purement psychologique,
la « disparition de cette petite fille sans nom, de cette petite
fille qu'Emmanuel avait pour mission de faire oublier » (Un
Jeune homme si parfait) fera office de réponse à toutes les
questions que posent les premières années désespérément
vides de la biographie officielle d’ Emmanuel Macron.
Toujours auprès d’ Anne Fulda et de Claude Askolovitch,
les parents du futur président de la République se rappel-
leront subitement un amour de jeunesse, une fille de sa
classe venue une fois chez eux à Amiens (« elle s’appelle
Anne-Laure. Elle est juive » précise Claude Askolovitch).
Neuropsychiatre au CHU d’Amiens, le père, Jean-Michel
Macron, l'aurait même comptée ensuite parmi ses
étudiantes en médecine. Cette péripétie accréditant une
hétérosexualité originelle deviendra un des « tubes » des
contenus fournis par 6Médias aux médias du groupe Prisma
(cf. Saturer Internet, F&D 498) et sera bientôt brodée, puis
feuilletonnée : « amoureux rêveur », il se serait ainsi fait
renverser par une voiture en sortant de chez elle, rapporte
Vanity Fair, tandis qu'avec Renaud Dartevelle, un des
témoins accrédités de la scolarité d’ Emmanuel Macron à La
Providence (avec Jean-Baptiste Deshayes et Cécile Falcon)
et véritable couteau suisse pour en rajouter une couche au fil
des biographies sans que les contradictions entre ses témoi-
gnages successifs posent problème à quiconque, cette jeune
fille « portait parfois le foulard, elle nous expliquait, je le
mets pour pouvoir aller à la synagogue » (Deux Jeunesses
françaises). Les témoins accrédités seraient-ils utilisés pour
envoyer des signaux politiques ?
Dans Les Macron, il est indiqué qu’ Emmanuel Macron a été
scolarisé à l’école élémentaire de son quartier, l’école Delpech.
Aucune photo de classe de ces années d’école primaire n’est
connue. Puis, lors de son entrée au collège, l’enfant aurait
été scolarisé à La Providence où il se serait tout de suite lié
à Renaud Dartevelle (cf. La Rencontre), le principal témoin
de ses « vertes années » qui évoque toutefois une « relation
assez superficielle », tout en précisant à Hervé Algalarrondo
avoir été « reçu chez ses parents ». Au sujet de ses années de
collège, il a été rapporté que Macron avait effectué son stage
de fin de troisième à Paris, dans l’édition, chez Bordas. Et
c’est à l’occasion de la remise de son rapport de stage qu’il
aurait tapé dans l’œil de « Brigitte »...
Pour la petite histoire, l’abbé Danicourt écrivait en 1885,
qu’« aussi loin que remontent les actes de l’état-civil d’Authie
(1663), aussi haut remonte la famille Macron ». Lors de
recherches généalogiques à Hesdin (Pas-de-Calais), La Voix
du Nord (5 décembre 2012) a retrouvé la trace d’un mariage,
le 9 septembre 1836, entre une Honorine Trogneux et un
certain M. Macron, prénommé Narcisse...
du 15 juin au 15 juillet 2021 FAITS & DOCUMENTS
ENQUÊTE
Né le 21 décembre 1977 à Amiens (Somme), Emmanuel
Macron aurait passé son enfance dans la maison que ses
parents, un couple de médecins, ont achetée dans le quartier
huppé d’Henriville en 1982, tout en haut de la rue Gaulthier-
de-Rumilly. Ses parents ont divorcé en 1990 selon Sylvie
Bommel, en 2010 selon le site généalogique Roglo, la base
de données fondée par Daniel de Rauglaudre réputée faire “
autorité, et sur lequel la communication présidentielle semble
très active. Après leur séparation, la mère se serait installée à
Paris tandis que le père serait resté à Amiens et aurait eu un
quatrième enfant, Gabriel, né d’une liaison avec Hélène Joly,
médecin psychiatre à l’Institut médico-éducatif de la Somme.
Dans la biographie officielle, la famille est présentée à la
fois comme «de tradition mendésiste » (Brigitte Macron.
L’Affranchie), mais aussi, par Emmanuel Macron, comme
un lieu où «il y avait beaucoup de préjugés à combattre »
(Révolution). Tout cela reste terriblement vague, gazeux...
Le Monde, qui notait que les parents d’Emmanuel Macron
« planent comme des fantômes sur sa biographie » (Le Vieil
homme et le (futur) président, 9 novembre 2018), s’est
dernièrement essayé à produire un portrait du père, Jean-
Michel Macron. Confronté à l’absence de « biscuit », le
quotidien du soir s’est finalement rabattu sur la relation des
trois derniers présidents de la République avec leur père, ou
plutôt, sur leur absence de père (cf. Les Présidents et leur
père, une histoire compliquée, Le Monde, 2 janvier 2021).
Dans cet article où Emmanuel Macron est présenté comme
un « grand acteur » sous « emprise », sa biographie est très
explicitement présentée par le « quotidien de référence »
comme une « légende officielle »...
Les « vertes années » d’Emmanuel Macron ne tenant qu’en
quelques lignes, Le Monde a donc choisi de réorienter son
papier avec des éléments relatifs à Nicolas Sarküzy et à
François Hollande, exactement comme Claude Askolovitch
l'avait fait en croisant ses jeunes années avec celles de Najat
Vallaud-Belkacem et comme le fera Hervé Algalarrondo
avec celles d’Édouard Louis.
Sylvie Bommel résume l’impression générale qui se
dégage de la répartition des rôles dans la description de sa
famille fournie par Emmanuel Macron: « Dans Révolution,
Emmanuel consacre cinq pages à sa grand-mère maternelle.
Contre à peine une à ses parents. Et deux lignes à son frère,
Laurent et à sa sœur, Estelle. [...] Aucune mention non
plus de son demi-frère Gabriel, né en 2005, de la seconde
union de son père, et encore moins de la compagne de ce
dernier, Hélène, psychiatre dans un hôpital d’ Amiens [...].
En revanche, il prend soin de citer le prénom des trois enfants
de Brigitte et de leurs conjoints ainsi que ceux de ses sept
petits-enfants (elle en a eu un huitième depuis). Le jour de
l'investiture, d’ailleurs, on ne verra qu’eux, les Auzière, sur
le tapis rouge qui mène au perron de l'Élysée. Tiphaine et
Laurence, blondes, minces et élégantes [...] et leur frère
Sébastien, tous accompagnés de leurs conjoints ou conjointes
et de leurs enfants [...] La distance entre Emmanuel et les
siens est à double sens. Un jour de 2014, un collègue de
son frère Laurent à l’hôpital lui demande si ce Macron qui
travaille avec François Hollande à l'Élysée est un membre
de sa famille. Le cadet répond: “Non, c’est un vague cousin.
CE
means | ||
|
Le 18 mai 2017, Paris Match (n° 3548, page 66 ici reproduite)
publiait les photos de famille réalisées lors de l'investiture
d’ Emmanuel Macron. En bas, ce dernier apparaît pleinement |
avec les siens dans la famille de « Brigitte » tandis qu'en |
haut, «sa» famille — avec laquelle « Brigitte » ne pose
pas — ressemble davantage à un assemblage contre-nature
d’inconnus hétéroclites, de figurants... |
Emme PE
Tout le monde me casse les pieds avec ce mec !” Même son de
cloche du côté de sa sœur Estelle: “Quant à la sœur. Estelle
on ne l’a pratiquement jamais vue” assure Nicole, une cousine
germaine de Françoise Noguès » comme le rapporte Hervé
Algalarrondo au sujet de ses vacances dans les Pyrénées
durant son enfance.
Celui qui est allé le plus loin dans sa tentative de racon-
ter l’enfance d’Emmanuel Macron est sans doute Hervé
Algalarrondo dans Deux Jeunesses françaises. Son enquête
ambitionnait de croiser les destins d’ Emmanuel Macron et
d’Édouard Louis (« je me rends compte qu’en tant qu’enfant
gay, je suis un acteur-né »), deux Amiénois ayant conquis
Paris malgré des origines sociales opposées. Une fausse bonne
idée pour cet ancien journaliste du Nouvel Observateur, un
des rares à avoir admis honnêtement dans son ouvrage être un
électeur d Emmanuel Macron.
On sent en effet à chaque page que son enquête fut une longue
série de revers, une succession de culs-de-sac. Côté Macron,
Algalarrondo a fait chou blanc à chaque étape, reconnaissant
FAITS DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021
ENQUÊTE
même, à mi-chemin, que son angle n’était peut-être pas le bon
et que ce qui caractérisait Macron était bien « cette répugnance
pour la province ». Voici donc un bref tour d’horizon du
calvaire d'Hervé Algalarrondo, le seul journaliste ayant
enquêté à fond sur l’enfance d’ Emmanuel Macron.
— Les racines picardes. « Authie, le berceau de la famille
Macron. Un village plus petit qu’Hallencourt dont un arrière-
grand-père d’ Emmanuel, Henri, a été le maire. C’est là qu’il a
sa tombe, tout comme André, son fils, l’un des grands-pères
d’'Emmanuel. Plus un seul Macron n’habite Authie depuis
des décennies, mais “il y en a plein le cimetière”, m’a lancé
drôlement le maire actuel, Honoré Froideval. [...] Avant
d'entrer en politique en 2012, Emmanuel Macron a plusieurs
fois songé à se présenter à des élections, municipales ou
législatives. Jamais en Picardie, presque toujours dans le Pas-
de-Calais. D’où ce jugement lapidaire de Gilles de Robien,
peu défavorable a priori au président de la République
puisque proche de la famille Trogneux : “Macron n’est pas
un Amiénois, c’est un Touquettois !” [...] Macron président
a fait pire. Il a séché la commémoration du centenaire de
la bataille d’ Amiens, le 8 août 2018. Macron l Amiénois a
brillé par son absence tandis que Theresa May, alors Premier
ministre du Royaume-Uni, et le prince William, l’un des
petits-fils de la reine Élisabeth, étaient présents, les Anglais
ayant été en nombre aux côtés des Français dans cette bataille
de la guerre de 14-18 qui marqua le début de l’offensive
alliée victorieuse. [...] Emmanuel Macron n’a pas assisté
à la célébration alors que le berceau de sa famille, Authie,
était sur la ligne de front lors d’une autre bataille célèbre, la
bataille de la Somme, le château du village a abrité un hôpital
de campagne. Alors qu’il sait pertinemment, il l’a évoqué
dans plusieurs discours, que la Picardie garde les stigmates
des guerres contre l’ Allemagne. Au-delà du XX" siècle. Dury,
la commune proche d’ Amiens où habitait son parrain, Jean-
Michel Noguès, a érigé une stèle en mémoire de la bataille
dont elle a été le théâtre le 27 novembre 1870. »
— Les racines pyrénéennes. « Lors d’une visite en Andorre,
il s’est présenté en voisin, comme « un enfant des Pyrénées ».
[...] Emmanuel Macron ne manifeste en revanche que peu
d'intérêt pour la culture et les traditions bigourdanes. Ça
s’est exprimé de manière caricaturale en Corse, à l’occasion
d’un dialogue avec un élu nationaliste, en février 2018,
dialogue relevé par un journaliste de L'Express, Michel
Feltin-Palais. “Moi j'avais des arrière-grands-parents qui
étaient bigourdans, ils ne parlaient que le pyrénéen, a lancé
le président à Xavier Luciani. Leur seul objectif dans la vie
était que ma grand-mère aille à l’école de la République pour
apprendre le français. Pensez-y”. En l’occurrence, Macron a
fait montre d’une inculture étonnante. Plusieurs langues dites
régionales sont parlées dans les Pyrénées, du basque à l’ouest
au catalan à l’est. En Bigorre, on parle le bigourdan, une
variante de l’occitan. Le pyrénéen n’existe pas. »
— Une famille introuvable. « C’est encore plus fermé que
je l’imaginais. Seuls ses professeurs et ses rares copains de
la Providence [NDA : Renaud Dartevelle] sont diserts et ils
ont souvent déjà parlé à d’autres journalistes ou biographes.
[...] La famille amiénoise reste claquemurée. [...] Jean-
Michel Macron n’a répondu à aucun mail de relance. Je n’ai
même pas pu accéder à Lucette, la veuve de Jean-Michel
FAITS & DOCUMENTS
ENQUÊTE
Noguès, l’oncle et parrain d’Emmanuel. Pour parvenir à son
pavillon de Dury, il faut emprunter une longue allée. Alors
que je pose un pied sur la terrasse en ciment, la porte s’ouvre.
Une jeune femme apparaît, probablement l’une de ses deux
filles. À peine me suis-je présenté qu’elle me coupe: « Nous
ne recevons personne. » Avant d'ajouter, en esquissant
un sourire, « de notre côté, vous n’obtiendrez rien », et de
refermer la porte. L’autre tante maternelle, Marie-Christine
Noguès, s’est montrée tout aussi expéditive. Je suis passé
à l’improviste à son cabinet d’ophtalmologiste de la Vallée
des Singes, au sud d’ Amiens. « Oh! Il faut que je demande
si je peux vous parler », souffle-t-elle quand je l’aborde
entre deux patients. Lorsque je rappelle — sans beaucoup
du 15 juin au 15 juillet 2021
d'illusions — pour connaître le résultat de sa consultation,
son secrétaire me signifie sèchement que sa patronne ne veut
plus « être embêtée ». [...] Françoise Noguès ne manifeste
aucune envie de me rencontrer. Ayant déniché son numéro
de portable, je lui ai adressé plusieurs textos auxquels elle n’a
pas répondu. [...] C’est alors que je crois avoir « la » bonne
idée, m'a er à Brigitte. [...] C’estelle qui s
vec la famille Macron. Un igour ’a di ri
lors d’un passage du président à Bagnères. Par amabilité, il
lui a demandé des nouvelles de sa sœur, Estelle, qui vit non
, . o
loin. l ron s y
savoir quoi répondre ».
(Suite au prochain numéro)