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Full text of "FACTS & DOCUMENTS Brigitte Macron Investigation"

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N° 499 8 € 


>> LE CV DE « BRIGITTE » (sume) (p.2) 


>> QUELE PROF ÉTAIT « BRIGITTE » 
[Er quel AÊVE Étar Macron?) (p.3) 


>> MACRON ET 

L'HOMOSEXUALTÉ (p.6) 
>> LA LÉGENDE 

DE L'ÉCRIVAIN MACRON (p.8) 


>> Macron AVANT Beere (p.9) 





FAITS & DOCUMENTS 





LETTRE D'INFORMATIONS CONFIDENTIELLES FONDÉE PAR EMMANUEL RATIER 


ENQUÊTE LE MYSTÈRE BRIGITTE MACRON 








Après notre plongée dans les coulisses de l'Élysée, voici la suite de notre 
enquête exclusive sur « Brigitte », premier vrai portrait non autorisé de ce 
personnage aussi intrigant qu'influent. Comme il en fallait pour tout le 
monde, l’enseignante catholique de droite à l’érudition littéraire classique 
fut en même temps présentée en prof « pin-up en mini-jupe » faisant saliver 
les garçons en pleine puberté... Et si, comme pour sa rencontre avec 


« Emmanuel » et ses diplômes, tout était bidon? 


« Thérèse, vous êtes sûre que Proust était 
homosexuel !? » 


Pierre Mortez, Le Père Noël est une ordure, 
1982. 


« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup!» 
Martine Aubry, RTL, 13 octobre 2011 


KKK 


« Mon mari, addict au travail, est un 
chevalier, un personnage d’une autre planète 
qui mêle une intelligence rare à une humanité 
exceptionnelle. Tout est à la bonne place 
dans sa tête. C’est un philosophe, un acteur 
devenu banquier et un homme politique, un 
écrivain qui n’a encore rien publié. Et moi je 
garde ses manuscrits. » 

Brigitte Macron, Paris Match, 14 avril 
2016. 


« En réalité le couple fonctionne à front 
renversé de l’histoire officielle : ça n’est 
pas “Brigitte qui adoucit Emmanuel”, 
comme le chromo désuet vendu aux médias 
laisserait l’entendre, mais plutôt la première 
dame qui apprend au président comment 
être sans états d'âme dans les moments 
cruciaux. L’affectif c’est Emmanuel, la 
dure c’est Brigitte. » 


La Politique est un métier, dans les coulisses 
de la machine élyséenne, Michaël Darmon, 
Humensis, 2019. 


« Il ne fait rien sans lui demander son avis. 
Du recrutement d’un collaborateur au choix 
d’un costume ou d’une coupe de cheveux. » 


L'Obs, 1° septembre 2016. 


« On n’en saura pas plus. Ils n’en diront 
pas plus. Le storytelling est bien cadré. Et 
il n’est pas question de chercher à en savoir 
plus, sauf à torturer certains de leurs intimes. 
Ils ont bien construit ce roman familial. » 


Brigitte Macron, un roman français, 
Virginie Linhart, France 3, 2018. 


« Emmanuel Macron est insaisissable. 
Multiple. Déterminé à ne donner que ce 
qu'il veut de sa part d’intime mais à exposer 
généreusement ce qu’il désire mettre en valeur. 
Personne ne le connaît vraiment. Il a peu 
d'amis. “Emmanuel a besoin de tout le monde 
et de personne. On ne rentre jamais dans son 
périmètre. Il les met à distance”, assure sa 
femme. [...] Une histoire personnelle mise au 
service d’une ambition évidente. Quitte à être 
un peu retouchée. Magnifiée ». 


Un Jeune homme si parfait, Anne Fulda, 
Plon, 2017. 


« Je n’exhibe pas ma vie intime. La seule 
fois où j'en ai parlé, c’est dans mon livre et 
je l’assume. » 


Emmanuel Macron, C à vous, France 5, 24 
novembre 2016. 


« En novembre 2019, deux hommes que rien 
ne rassemble, sauf leurs liens avec Macron, 
déjeunent ensemble. Alain Minc et Philippe 
Grangeon. Le spécimen de l’élite à la française 
et le militant de la deuxième gauche. Les 
deux ne sont pas d’accord sur grand-chose, 
sauf sur un point : s’il arrivait quelque chose à 
Brigitte, Emmanuel dévisserait. .. » 


Président cambrioleur, Corinne Lhaïk, 
Fayard, 2020. 


du 15 juin au 15 juillet 2021 FAITS & DOCUMENTS 
ENQUÊTE 






Le CV de « Brigitte » (suite) 


Sans aucun diplôme pour enseigner au lycée, et après trois 
années sabbatiques la séparant d’un précédent poste où son 
passage avait été marqué par un détournement de mineur, 
« Brigitte » devient donc, à la rentrée 2007, professeur de 
lettres à Saint-Louis-de-Gonzague, le plus prestigieux lycée 
privé de la capitale qui accueille la progéniture du gratin du 
gotha... « Brigitte » a-t-elle bénéficié d’un piston pour en 
arriver là ? 


Par déduction, on pense immédiatement au cursus de son 
époux et à son accession à l’« Inspection ». Plaçant ses rejetons 
à « Franklin », ce réseau très implanté dans l’établissement 
aurait parfaitement pu pousser au recrutement de l’épouse de 
l’un des leurs. Aussi son arrivée intervient-elle parallèlement 
à la nomination d’Emmanuel Macron comme rapporteur 
adjoint de la Commission Attali. Étrangement, l'hypothèse 
d’un recrutement de « Brigitte » rendu possible par la carrière 
de son époux n’a pas été évoquée ni même sous-entendue et 
la question n’a jamais été posée au couple présidentiel. 


Quand survient le recrutement à « Franklin », le couple 
n'hésite plus à s’afficher en public. Jusqu'à très récemment, 
il était entendu qu'Emmanuel Macron avait présenté 
« Brigitte » à ses condisciples de l'ENA pour la première fois 
en septembre 2006. Ce dévoilement de sa vie privée s'était 
produit en Bourgogne, au Clos de Vougeot à l’occasion du 
mariage de deux « Senghor », Sébastien Veil (petit-fils de 
Simone Veil, connaissance d’ Emmanuel Macron au moins 
depuis Henri-IV, devenu banquier chez PAI Partners et 
membre, aux côtés de Marc Schwartz et de Dorothée 
Stik du pôle « Culture et Média » d’En Marche !) et Sibyle 
Petitjean (nommée PDG de Radio France en remplacement 
de Mathieu Gallet). 





Mais dans les biographies plus récentes, ces présentations 
remonteraient cette fois au mariage d’un autre Senghor, 
Aurélien Lechevallier (cf. Les Grands fauves, F&D 494 et 
495) avec Monica Vasquez Osorio : « Le mystérieux Amiénois 
attendra la fin de leur formation et le mariage d’Aurélien 
Lechevallier, en 2004, pour présenter Brigitte à ses amis » 
(Macron, Vérités légendes, Arthur Berdah, Perrin, 2021). 
Toutefois, nous remarquons dans la notice fournie par le marié 
au Who's Who que l’heureux événement est daté du 25 octobre 
2003, soit six mois avant la fin de la formation à l'ENA. Du 
plus significatif au plus anecdotique, le moindre épisode de la 
biographie de Brigitte et d’ Emmanuel Macron a été écrit puis 
réécrit, charriant à chaque fois son lot d’incohérences… 


Quoi qu'il en soit, « Brigitte » quitte Franklin en juin 2015 pour 
se consacrer pleinement aux activités ministérielles d Emmanuel 
Macron et au lancement de sa campagne: « Michel Sapin et 
Christian Eckert font leurs calculs : au total, selon eux, vingt- 
cinq personnes travaillent alors en coulisse à la destinée de 
leur cadet si pressé. Lorsque le couple quittera les lieux, ils 
découvriront un e-mail imprimé avec la liste exhaustive de tous 
les noms » (Madame la Présidente, Nathalie Schuck et Ava 
Djamshidi, Plon, 2019.). Dans ce mélange des genres assumé 
(mais qui aurait valu à n’importe qui d’autre une campagne de 
dénigrement dans la grande presse), les Macron multiplient les 
réceptions à Bercy (éditorialistes, show-business, etc.) n’hésitant 








pas à organiser plusieurs réceptions chaque soir: « Outre 
l appartement privé, tous les espaces du 7° étage de Bercy, qui 
regroupent les salles de réunion et de réception du ministère, 
étaient mis à contribution simultanément. Une stratégie qui 
permettait à Brigitte et Emmanuel Macron de prendre l’apéritif 
dans une réception au ministère, de débuter un premier dîner plus 
officiel avec d’autres convives au 7° étage, puis d’en poursuivre 
un second à l'appartement! Un double dîner, en somme. [...] 
En 2016, pendant les huit premiers mois, les crédits de l’année 
entière ont été consommés en frais de représentation ! ». Sur 
les deux derniers mois précédant la démission d’Emmanuel 
Macron, plus des trois quarts des frais engagés par les cinq 
membres du gouvernement hébergés à Bercy étaient imputables 
aux seuls Macron (cf. L'Express, 16 novembre 2016, Dans 
l'enfer de Bercy, Frédéric Says et Marion L’Hour, JCLattès, 
2017 et Un Ministre ne devrait pas dire ça..., Christian Eckert, 
Robert Laffont, 2018). « Il est question de tout sauf de politique à 
moins que quelque hôte n’en ait fait la requête. Brigitte s’attarde 
parfois sur l’un de ces repas sans âme auquel elle a dû consentir : 
“On a dîné avec untel l’autre soir, c’était d’un ennui ; on préfère 
vraiment être avec vous !” » (Les Macron, Caroline Derrien et 
Candice Nedelec, Fayard, 2077). 


Quelle prof était « Brigitte » ? 
(Et quel élève était Macron ?) 


Nous l’avons vu, pour faire accepter au grand public une sordide 
histoire de détournement de mineur, les communicants d’ Havas 
ont, dans un premier temps, redistribué les rôles en donnant 
celui de l’actif à l’adolescent et celui du passif à son profes- 
seur de théâtre. Dans le storytelling récité par « Brigitte » face 
caméra dans La Stratégie du météore (France 3, 21 novembre 
2016), le «je reviendrai et je vous épouserai » d’Emmanuel 
Macron fait écho à la description d’un élève « toujours avec les 
profs », qui « n’était pas un ado », « n’avait jamais respecté ces 
échelles d’âges », ayant ainsi « vaincu toutes mes résistances, 
une par une, avec patience », dixit « Brigitte ». Deux mois avant 
l'élection présidentielle, on retrouvera cette présentation des 
faits sous la plume de Caroline Derrien et de Candice Nedelec : 





MEMOIRES : Nous publierons les témoignages de Caroline Lehmann, Jeannette Laurent, Cynthia 
Gassner-Leininger et Anne Rech-Seners ainsi que le témoignage de Mme Elisabeth Perrin 
(responsable d'internat) Dans le Bulletin 2018 pourrait être publiés des souvenirs des voyages 
scolaires, échanges, Coménius etc Sœur Lina Braun nous a promis ce jour de rédiger ses 
souvenirs (avec laide de sœur Danielle). Nous essayerons aussi d'entrer en contact avec 
Madame Macron qui a enseigné sous le nom de Brigitte Auzière dans les années 90. 


AUJOURD'HUI : 

-les activités et projets de l'établissement scolaire 

- récits et souvenirs de voyages et classes vertes (Martine D) 
- les activités de l'aumônerie (Eric S.) 


La lecture du Bulletin des Anciens et des Amis de Lucie Berger 
(2017), l'établissement présenté comme ayant vu débuter la carrière 
de « Brigitte », montre que ce professeur si « solaire » n’a pas 
laissé un souvenir impérissable. En effet, alors qu'elle aurait quitté 
l'établissement en juin 1991 — nous dit sa biographie officielle — on 
lit qu'elle y a enseigné « dans les années 1990 ». Nous ignorons 
si les anciens de Lucie Berger ont retrouvé la « Brigitte Auzière » 


qu'ils cherchaient alors à contacter. 


FAITS DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021 
ENQUÊTE 








« M™ Macron redit combien il a fallu « cheminer dans sa tête », 
confrontée à cet adolescent de l’âge de ses enfants. Ce qu’elle 
répète inlassablement. “M™ Auzière n’avait absolument pas le 
profil à déraper avec un élève. Il n’y avait jamais la moindre 
ambiguïté” observe Nicolas, un élève aujourd’hui trentenaire » 
(Op. cit.). 


Mais ce récit s’est depuis largement effrité quand fut peu 
à peu admise l’impossibilité d’attribuer l'initiative à un 
adolescent de 14 ans, effacé qui plus est: « “Il [Emmanuel 
Macron] a toujours aspiré à la lumière, confirme son ancien 
directeur de campagne Jean-Marie Girier [NDA: jeune 
franc-maçon homosexuel des réseaux lyonnais de Gérard 
Collomb, promu préfet du Territoire de Belfort]. Toujours ? 
Les témoignages corroborant cette thèse sont rares. Car les 
longs compagnonnages d’Emmanuel Macron se comptent sur 
les doigts de la main » note Arthur Berdah du Figaro (Op. 
cit.). Le 23 janvier 2015, Le Parisien rapportait qu’à Henri-[V, 
Emmanuel Macron « reste en retrait. Insaisissable. “Tl cultivait 
une part de mystère, une vie parallèle dont on ne savait rien”. 
[...] Personne ne lui connaît d’ami proche parmi ses quarante- 
huit condisciples. [...] “Il avait un côté caméléon très frappant, 
note Jean-Baptiste de Froment” ». 


Dans la même veine, Sylvie Bommel explique que « le garçon 
que certains décriront plus tard si “charismatique” à l’instar 
d’un responsable de stage lors de ses années à l’ ENA, est en 
réalité un solitaire », qu’il « ne fédère pas dans son sillage ». 
Elle dépeint un lycéen «assez seul», «peu socialisé » 
avec «si peu d’amis très proches », apparaissant comme 
« toujours un peu ailleurs ». Quant à « Brigitte » que la geste 
macronienne présente comme une « prof exceptionnelle », 
«faisant l’unanimité» (Brigitte Macron. L'Affranchie, 
Maëlle Brun, L’ Archipel, 2018), elle finit par se trahir face 
à Pierre Hurel en dévoilant sa détermination: « Quand je 
décide quelque chose, je le fais parce que sinon c’est fini » 
(La Stratégie du météore). 





La contradiction étant flagrante, et le rôle de l’actif ne 
pouvant plus revenir au mineur isolé, il fallait donc raconter 
l’histoire d’une « Brigitte », active certes, mais ô 
combien désirable. En séduisant « Brigitte », le « petit 
Macron » aurait ainsi assouvi le fantasme de tout 
garçon travaillé par la puberté ayant croisé sa route. 
Et comme les communicants en ont fait des tonnes, 
la jeune mère de famille qui avait résisté au charme 
d’un élève charismatique, s’est muée en professeur au 
comportement pour le moins déplacé... 


«Le matin, les Macron et les Sapin se croisent 
dans l’ascenseur qui dessert les appartements privés 
[NDA : à Bercy]. On se salue poliment, on se promet 
d'organiser un dîner entre voisins qui n’aura jamais 
lieu. Surtout, le cabinet de Sapin, situé au sixième 
étage, donne sur l’entrée du logement des Macron. 
Régulièrement, ses conseillers observent des landaus 
devant la porte, une trottinette, les petits-enfants de 


Brigitte. Parfois. c’est elle qui escorte des élèves du 
lycée Franklin où elle enseigne encore » (Madame 


la Présidente). « C’est cette prof cool qui invite les 
élèves à boire l’apéro [sic] le vendredi soir, qui se fait 
tutoyer » (Brigitte Macron. L'Affranchie). 





du 15 juin au 15 juillet 2021 FAITS DOCUMENTS 


ENQUÊTE 


Pour les communicants, il s’agit là de faire passer deux idées : 
la première est que, de tout temps, « Brigitte » a reçu des 
lycéens chez elle. La seconde est de présenter « Brigitte » 
comme un objet de désir masculin. Emmanuel Macron serait 
donc simplement celui qui est allé au bout. Voici raconté le 
nouveau scénario mis au point au travers de quelques descrip- 
tions du professeur « Brigitte ». 


— Les Macron, 2017 : « “ Ah ! Brigitte, elle était vraiment très 
chouette ”, glisse une ancienne collègue de lettres qui arpente 
le lycée depuis 30 ans, esquivant toutefois l’évocation de cette 
dangereuse liaison avec le jeune Macron. “Tous les lycéens 
étaient amoureux d'elle”, lâche spontanément Frédéric, de la 
même promo qu’ Emmanuel. “Petite, j'étais même jalouse de 
tous ces élèves qui lui écrivaient ou l’ appelaient à la maison” 
confie sa benjamine Tiphaine ». 


— Brigitte Macron. L'Affranchie, 2018 : « “Son but en cours 
n’était pas de déverser un savoir, mais de créer quelque chose 
de passionné, de passionnant et de participatif. C’est quelqu'un 
avec qui l’on pouvait discuter de tout” [...]. “Elle n’avait pas 
une manière totalement académique d’enseigner. Elle avait 
compris qu’elle devait dépoussiérer la littérature, et elle y 
injectait donc de la modernité en multipliant les parallèles 
avec notre époque. Elle se servait pour cela de l'actualité, de 
sa vie ou de la nôtre. Elle savait en effet beaucoup de nous: 
les gens se confiaient facilement à elle”. [...] Car le charme 


de la prof agit indéniablement sur son auditoire. “Sur les 
garçons particulièrement, je pense!” [...] L’élégance de 


celle qui n’écrirait qu'avec un porte-craie ne laisse pas les 
ados indifférents. “En début de carrière, elle était déjà très 


coquette, poursuit son collègue. C’est un effort que les élèves 
appréciaient.” L’un d’entre eux s’en souvient avec émotion. 
“Nous étions plusieurs à avoir craqué ! explique cet ancien de 
La Providence. L’année où je l’ai eue en français, j'étais très 
attentif, je dois dire !”. “Il y avait un échange particulier avec 
les garcons, une forme de séduction, en tout bien tout honneur, 
reprend Claire Pasquier. Il y avait de bonnes vibrations dans 
sa classe et beaucoup étaient charmés”. Un engouement dont 








SPIEGEL 


4 iš 





un des plus anciens clichés de « Brigitte » adulte connu, 
cliché dévoilé une seule et unique fois en 2018 sur France3, | 
dans le documentaire Brigitte Macron, un roman français. 
Où est passée la « pin-up » en « mini-tailleur » ne « faisant | 
pas son âge » qu'on nous avait vendu ? | 


PORN SUIS Ne Per EEE 


| 
Comme une image vaut mieux qu'un long discours, voici 
| 





sa fille Tiphaine elle-même témoigne. L’avocate admet avoir 
été “jalouse de tous ces élèves qui lui écrivaient ou l’appelaient 
à la maison”. Certains venaient même dîner chez les Auzière, 
bouquet de fleurs à la main. Pour Brigitte, l’enseignement ne se 
cantonne pas aux salles de cours ». 


— Brigitte Macron, un roman français, 2018 : « Le 1° jour, 
quand elle est arrivée sur des talons de 4-5 cm avec un slim en 
cuir, elle dénotait par rapport aux autres professeurs. » 


— Il venait d’avoir 17 ans, 2019 : « Printemps 1993, “Quarante 
ans ? Mais c’est vieux !”. Le mardi 13 avril, la classe de Brigitte 
n’en revient pas d'apprendre que la prof de français fête 
aujourd’hui son entrée parmi les quadragénaires. Elle paraît 


si jeune avec ses jupes courtes et ses manières décontractées. 
[...] Sur le fond, elle respecte scrupuleusement le programme 


mais sur la forme, elle s’écarte des sentiers battus. Dès le jour 
de la rentrée, M"° Auzière devient Brigitte pour ses élèves. 
On a le droit de l’interrompre et de la tutoyer. Elle incite 
ceux qui s'expriment à appuyer leur raisonnement sur une 
expérience personnelle. Ou, encore mieux, à faire l’inverse, 
partir de leurs émotions pour arriver à l’analyse. Elle-même 
n'hésite pas à se confier parfois. Le cours de français prend 
des allures de groupe de parole. Résultat: M™° Auzière est 


adulée par ses élèves. [...] Pour capter l’attention des plus 
dissipés. l’enseignante dispose d’un autre atout, moins 
académique: ses jambes, mises en valeur par des jupes très 
courtes. Brigitte n’a pas attendu d’être première dame pour 
accorder grand soin à son apparence. “Elle était agréable à 
regarder, pas seulement à écouter. Toujours bien coiffée, 
maquillée et parfumée”, se souvient un élève. Les garçons 
sont séduits, les filles la prennent pour modèle. » 


— Deux Jeunesses françaises, 2021 : « Un autre professeur va 
plus loin : “Brigitte est arrivée à la Providence avec des mini- 
tailleurs, belle, pin-up.” Un élève assure pour sa part: “On 
était tous amoureux d’elle.” Résumé des forces en présence. 
D'un côté, un adolescent qui fait déjà physiquement adulte, 
de l’autre, un professeur qui aborde la quarantaine mais qui 
ne fait pas son âge. » 


Passons sur ces descriptions de cours hallucinantes qui 
dépassent de loin tout ce que le pédagogisme le plus bêtement 
gauchiste et le plus démagogique avait pu proposer jusque- 
là; ce qui, au passage, contredit l’idée trop répandue selon 
laquelle « Brigitte » serait « de droite » (cf. Encadré p.2)... 
Pour finir de nous convaincre de ce récit, il nous fallait 
consulter des photos de « Brigitte » au tournant de la 
quarantaine. Une occasion, avouons-le, de se rincer l’ œil 
devant cette « belle pin-up » en « mini-tailleur », ne « faisant 
pas son âge ». Las, 1l existe très peu de photographies de 
« Brigitte » à l’époque. Toutefois, une série de clichés a été 
publiée dans le documentaire de Virginie Linhart, Brigitte 
Macron, un roman français diffusé sur France 3, le 13 juin 
2018 (cf. L'écharpe de « Brigitte »). 


Contredisant définitivement l’attirance qu'aurait pu exercer 
l’enseignante sur des adolescents mâles en pleine puberté, 
ce cliché (à gauche) non daté de « Brigitte » en cardigan dans 
les bois, inquiétant individu au sexe indéterminé, n’a, à notre 
connaissance, jamais été ressorti depuis lors. En lieu et place du 
numéro de Playboy que nous recherchions, nous voici en présence 
de ce qui s’apparente à un inédit de Faites entrer l'accusé. 





FAITS DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021 
ENQUÊTE 





L'écharpe de « Brigitte » 


= «Sur les photos de classe, elle irradie avec ses 
-= cheveux aussi blonds que les champs de blé de 
_ Picardie, son tailleur clair à larges épaulettes 

= comme le voulait la mode à l’époque et son 
-~ immense sourire qui dévoile des dents qui n’ont 
-~ pas encore été réalignées par un orthodontiste. 
= Sur une de ces photos, un grand garçon longiligne 
_a passé son bras sur les épaules de sa prof qui n’a 

-~ pas lair d'en prendre ombrage. Non, il ne s’ap- 

_ pelle pas Emmanuel » écrit obséquieusement 

= Sylvie Bommel (J/ venait d'avoir 17 ans, JC Lattès, 
2019) en décrivant ces photos de classe non 

-datées de « Brigitte ». Délivrées par les communi- 
-cants de l'Élysée, ces clichés constituent l’ossature 


du documentaire Brigitte Macron, un roman fran- 
çais. Évacuée la déception de ne pas avoir pu 
admirer la « belle pin-up ne faisant pas son âge », 





photos sans écharpe, l'individu présenté comme 
étant « Brigitte » a un bien plus petit volume de 
tête et des traits bien plus féminins. Une fois la 
photographie restaurée, il semble s'agir d’une 
autre personne. 








Surtout, ces photographies battent définitivement en brèche 
les descriptions de témoins autorisés de type « ancien de La 
Providence » produits par les communicants. Témoignages 
bidonnés dont nous avons déjà prouvé que certains avaient 
été purement et simplement inventés puis reproduits partout 
entre 2012 et 2015, dans la première mouture du storytelling, 
à l’époque où « Brigitte » était présentée comme l’ancien 
professeur de français d’Emmanuel Macron, lisant ses 
poèmes devant toute la classe (cf. La Rencontre). Largement 
déréférencé d'Internet (cf. Saturer Internet, F&D 498), le 
cliché reproduit en page 4 est aujourd’hui quasiment introu- 
vable pour quiconque ne le recherchant pas spécifiquement. 


Dans le fameux film de leur rencontre, celui de la représenta- 
tion de l’atelier théâtre de La Providence au printemps 1993, 
« Brigitte » et Emmanuel Macron n'apparaissent en fait jamais 
ensemble. En découpant image par image, on observe en effet 
une coupure (un « cut ») entre la séquence où la troupe salue le 
public - Emmanuel Macron y est visible mais pas « Brigitte » — 
et la séquence montrant « Brigitte » monter sur scène — ni 
Emmanuel Macron, ni les autres comédiens de la séquence pré- 
cédente n’y sont présents. Il n’y a donc aucun individu commun 
aux deux séquences. Et contrairement à ce que suggère le 
montage du documentaire, chacun peut convenir que celui qui 
embrasse ici « Brigitte » n’est pas Emmanuel Macron. 


Contrairement à ce que suggère le montage, Emmanuel Macron 
et « Brigitte » n'apparaissent jamais ensemble dans la séquence 
du théâtre diffusée pour la première fois en novembre 2016 dans 
La Stratégie du météore. Manipulatrices, ces prétendues images 
de leur rencontre sont censées faire passer un message subliminal 
de transparence : « il n'y a rien à cacher ». Et pourtant... 





Macron et l’homosexualité 


C’est en fait essentiellement depuis les réceptions organisées 
à Bercy par les Macron qu'a été diffusée la rumeur Mathieu 
Gallet, bien que, aux côtés de Nicolas Sarközy et de Manuel 
Valls, le banquier Philippe Villin fut à l’époque accusé 
d’en avoir été le principal instigateur (cf. Drôle de guerre 
contre Macron, Le Monde, 15 novembre 2016). Issu d’une 
famille de petits patrons de Compiègne (Oise), inspecteur 
des finances, fils maudit de Robert Hersant ayant bifurqué 
vers la finance sous la houlette de James D. Wolfensohn et 
de Paul Volker (via le Groupe Bilderberg) Philippe Villin 
est aujourd’hui propriétaire du groupe hôtelier Libertel et 
intervient comme conseil d’une bonne partie du CAC40 
depuis sa table attitrée au Bristol. Membre du club Le Siècle, 


ancien trésorier de l’Association pour le rayonnement de 


du 15 juin au 15 juillet2021 FAITS DOCUMENTS 
ENQUÊTE 






l'Opéra de Paris (AROP), à la fois homosexuel militant 
(on consultera sa nécrologie de Pierre Bergé parue dans 
Le Monde du 17 septembre 2017) et éternel pourfendeur 
de l'euro (son influence n’est pas étrangère à l’éclosion de 
l’« homo-souverainisme »), ce loup solitaire, adversaire 
acharné d’Emmanuel Macron, s’affiche aujourd’hui derrière 
la candidature de Xavier Bertrand. « Éminence gay des 
grands patrons » (Le Monde, 2 février 2013), Philippe Villin 
avait été rendu durablement responsable de la diffusion de la 
rumeur Mathieu Gallet après s’être publiquement étonné que 
« les médias [...] acceptent béatement la mise en scène d’une 
vie privée (Le Figaro, 26 avril 2016). 


Outre la guerre menée par Philippe Villin, la possibilité d’un 
chantage opéré par Michèle Marchand dans la diffusion de 
la fameuse rumeur fut également évoquée (cf. Madame la 
Présidente, Ava Djamshidi et Nathalie Schuck, Plon, 2019). 
Notons ici que Mathieu Gallet, le principal intéressé n’a jamais 
démenti ladite « rumeur ». Par la suite, lors de ses déboires 
judiciaires survenus au début du quinquennat, Mathieu Gallet 
aura recours aux services de l’avocat Christophe Ingrain. 
Lieutenant de Jean-Michel Darrois, ce dernier avait introduit 
Emmanuel Macron au sein de la Commission Darrois en 2009 
alors qu'il officiait comme conseiller justice de Nicolas Sarküzy. 
Ingrain assure aujourd’hui la défense d’Éric Dupond-Moretti. 


Le propos ici n’est pas de confirmer ou d’infirmer la 
véracité de la rumeur, ni de savoir qui l’a fait courir 
(en réalité la France entière à l’époque...), mais de 
comprendre que dans cette affaire, Brigitte et Emmanuel 
Macron ont joué, à dessein, les pompiers pyromanes. 


C’est sans doute là l’exemple connu le plus flagrant de la 
perversité assumée de ce couple opérant comme un duo 
d’acteurs bien rodé : « Chaque dîner à Bercy est l’occasion 
pour Emmanuel et Brigitte d’aborder la question devant 
leurs convives. “Vous savez, on dit qu’ Emmanuel est 
homosexuel... mais c’est totalement faux!” s’indigne 
Brigitte Macron qui semble particulièrement affectée. 
[...] De son côté, quand il reçoit en privé des éditorialistes 
ou des patrons de presse pour préparer son envol, 
Macron n'oublie jamais d'évoquer «la rumeur » dans 
ces conciliabules politiques. C’est plus fort que lui: il est 
obligé d’en parler. [...] Cette obsession pour le démenti, 
dans un cadre privé, finit par être contre-productive, 
car elle relance de plus belle la rumeur. [...] Un ancien 


membre de la campagne Macron confiera plus tard: Nous 


avons sciemment relayé l’histoire sur Mathieu Gallet » (cité 
par Marc Endeweld dans Le Grand manipulateur, Stock, 


2019). Un contre-feu en somme, comme l’avaient déjà perçu 
Caroline Derrien et Candice Nedelec: “On a tout entendu, 
soupire un proche du candidat d’En Marche !. Qu’Emmanuel 
aurait fait de mystérieux voyages en Afrique ou qu’il choisirait 
ses amants à l'Opéra de Paris !” Drôles de confidences venues 


d’un camp souhaitant s’emparer de la rumeur pour mieux poser 
en victime son champion ? » (Op. cit.). 


Une rumeur dont il est aujourd’hui établi qu’elle fut 
sciemment alimentée par « Brigitte et Emmanuel » et une 
ambiguïté sur l'homosexualité constamment entretenue par 
le principal intéressé: « Il a dans l’œil la conscience —et la 
revendication -, courtoise mais absolue, de sa singularité. Sa 
femme de vingt ans son aînée [NDA : faux]; le double anneau 


Qu ns, 





entrelacé qu'il porte à la main droite, dans une symétrie 
parfaite avec son alliance ; et cette affirmation de soi toujours 
borderline » expliquait Anna Cabana (Macron: et pourquoi 
pas lui?, Le Point, 31 décembre 2015), dans une allusion 
explicite à la double alliance adoptée à partir de 2004 par 
Richard Descoings lors de son mariage avec Nadia Marik : 
« Je suis homosexuel pour ceux qui savent et hétérosexuel 
pour ceux qui n’ont pas besoin de savoir ! », expliquait alors le 
patron de Sciences-Po Paris pour justifier sa double alliance. 


Évoquant son enfance solitaire dans Révolution, Emmanuel 
Macron ne décrit-il pas, dans un clin d’œil appuyé, 
André Gide et Jean Cocteau comme ses « compagnons 
irremplaçables »? Des allusions pas très fines réitérées 
dès que l’occasion lui en est donnée. Quand un badaud 
lui demande opportunément quel est son cinéaste préféré 
(Quotidien, TMC, 15 mars 2021), la réponse fuse dans un éclat 
de voix: « Pedro Almodovar ». Donner le nom du cinéaste 
de l’homosexualité, de la pédophilie et du transsexualisme, 
participe de cette stratégie consistant à créer, à alimenter, puis 
à entretenir la rumeur... pour mieux la démentir. 


Démenti opposé avec les éléments de langage des communicants 
d'Havas («Je n'ai pas de double vie »), une première fois le 
2 novembre 2016, à l’occasion d’un entretien à Mediapart 
(2 novembre 2016) mené par Mathieu Magnaudeix 
(homosexuel). Puis une seconde fois, le 6février 2017 
(« V entends dire que je suis duplice, que j’ai une vie cachée 
ou autre chose [...] Si on vous dit que j’ai une double vie avec 
Mathieu Gallet, c’est mon hologramme »), sur la scène du 
théâtre Bobino, propriété de Jean-Marc Dumontet, pygmalion 
de l’humoriste Nicolas Canteloup, présenté au couple par Line 
Renaud, qui viendra seconder « Brigitte » dans la mise en scène 
du « petit Macron ». Dans la foulée est publiée une couverture de 
Closer barrée d’un « non, il n’est pas gay » (10 février 2017) ainsi 
qu'un entretien à Têtu (« Si j'avais été homosexuel, je le dirais 
et je le vivrais », 26 février 2017). Le 24 juillet 2018, au cœur 
de l’affaire Benalla, Emmanuel Macron, trouvant visiblement 
l'exercice très amusant, démentira donc pour la cinquième fois 
publiquement (du jamais vu!) son homosexualité: « Alexandre 
n’a jamais été mon amant. » 





Des démentis qui n’enlèvent rien à la mobilisation constante 
en faveur d'Emmanuel Macron des groupes de pression 
homosexuels. À l’image d’Albin Serviant, représentant de 
la French Tech à Londres, « poisson-pilote » de la levée de 
fonds d’En Marche ! qui, à la fin de l’année 2018, s’associera 
avec Marc-Olivier Fogiel pour relancer Têtu avec l’aide 
de Jean-Jacques Augier, homme d’affaires socialiste (bras 
droit d’ André Rousselet aux Taxis G7), ancien actionnaire 
de Têtu, trésorier des campagnes de François Mitterrand et 
de François Hollande, rallié depuis à Emmanuel Macron. 


L'éditorialiste Nicolas Domenach a tout de même décrit un 
Emmanuel Macron « libéral en économie, libéral en matière 
de mœurs » (La Nouvelle Édition, Canal +, du 7 avril 2016) et 
Alexis du Réau de la Gaïignonnière a raconté dans plusieurs 
vidéos postées sur Youtube à visage découvert, comment, en 
2013, au cours d’une de ces soirées privées échangistes prisées 
par les « zélites » (politiques, avocats, hommes d’affaires, show- 
business, etc.) à laquelle il était invité en tant qu’acteur de films 
pornographiques, il aurait « sodomisé » Emmanuel Macron. 


FAITS & DOCUMENTS 
ENQUÊTE 


du 15 juin au 15 juillet 2021 









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Publiquement, Emmanuel Macron a démenti pas moins 
de cinq fois être un homosexuel. Du jamais vu, d’au- 
tant que l'exercice semble particulièrement l'amuser. 
Comme si ce petit numéro, son préféré, était décidément 
un « plaisant dérivatif »... 









Rappelons ici que le milieu gay est omniprésent dans 
l'entourage des Macron. Ce qui n’est pas aisé à décrire, la 
révélation non autorisée de cette appartenance à ce qui 
s’est constitué en puissant réseau (parfaitement décrit par 
le journaliste Frédéric Martel), relevant pour la justice de 
l'atteinte à la vie privée. Cette question constitue pourtant 
l'arrière-plan de beaucoup de recrutements, de cooptations et 
en définitive, de faits politiques, que l’on ne peut expliquer 
sans avoir intégré cet indicible paramètre. Comment, par 
exemple, raconter l’histoire des membres de la bande de 
Poitiers, ces militants du Mouvement des jeunes socialistes 
(MJS) constitués en courant du macronisme, qui avaient 
surnommé « Maman » leur mentor, la fabiusienne Anne 
Rubinstein, actuelle directrice de cabinet de Martin Hirsch 
à l’AP-HP, qui fut le premier chef de cabinet d’Emmanuel 
Macron à Bercy ? 


De fait, cette ambiguïté, c’est-à-dire la sincérité du couple, et en 
même temps le sentiment saisissant qu’il y a un truc, provoque 
chez ceux qui ont eu affaire à « Brigitte et Emmanuel » un 
profond malaise: « Le jeune homme rangé, capable de folle 
passion, parle de lui aussi beaucoup, touche beaucoup, mais 
dit peu. Et ne trahit pas forcément ce qu’il ressent. Une 
élue socialiste va jusqu’à s’étonner, paradoxalement, de sa 
manière “de ne pas regarder les femmes comme les autres 
hommes politiques”. [...] “Il a un côté asexuel”, ose-t-elle. 
Même constat côté hommes. “Ils ne les regardent pas plus”, 





souligne, catégorique, un journaliste qui le suit. Sans ambages, 
un éminent socialiste tranche: “Il n’a pas d’affects” [...] Un 
homme toujours prompt à charmer, à ravir son auditoire, mais 
qui serait terriblement froid, dedans » (Les Macron). 


« Ce couple improbable est assez pervers. “Il est ambigu. Je 
ne comprends pas ce mec” », dit d’ailleurs Sarkozy à propos 
de Macron » (Le Grand manipulateur). Et Nicolas Sarkôzy 
de livrer: « Que voulez-vous que j'en pense? Il est cynique, 
un peu homme, un peu femme, c’est la mode du moment. 
Androgyne. Ce qui vous plaît chez Macron, c’est que vous 
aimez toujours ceux qui ne vous obligent pas à choisir » (Le 
Point, 12 mai 2016). « Toutefois, malgré l’étalage récurrent 
de [l’histoire de leur couple] dans des centaines d’articles, 
de reportages, de livres — ce qui oblige à l’évoquer — nous ne 
savons rien de la nature exacte de leur relation (« proximité 
sensible » ?), ni à cette époque ni après », écrit Éric Stemmelen. 
« Et s’il faut sonder les cœurs et les reins, la vérité sort peut- 
être de la bouche de la mère d’Emmanuel. Lorsqu'elle veut 
démontrer la stabilité du couple et la fidélité de son fils, elle a 
cette phrase plus révélatrice qu’elle ne le croit: “On pourrait 
déshabiller Laetitia Casta devant lui que cela ne lui ferait 
rien” » (Opération Macron). Une mère devant laquelle 1l se 
serait exclamé, lorsqu'il était en khâgne, « maman, j'aime 
toujours Brigitte ! » (rapporté par Anne Fulda dans Un Jeune 
homme si parfait). Et que penser de cette confidence de Jean- 
Baptiste de Froment, son condisciple à Henri-IV, qui assure 
qu’il « ne donnait pas le sentiment de s’intéresser aux filles ». 
Le fait qu’« Emmanuel » ne « s’intéresse pas aux filles », mais 
que sa relation avec « Brigitte » soit unanimement décrite 
comme authentique — l’«élément de vérité» dépeint par 
Emmanuel Carrère — continue de constituer pour beaucoup 
une énigme. Pour trouver la clef de cette énigme, suffirait-il, 
comme souvent, de chercher la femme? 


La légende de l’écrivain Macron 


Cette énigme crée une certaine gêne chez les interlocuteurs 
du couple, un malaise parfaitement raconté par Michel 
Houellebecq le 17 janvier 2017 sur France 2 : « Il est bizarre, 
on ne sait pas d’où il vient. J’ai essayé de faire une interview 
avec lui... Les gens qui parlent très bien, franchement, pour 
arriver à leur faire dire quelque chose, une vérité quelconque, 
c’est dur. » L'interview en question fut publiée dans Les Inrocks 
en juin 2016, une légitimation du ministre par l’écrivain à la 
renommée internationale qui, en retour, sera promu au grade de 
chevalier de la Légion d’honneur en février 2019. 


Un entretien signifiant au passage, qu’à l’époque, à la manière 
de Grégoire Chertok, le patron opérationnel de Rothschild & 
Cie (cf. F&D 496), Matthieu Pigasse, propriétaire des Inrocks 
et patron à Paris de Lazard (les banquiers d’affaires aspirent 
toujours à être autre chose que des « banquier d’affaires »), 
se mit, de gré ou de force, au service d Emmanuel Macron, 
son rival ultime dont il savait pourtant qu'il l’éclipserait 
définitivement. Cet entretien avec Michel Houellebecq dont 
aurait sans doute rêvé Pigasse lui-même, participe d’une 
communication ayant toujours privilégié les grands auteurs 
(mettons ici de côté Philippe Besson dans VSD et Marcela 
Iacub dans Closer...), avec notamment un portrait du couple 
paru dans The Guardian (20 octobre 2017) sous la plume 
d’Emmanuel Carrère ou encore un portrait de « Brigitte » 


du 15 juin au 15 juillet2021 FAITS & DOCUMENTS 
ENQUÊTE 


signé par Simon Liberati dans Grazia (8 mars 2019). Une 
manière d'entretenir le mythe de l’« écrivain Macron » et de 
faire cautionner la « légende » par le haut... 


Nous l’avons vu, la geste macronienne avait, dans sa première 
mouture, inclus une « professeure de français » énamourée 
« lisant devant la classe les poèmes » de son «élève de 
première », ce « fou qui sait tout sur tout ». Une fois la première 
version jetée à la poubelle, Emmanuel Macron fut, cette fois, 
présenté en auteur d’un roman jamais publié. Cet improbable 
roman au titre évocateur, Babylone Babylone, aurait été écrit 
pendant ses années de classes préparatoires, mais aurait été 
refusé par l’éditeur Jean-Marc Roberts (dans l’impossibilité 
de démentir puisque décédé en 2013...), nous explique Claude 
Askolovitch dans Vanity Fair. Il s'agirait d’une grande 
fresque picaresque sur l Amérique latine du temps d’ Hernan 
Cortés, qu’ Emmanuel Macron aurait fait lire à un de ses amis 
de prépa, forcément « époustouflé » par « l'extrême maîtrise 
de la langue »: « Il y avait des passages terribles, des scènes 
de sacrifices humains; tout était raconté avec luxe de détails 
saisissants » lit-on dans Les Macron paru début 2017. Quelques 
mois plus tôt, dans La Stratégie du météore, « Brigitte » avait été 
présentée comme l’unique lectrice de ces manuscrits (le copain 
de prépa et Jean-Marc Roberts n’avaient pas encore été ajoutés 
au storytelling...) — « ces » manuscrits, parce qu'il y en avait 
maintenant un deuxième, « genre polar », pour élargir la palette. 
Puis, dans son entretien à Jérôme Garcin (« Gide me montre le 
chemin qui conduit du cérébral à une sensualité débordante », 
L'Obs, 16 février 2017), la liste des œuvres d’ Emmanuel 
Macron s’allongera encore: « Confidence pour confidence, j'ai 
écrit deux autres romans et aussi des poèmes... » 





Dans Président cambrioleur, Corinne Lhaïk a quelque peu 
écorné la légende de l’« écrivain Macron » : « Quand il découvre 
Le Chemin des morts de François Sureau, il a envie d'écrire un 
texte similaire, avec la même démarche de sincérité: dans cet 
ouvrage, Sureau parle d’un drame personnel. [...] La parution de 
Révolution, fin novembre 2016, a été précédée d’une tentative 
restée secrète: au printemps 2016, il termine la rédaction d’un 
livre où 1l se raconte, parle de ses racines, de sa grand-mère, 
de ses classes préparatoires, de son rapport à l’éducation. Ils 
sont quatre ou cinq dans le cercle des intimes à en voir pris 
connaissance. Tous jugent le texte très autocentré, sans qualités 
littéraires évidentes. Le futur candidat n’insiste pas. [...] Sureau 
recommande un livre personnel et un éditeur de prestige, 
Antoine Gallimard. Il n’aura ni l’un ni l’autre. Macron préfère 
Bernard Fixot, plus connu dans les supermarchés; seuls les 
deux premiers chapitres racontent un peu de la vie du candidat. 
Le reste verse dans l’empilement de collaborations d’experts, 
de l’ Afrique, de la sécurité, des retraites... » 


Quand il fut admis que pour Emmanuel Macron, le théâtre avait 
été une véritable « révélation » (Un Jeune homme si parfait) et 
l’occasion de la constitution d’un binôme avec son metteur en 
scène (« Brigitte »), la communication se porta inévitablement 
sur leur travail d'écriture comme véritable lieu de la rencontre, 
étant entendu qu’il reste compliqué pour un président de la 
République de se présenter en simple comédien. 


Là encore, la geste macronienne semble véritablement codée. 
L'histoire raconte qu'après avoir joué l’épouvantail dans La 
Comédie du langage de Jean Tardieu (images diffusées à 


FAIT S DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021 
sn QUÊTE 


la télévision), Emmanuel Macron et le metteur en scène se 
seraient retrouvés, pour la nouvelle saison, tous les vendredis 
soir au domicile de « Brigitte » afin d’écrire les rôles supplé- 
mentaires pour que la pièce puisse coïncider avec le nombre 
d'élèves inscrits à l’atelier théâtre: « c'était surtout des rôles 
de filles qui manquaient » a signalé un témoin accrédité à la 
journaliste Sylvie Bommel (77 venait d’avoir 17 ans). Après 
avoir buté sur la consonance proche entre Macron et le Macaron 
d'Amiens que commercialisent les Trogneux (les deux étant 
« sucrés à l’extérieur et mou à l’intérieur » selon un bon mot 
qui circula en 2015 à l’Assemblée nationale), la quasi-totalité 
des biographes se sont étonnés de la quasi-homonymie entre 
l’auteur de la pièce réécrite par le couple, le dramaturge italien 
Eduardo De Filippo, et le futur Premier ministre, Édouard 
Philippe. Dans la même veine, le thème de la pièce est tota- 
lement prémonitoire, puisque L'Art de la comédie joue sur la 
confusion entretenue chez le spectateur entre les notables d’une 
ville qu’un préfet doit recevoir, et les membres d’une troupe 
d'acteurs qui ont usurpé leur identité. 





Invention de personnages, usurpation d'identité... Ces pro- 
cédés ont-ils été utilisés par les communicants pour écrire 
les « vertes années », celles de Macron avant Brigitte et de 
Brigitte avant Macron? C’est la question qui ressort de la 
lecture des différents ouvrages consacrés au couple, tant le 
flou, déjà épais quant à la période couvrant 1992 à aujourd’hui, 
vire cette fois à l’opacité la plus totale... 


Macron avant Brigitte 


` 


Contrairement à ce que pourrait laisser penser la 
superproduction multi-supports (presse, livres, documentaires, 
etc.), les « vertes années » d’Emmanuel Macron restent 
terriblement compliquées à raconter, la documentation étant 
extrêmement faible et les témoins finalement très rares. Déjà, 
en 2015, Marc Endeweld remarquait : « La Picardie, c’est un 
peu le jardin secret du jeune ministre de l'Économie. Il n’en 
parle jamais, et son cabinet tient régulièrement à distance 
les journalistes du quotidien local, le Courrier picard » 
(L'Ambigu monsieur Macron). 


Pour expliquer le vide biographique que constitue l’enfance 
d’Emmanuel Macron, Sylvie Bommel (I venait d’avoir 17 
ans, JC Lattès, 2019) et Hervé Algalarrondo (Deux Jeunesses 
françaises, Grasset, 2021), deux journalistes ayant, chacun 
de leur côté, tenté d’enquêter en dehors des clous, ont fini 
par se rabattre sur la thèse de « l’enfant de remplacement », 
une explication peu convaincante fournie, à la fin de l’année 
2016, à Anne Fulda (Un Jeune homme si parfait) et à Claude 
Askolovitch (Les Secrets d'enfance d’'Emmanuel Macron et 
de Najat Vallaud-Belkacem, Vanity Fair, février 2017). 





7 


Comme pour la vente d’Alstom à General Electric, autre 
épisode clé de la biographie d’Emmanuel Macron, le récit 
officiel de l’enfance d’Emmanuel Macron fut en effet couché 
sur le papier par Claude Askolovitch, un journaliste n’ayant 
pas hésité, pendant sa carrière, à jouer de sa proximité avec 
Ramzi Khiroun (cf. L'Ombre de Dominique Strauss-Kahn) 
afin d’obtenir la tête de ceux qui lui faisaient de l’ombre 
(cf. Les Gourous de la com’. Trente ans de manipulations 
politiques et économiques, Aurore Gorius et Michaël 
Moreau, La Découverte, 2012). 














À l’époque, peu après la déclaration de candidature 
d’ Emmanuel Macron, ses mutiques parents avaient été sortis 
de leur formol pour distiller quelques messages aux journalistes 
et boucher les trous du storytelling à quelques mois de 
l élection présidentielle. Mise en scène, la mère d’Emmanuel 
Macron, Françoise Noguès, pédiatre de formation devenue 
médecin-conseil à la Sécurité sociale, avait ainsi expliqué à la 
portraitiste du Figaro et à celui de Vanity Fair qu’ Emmanuel 
Macron était un « enfant de remplacement », c’est-à-dire un 
enfant prisonnier d’une conception intervenue dans la foulée 
d’une sœur mort-née. Justification purement psychologique, 
la « disparition de cette petite fille sans nom, de cette petite 
fille qu'Emmanuel avait pour mission de faire oublier » (Un 
Jeune homme si parfait) fera office de réponse à toutes les 
questions que posent les premières années désespérément 
vides de la biographie officielle d’ Emmanuel Macron. 


Toujours auprès d’ Anne Fulda et de Claude Askolovitch, 
les parents du futur président de la République se rappel- 
leront subitement un amour de jeunesse, une fille de sa 
classe venue une fois chez eux à Amiens (« elle s’appelle 
Anne-Laure. Elle est juive » précise Claude Askolovitch). 
Neuropsychiatre au CHU d’Amiens, le père, Jean-Michel 
Macron, l'aurait même comptée ensuite parmi ses 
étudiantes en médecine. Cette péripétie accréditant une 
hétérosexualité originelle deviendra un des « tubes » des 
contenus fournis par 6Médias aux médias du groupe Prisma 
(cf. Saturer Internet, F&D 498) et sera bientôt brodée, puis 
feuilletonnée : « amoureux rêveur », il se serait ainsi fait 
renverser par une voiture en sortant de chez elle, rapporte 
Vanity Fair, tandis qu'avec Renaud Dartevelle, un des 
témoins accrédités de la scolarité d’ Emmanuel Macron à La 
Providence (avec Jean-Baptiste Deshayes et Cécile Falcon) 
et véritable couteau suisse pour en rajouter une couche au fil 
des biographies sans que les contradictions entre ses témoi- 
gnages successifs posent problème à quiconque, cette jeune 
fille « portait parfois le foulard, elle nous expliquait, je le 
mets pour pouvoir aller à la synagogue » (Deux Jeunesses 
françaises). Les témoins accrédités seraient-ils utilisés pour 
envoyer des signaux politiques ? 





Dans Les Macron, il est indiqué qu’ Emmanuel Macron a été 
scolarisé à l’école élémentaire de son quartier, l’école Delpech. 
Aucune photo de classe de ces années d’école primaire n’est 
connue. Puis, lors de son entrée au collège, l’enfant aurait 
été scolarisé à La Providence où il se serait tout de suite lié 
à Renaud Dartevelle (cf. La Rencontre), le principal témoin 
de ses « vertes années » qui évoque toutefois une « relation 
assez superficielle », tout en précisant à Hervé Algalarrondo 
avoir été « reçu chez ses parents ». Au sujet de ses années de 
collège, il a été rapporté que Macron avait effectué son stage 
de fin de troisième à Paris, dans l’édition, chez Bordas. Et 
c’est à l’occasion de la remise de son rapport de stage qu’il 
aurait tapé dans l’œil de « Brigitte »... 


Pour la petite histoire, l’abbé Danicourt écrivait en 1885, 
qu’« aussi loin que remontent les actes de l’état-civil d’Authie 
(1663), aussi haut remonte la famille Macron ». Lors de 
recherches généalogiques à Hesdin (Pas-de-Calais), La Voix 
du Nord (5 décembre 2012) a retrouvé la trace d’un mariage, 
le 9 septembre 1836, entre une Honorine Trogneux et un 
certain M. Macron, prénommé Narcisse... 


du 15 juin au 15 juillet 2021 FAITS & DOCUMENTS 
ENQUÊTE 






Né le 21 décembre 1977 à Amiens (Somme), Emmanuel 
Macron aurait passé son enfance dans la maison que ses 
parents, un couple de médecins, ont achetée dans le quartier 
huppé d’Henriville en 1982, tout en haut de la rue Gaulthier- 
de-Rumilly. Ses parents ont divorcé en 1990 selon Sylvie 
Bommel, en 2010 selon le site généalogique Roglo, la base 
de données fondée par Daniel de Rauglaudre réputée faire “ 
autorité, et sur lequel la communication présidentielle semble 
très active. Après leur séparation, la mère se serait installée à 
Paris tandis que le père serait resté à Amiens et aurait eu un 
quatrième enfant, Gabriel, né d’une liaison avec Hélène Joly, 
médecin psychiatre à l’Institut médico-éducatif de la Somme. 


Dans la biographie officielle, la famille est présentée à la 
fois comme «de tradition mendésiste » (Brigitte Macron. 
L’Affranchie), mais aussi, par Emmanuel Macron, comme 
un lieu où «il y avait beaucoup de préjugés à combattre » 
(Révolution). Tout cela reste terriblement vague, gazeux... 


Le Monde, qui notait que les parents d’Emmanuel Macron 
« planent comme des fantômes sur sa biographie » (Le Vieil 
homme et le (futur) président, 9 novembre 2018), s’est 
dernièrement essayé à produire un portrait du père, Jean- 
Michel Macron. Confronté à l’absence de « biscuit », le 
quotidien du soir s’est finalement rabattu sur la relation des 
trois derniers présidents de la République avec leur père, ou 
plutôt, sur leur absence de père (cf. Les Présidents et leur 
père, une histoire compliquée, Le Monde, 2 janvier 2021). 
Dans cet article où Emmanuel Macron est présenté comme 
un « grand acteur » sous « emprise », sa biographie est très 
explicitement présentée par le « quotidien de référence » 
comme une « légende officielle »... 


Les « vertes années » d’Emmanuel Macron ne tenant qu’en 
quelques lignes, Le Monde a donc choisi de réorienter son 
papier avec des éléments relatifs à Nicolas Sarküzy et à 
François Hollande, exactement comme Claude Askolovitch 
l'avait fait en croisant ses jeunes années avec celles de Najat 
Vallaud-Belkacem et comme le fera Hervé Algalarrondo 
avec celles d’Édouard Louis. 


Sylvie Bommel résume l’impression générale qui se 
dégage de la répartition des rôles dans la description de sa 
famille fournie par Emmanuel Macron: « Dans Révolution, 
Emmanuel consacre cinq pages à sa grand-mère maternelle. 
Contre à peine une à ses parents. Et deux lignes à son frère, 
Laurent et à sa sœur, Estelle. [...] Aucune mention non 
plus de son demi-frère Gabriel, né en 2005, de la seconde 
union de son père, et encore moins de la compagne de ce 
dernier, Hélène, psychiatre dans un hôpital d’ Amiens [...]. 
En revanche, il prend soin de citer le prénom des trois enfants 
de Brigitte et de leurs conjoints ainsi que ceux de ses sept 
petits-enfants (elle en a eu un huitième depuis). Le jour de 
l'investiture, d’ailleurs, on ne verra qu’eux, les Auzière, sur 
le tapis rouge qui mène au perron de l'Élysée. Tiphaine et 
Laurence, blondes, minces et élégantes [...] et leur frère 
Sébastien, tous accompagnés de leurs conjoints ou conjointes 
et de leurs enfants [...] La distance entre Emmanuel et les 
siens est à double sens. Un jour de 2014, un collègue de 
son frère Laurent à l’hôpital lui demande si ce Macron qui 
travaille avec François Hollande à l'Élysée est un membre 


de sa famille. Le cadet répond: “Non, c’est un vague cousin. 





CE 


means | || 


| 





Le 18 mai 2017, Paris Match (n° 3548, page 66 ici reproduite) 
publiait les photos de famille réalisées lors de l'investiture 
d’ Emmanuel Macron. En bas, ce dernier apparaît pleinement | 
avec les siens dans la famille de « Brigitte » tandis qu'en | 
haut, «sa» famille — avec laquelle « Brigitte » ne pose 
pas — ressemble davantage à un assemblage contre-nature 
d’inconnus hétéroclites, de figurants... | 


Emme PE 





Tout le monde me casse les pieds avec ce mec !” Même son de 
cloche du côté de sa sœur Estelle: “Quant à la sœur. Estelle 


on ne l’a pratiquement jamais vue” assure Nicole, une cousine 
germaine de Françoise Noguès » comme le rapporte Hervé 
Algalarrondo au sujet de ses vacances dans les Pyrénées 
durant son enfance. 





Celui qui est allé le plus loin dans sa tentative de racon- 
ter l’enfance d’Emmanuel Macron est sans doute Hervé 
Algalarrondo dans Deux Jeunesses françaises. Son enquête 
ambitionnait de croiser les destins d’ Emmanuel Macron et 
d’Édouard Louis (« je me rends compte qu’en tant qu’enfant 
gay, je suis un acteur-né »), deux Amiénois ayant conquis 
Paris malgré des origines sociales opposées. Une fausse bonne 
idée pour cet ancien journaliste du Nouvel Observateur, un 
des rares à avoir admis honnêtement dans son ouvrage être un 
électeur d Emmanuel Macron. 


On sent en effet à chaque page que son enquête fut une longue 
série de revers, une succession de culs-de-sac. Côté Macron, 
Algalarrondo a fait chou blanc à chaque étape, reconnaissant 


FAITS DOCUMENTS du 15 juin au 15 juillet 2021 
ENQUÊTE 








même, à mi-chemin, que son angle n’était peut-être pas le bon 
et que ce qui caractérisait Macron était bien « cette répugnance 
pour la province ». Voici donc un bref tour d’horizon du 
calvaire d'Hervé Algalarrondo, le seul journaliste ayant 
enquêté à fond sur l’enfance d’ Emmanuel Macron. 


— Les racines picardes. « Authie, le berceau de la famille 
Macron. Un village plus petit qu’Hallencourt dont un arrière- 
grand-père d’ Emmanuel, Henri, a été le maire. C’est là qu’il a 
sa tombe, tout comme André, son fils, l’un des grands-pères 
d’'Emmanuel. Plus un seul Macron n’habite Authie depuis 
des décennies, mais “il y en a plein le cimetière”, m’a lancé 
drôlement le maire actuel, Honoré Froideval. [...] Avant 
d'entrer en politique en 2012, Emmanuel Macron a plusieurs 
fois songé à se présenter à des élections, municipales ou 
législatives. Jamais en Picardie, presque toujours dans le Pas- 
de-Calais. D’où ce jugement lapidaire de Gilles de Robien, 
peu défavorable a priori au président de la République 
puisque proche de la famille Trogneux : “Macron n’est pas 
un Amiénois, c’est un Touquettois !” [...] Macron président 
a fait pire. Il a séché la commémoration du centenaire de 
la bataille d’ Amiens, le 8 août 2018. Macron l Amiénois a 
brillé par son absence tandis que Theresa May, alors Premier 
ministre du Royaume-Uni, et le prince William, l’un des 
petits-fils de la reine Élisabeth, étaient présents, les Anglais 
ayant été en nombre aux côtés des Français dans cette bataille 
de la guerre de 14-18 qui marqua le début de l’offensive 
alliée victorieuse. [...] Emmanuel Macron n’a pas assisté 
à la célébration alors que le berceau de sa famille, Authie, 
était sur la ligne de front lors d’une autre bataille célèbre, la 
bataille de la Somme, le château du village a abrité un hôpital 
de campagne. Alors qu’il sait pertinemment, il l’a évoqué 
dans plusieurs discours, que la Picardie garde les stigmates 
des guerres contre l’ Allemagne. Au-delà du XX" siècle. Dury, 
la commune proche d’ Amiens où habitait son parrain, Jean- 
Michel Noguès, a érigé une stèle en mémoire de la bataille 
dont elle a été le théâtre le 27 novembre 1870. » 


— Les racines pyrénéennes. « Lors d’une visite en Andorre, 
il s’est présenté en voisin, comme « un enfant des Pyrénées ». 
[...] Emmanuel Macron ne manifeste en revanche que peu 
d'intérêt pour la culture et les traditions bigourdanes. Ça 
s’est exprimé de manière caricaturale en Corse, à l’occasion 
d’un dialogue avec un élu nationaliste, en février 2018, 
dialogue relevé par un journaliste de L'Express, Michel 
Feltin-Palais. “Moi j'avais des arrière-grands-parents qui 
étaient bigourdans, ils ne parlaient que le pyrénéen, a lancé 
le président à Xavier Luciani. Leur seul objectif dans la vie 
était que ma grand-mère aille à l’école de la République pour 
apprendre le français. Pensez-y”. En l’occurrence, Macron a 
fait montre d’une inculture étonnante. Plusieurs langues dites 
régionales sont parlées dans les Pyrénées, du basque à l’ouest 
au catalan à l’est. En Bigorre, on parle le bigourdan, une 
variante de l’occitan. Le pyrénéen n’existe pas. » 


— Une famille introuvable. « C’est encore plus fermé que 
je l’imaginais. Seuls ses professeurs et ses rares copains de 
la Providence [NDA : Renaud Dartevelle] sont diserts et ils 
ont souvent déjà parlé à d’autres journalistes ou biographes. 
[...] La famille amiénoise reste claquemurée. [...] Jean- 
Michel Macron n’a répondu à aucun mail de relance. Je n’ai 
même pas pu accéder à Lucette, la veuve de Jean-Michel 


FAITS & DOCUMENTS 
ENQUÊTE 


Noguès, l’oncle et parrain d’Emmanuel. Pour parvenir à son 
pavillon de Dury, il faut emprunter une longue allée. Alors 
que je pose un pied sur la terrasse en ciment, la porte s’ouvre. 
Une jeune femme apparaît, probablement l’une de ses deux 
filles. À peine me suis-je présenté qu’elle me coupe: « Nous 
ne recevons personne. » Avant d'ajouter, en esquissant 
un sourire, « de notre côté, vous n’obtiendrez rien », et de 
refermer la porte. L’autre tante maternelle, Marie-Christine 
Noguès, s’est montrée tout aussi expéditive. Je suis passé 
à l’improviste à son cabinet d’ophtalmologiste de la Vallée 
des Singes, au sud d’ Amiens. « Oh! Il faut que je demande 
si je peux vous parler », souffle-t-elle quand je l’aborde 
entre deux patients. Lorsque je rappelle — sans beaucoup 


du 15 juin au 15 juillet 2021 


d'illusions — pour connaître le résultat de sa consultation, 
son secrétaire me signifie sèchement que sa patronne ne veut 
plus « être embêtée ». [...] Françoise Noguès ne manifeste 
aucune envie de me rencontrer. Ayant déniché son numéro 
de portable, je lui ai adressé plusieurs textos auxquels elle n’a 
pas répondu. [...] C’est alors que je crois avoir « la » bonne 
idée, m'a er à Brigitte. [...] C’estelle qui s 
vec la famille Macron. Un igour ’a di ri 

lors d’un passage du président à Bagnères. Par amabilité, il 
lui a demandé des nouvelles de sa sœur, Estelle, qui vit non 


, . o 


loin. l ron s y 


savoir quoi répondre ». 








(Suite au prochain numéro)