N° 500
>> MACRON AVANT BRIGITTE
>> BRIGITTE AVANT MACRON
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FAITS & DOCUMENTS
LETTRE D'INFORMATIONS CONFIDENTIELLES FONDĂE PAR EMMANUEL RATIER
ENQUĂTE LE MYSTĂRE BRIGITTE MACRON
Les photographies de « Brigitte » pendant ses annĂ©es dans lâenseigne-
ment ont battu en brÚche les descriptions de « pin-up » en mini-jupe
intégralement bidonnées, inventées de toutes piÚces afin de créer une
continuité avec le produit médiatique « Brigitte » lancé en 2015. De cette
stratégie du mensonge systématique se dégage en fait une relation manipu-
latrice au monde extérieur: un mode opératoire bien rodé, perfectionné
année aprÚs année et implacablement exécuté par un couple pervers.
« L'Histoire tout entiÚre était un palimpseste
gratté et réécrit aussi souvent que c'était
nécessaire. »
George Orwell, 7984, 1949.
KKK
« Quand je lis des choses sur notre couple,
j'ai toujours lâ impression de lire lâhistoire
de quelqu'un dâautre. Pourtant, notre
histoire est si simple. »
Brigitte Macron, Elle, 18 août 2017.
« Oui à des couvertures de magazines avec
Brigitte. Rien ou presque sur la véritable
histoire de leur couple. »
Deux Jeunesses françaises, Hervé
Algalarrondo, Grasset, 2021.
« Câest lors dâun dĂźner chez Alain Minc, Ă
lété 2014, que la future premiÚre dame a
estimé que son mari devait se jeter dans le
grand bain de la présidentielle dÚs 2017, et
ne pas attendre 2022, comme de nombreuses
personnes lui conseillaient alors, car son
Ăąge, disait-elle, deviendrait un handicap
indĂ©passable pour le couple: âOn ne peut
pas attendre 2022. Car on a un Ă©norme
problĂšme. Le problĂšme, câest moi, câest ma
gueule. Donc il faut accĂ©lĂ©rer.â [...] âIls sont
un seulâ, remarque un intime du couple.
âElle a sĂ»rement une ambition politique
plus forte que luiâ, ose un autre. Ces
confidences en disent long sur son véritable
rĂŽle, Ă©loignĂ© des âplans comâ Ă©laborĂ©s
pour la presse people et audiovisuelle. De
nombreux participants Ă la campagne sâen
sont vite aperçus. Lâun dâentre eux va mĂȘme
encore plus loin dans lâanalyse: âBrigitte a
crĂ©Ă© lâhomme, lâenvie, lâĂȘtre qu'il est. Le
phĂ©nomĂšne, la machine Macron, elle lâa
pensé. Elle a senti un potentiel quand il était
jeune, et lui a donné un destin. Il lui doit
tout.â Emmanuel Macron ne dit pas autre
chose, lorsqu'il remercie sa femme le soir
du premier tour par ces mots quâon croirait
sortis dâun soap opera: âĂ Brigitte, toujours
présente et encore davantage, sans laquelle
je ne serais pas moiâ ».
Le Grand Manipulateur, Marc Endeweld,
Stock, 2019.
« En commençant par de nombreuses fausses
informations, jugées plus acceptables par
l'opinion, lâopĂ©ration Macron a Ă©tĂ© menĂ©e par
de vrais professionnels de la communication,
qui ont rĂ©Ă©crit le rĂ©cit et lâont dĂ©livrĂ© aux
barbouilleurs complaisants et paresseux,
qui nâont procĂ©dĂ© Ă aucune vĂ©rification. Bel
exemple de la diffusion systématique de
falsifications destinĂ©es Ă tromper lâopinion, de
Fake news, comme Ăąnonnent les policiers de
la pensée... [...] Nous sommes les témoins
dâune opĂ©ration sans prĂ©cĂ©dent dans lâhistoire
électorale française, une fraude monstrueuse, et
je pĂšse mes mots: je tomberais dans lâexcĂšs si
je parlais dâescroquerie en bande organisĂ©e. [...]
Pendant deux ans, tous les médias ont offert au
candidat Macron un espace publicitaire gratuit,
qui Ă©quivaut Ă des dizaines et des dizaines de
millions dâeuros de publicitĂ© rĂ©dactionnelle,
renforcé par la publicité comparative, tout
aussi gratuite, que constituent les divers articles
et reportages démolissant systématiquement
certains de ses concurrents ».
Opération Macron, Eric Stemmelen,
Ăditions du Cerisier, 2019
du 15 juil. au 1â sept. 2021 FAITS DOCUMENTS
ENQUĂTE
Macron avant Brigitte
En enquĂȘtant sur les « vertes annĂ©es » d Emmanuel Macron,
dans le cadre de son enquĂȘte Deux Jeunesses françaises (Op.
cit.), le journaliste HervĂ© Algalarrondo a fait chou blanc Ă
chaque Ă©tape: « Câest alors que je crois avoir « la » bonne
idĂ©e, m'adresser Ă Brigitte. [...] Câest elle qui gĂšre les
rapports avec la famille Macron. Un Ă©lu bigourdan m'a dit
sa surprise, lors dâun passage du prĂ©sident Ă BagnĂšres. Par
amabilitĂ©, il lui a demandĂ© des nouvelles de sa sĆur, Estelle
qui vit non loin. Emmanuel Macron sâest tournĂ© vers Brigitte
pour savoir quoi répondre. »
Algalarrondo raconte sâĂȘtre tournĂ© Ă son tour vers « Brigitte »,
mais sâĂȘtre retrouvĂ© face au mur mis en place par lâĂlysĂ©e :
« Jâobtiens assez facilement un rendez-vous avec Pierre-
Olivier Costa, le directeur de cabinet de Brigitte Macron.
Ătonnamment, notre entrevue nâaura pas lieu Ă lâĂlysĂ©e mais
dans un cafĂ© proche. Je nâai pas le souvenir dâavoir jamais
rencontré un collaborateur élyséen hors du palais présidentiel.
[...] En se levant, Pierre-Olivier Costa me glisse cependant :
âNaturellement la prĂ©sidente ne pourra pas vous voir sans en
parler dâabord avec le prĂ©sidentâ [...] Joseph Zimet [NDA:
alors directeur de la communication de l'ĂlysĂ©e] commence
par me dire: âAlors, câest vous qui prĂ©parez une biographie
non officielle du président.⠻
Câest donc, selon la biographie officielle, chez sa grand-mĂšre
maternelle, Germaine NoguÚs, née Arribet le 5 octobre
1916 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), alors installée à Amiens
Ă quelques rues de chez ses parents, quâ Emmanuel Macron
aurait passĂ© lâessentiel de son enfance. Câest elle qui lâaurait
initié à la lecture, faisant office de répétitrice et lui assurant
ses excellents rĂ©sultats scolaires. Câest encore chez elle
qu'Emmanuel Macron raconte avoir « passé toutes [ses]
vacances d'Ă©tĂ© et dâhiver Ă BagnĂšres-de-Bigorre dans la
maison familiale. Jây ai appris Ă marcher, Ă pĂȘcher, Ă jouer
au rugby avec mes grands-parents » (La République des
Pyrénées, 11 avril 2017).
Ce qui contredit les affirmations de ses parents sur leurs
vacances, avec leurs enfants, dans différentes régions de
France et dans plusieurs pays. Sylvie Bommel présente son
Ă©poux Jean NoguĂšs (1914-2002) comme enseignant, tandis
qu'Hervé Algalarrondo décrit un ingénieur des Ponts et
Chaussées travaillant à Rouen. Toujours selon Algalarrondo,
Germaine NoguÚs aurait été en poste à Nevers, puis à Poix-de-
Picardie avant de finir sa carriĂšre Ă Amiens comme directrice
du collĂšge Sagebien au sud dâHenriville, le quartier amiĂ©nois
des Macron et des Trogneux.
Le personnage de « Manette » a plusieurs utilitĂ©s. Dâabord,
il permet en substance dâexpliquer lâabsence de photos et
de souvenirs d'enfance dâEmmanuel Macron: « Ainsi ai-je
passé mon enfance dans les livres, un peu hors du monde.
C'Ă©tait une vie immobile » (RĂ©volution). Bien qu'il nâait
jamais officiellement habité chez elle, Emmanuel Macron
sĂšme le doute: « Je me souviens de ces matins tĂŽt oĂč j'allais
la rejoindre dans sa chambre et oĂč elle racontait ses anecdotes
de guerre, ses amitiés. Enfant, je reprenais chaque jour le
fil de la discussion interrompue et je voyageais dans sa vie
comme on reprend un roman. Et lâodeur du cafĂ© quâelle allait
préparer parfois dÚs le milieu de la nuit. Et la porte de ma
chambre entrouverte dĂšs sept heures du matin lorsque je
n'Ă©tais pas encore venu la rejoindre, sâexclamant avec une
inquiĂ©tude feinte: âTu dors encore?â ». « Selon plusieurs
témoins, Manette a vécu sa retraite cloßtrée chez elle, au
milieu des livres. Elle ne sort presque jamais, les piĂšces sont
plongées dans la pénombre. [...] à BagnÚres-de-Bigorre
aussi, les volets restaient souvent fermés, on ne la voyait
jamais dehors » (Deux Jeunesses françaises).
Ce rĂ©cit dâune « grand-mĂšre dont le parcours sâassimile
Ă une parfaite image dâĂpinal afin d'illustrer lâascension
rĂ©publicaine dâune fille du peuple » (Un Jeune homme si
parfait, Anne Fulda, Plon, 2017) a servi, dans un premier
temps, à rassurer François Hollande et les socialistes sur le
fait quâ« Emmanuel soit de gauche ». La « Maman Ninie » de
la geste mitterrandienne a-t-elle inspiré aux communicants le
rÎle attribué à « Manette » ?
Au tournant des années 1940 et 1950, Germaine NoguÚs,
parfaite contemporaine de François Mitterrand, a dâailleurs
coécrit, pour les éditions Hatier, plusieurs manuels scolaires
de cours complĂ©mentaires â lâactuel collĂšge â, signĂ©s de son
double nom dâĂ©pouse et de jeune fille, Germaine NoguĂšs-
Arribet: Histoire de France de Clovis Ă Henri IV (classe
de 5°), Découverte de la terre (classe de 6°) et Géographie
de la France mĂ©tropolitaine et de lâunion française (classe
de 3°). Emmanuel Macron nâa visiblement pas lu ce dernier
ouvrage, placé sous la direction du géographe Henri Boucau,
inspecteur gĂ©nĂ©ral de lâInstruction publique sous Vichy, oĂč sa
chÚre « Manette » écrivait: « Quand ils sont peu nombreux, les
Ă©trangers sâassimilent assez rapidement. Mais lorsqu'ils sont
trÚs nombreux, ils conservent leur langue et leur nationalité et
ils forment dans le pays de véritables ßlots étrangers : il y a des
villages polonais dans le Nord, et des villages italiens dans
le Gers. » Sans tomber dans lâanachronisme, on peut tout de
mĂȘme se demander si cette « Manette » est pas autant « de
gauche » que « Brigitte » est « de droite »...
AprÚs avoir été utilisée pour donner à Emmanuel un brevet de
socialisme, lâhistoire de « Manette » permettra dâinverser les
rĂŽles dans lâĂ©pisode de la trahison de François Hollande par
Emmanuel Macron. On se pince en effet à la lecture du récit
de lâĂ©pisode du dĂ©cĂšs de « Manette » par Nathalie Schuck et
Ava Djamshidi: « Un drame va briser lâamitiĂ© entre François
Hollande et son jeune conseiller. Le 13 avril 2013, Ă lâĂąge de
96 ans, la grand-mÚre chérie d Emmanuel Macron meurt dans
ses bras. Il sâest rendu Ă son chevet Ă Amiens. [...] DĂ©vastĂ©
par son dĂ©cĂšs, le jeune homme prĂ©vient l'ĂlysĂ©e quâil
sâabsente quelques jours pour prendre part aux obsĂšques.
Le lundi suivant, il est de retour pour une réunion matinale
prĂ©sidĂ©e par François Hollande. Le chef de lâĂtat ouvre la
porte, interpelle son conseiller, attablĂ© parmi dâautres. âAh,
lui lance-t-il. Tu es lĂ , toi. .â. En filigrane affleure le reproche
dâune absence prolongĂ©e. Emmanuel Macron reste interdit.
François Hollande poursuit: âAh oui, câest vrai, tu avais
une histoire de famille.â Des mots maladroits qui brĂ»lent le
cĆur de cet homme en deuil. Une âhistoire de familleâ ? Est-
ce ainsi quâil convient d'Ă©voquer la disparition de lâune des
figures les plus importantes de sa vie ? Le chagrin et la colĂšre
le submergent. Le conseiller politique Aquilino Morelle,
(Suite page 4)>>
FAITS DOCUMENTS du 15 juil. au 1â sept. 2021
ENQUĂTE
_ Les (rares) photographies dâenfance d'Emmanuel Macron
Issues de lâA/bum des 150 ans de l'Association des anciens Ă©lĂšves de La Providence, ces trois photogra-
phies, présentées partout comme les trois premiÚres connues d'Emmanuel Macron, le montrent de
gauche Ă droite lors de son baptĂȘme, sur le trombinoscope de sa classe de 5° et pendant une leçon. OĂč
sont passées les traditionnelles photos de bambins en culottes courtes? Et celles sur le tricycle, entouré
de ses parents? I| n'existerait donc aucune photo d'Emmanuel Macron enfant en famille? Nous raconte-
ra-t-on bientÎt qu'un incendie survenu chez les Macron aura tout détruit?
te
RE
au BUREAU. | $
plg y En cherchant bien, nous avons
| LENFANT CHĂRI
PRĂPARE B retrouvĂ© trois autres photogra-
7e 2 = phies d'Emmanuel Macron dans
F les années 1980 (toujours sans
sa famille). Diffusées une seule
et unique fois dans le n° 3547 de
Paris Match (10 mai 2017, page
reproduite ci-contre), ces photo-
graphies n'ont pas été diffusées
sur Internet comme câest dĂ©sor-
mais lâusage. Inexplicablement
elles n'ont pas été incorporées
aux biographies autorisées pro-
duites ultérieurement.
= Pour ĂȘtre tout Ă fait complet, la
premiĂšre photographie d'Em-
manuel Macron avec sa famille
a Ă©tĂ© diffusĂ©e dans le mĂȘme
exemplaire de Paris Match. Non
AU NIGERIA
TT Dâ, _ datĂ©e, elle semble prise pen-
DONT LEPĂRE
Be a mirn, Ă dant son passage Ă l'ENA, alors
RE -Y +: qu'il a déjà quitté le foyer depuis
an du A ages
une dizaine d'années.
>>(Suite de la page 2)
qui sâest pris d'amitiĂ© pour lui, emmĂšne boire un cafĂ©.
Macron se fĂąche : « Ce quâil mâa fait lĂ , je ne lui pardonnerai
jamais! » Si empathique, son épouse est stupéfaite de ce
manque d'humanité [sic]. Les amis de François Hollande,
qui ont vent de lâĂ©pisode, relativisent. « Perdre un enfant,
câest terrible. Son conjoint, câest atroce. Une mĂšre, câest trĂšs
dur. Mais une grand-mĂšre de plus de 80 ans, câest dans lâordre
des choses... », s'excuse un Hollandais canal historique, en
levant les yeux au ciel: « On nâallait pas faire une cĂ©rĂ©monie
Ă l'ĂlysĂ©e et mettre les drapeaux en berne!» (Madame la
Présidente).
Anne Fulda a briĂšvement Ă©voquĂ© la possibilitĂ© quâ Emmanuel
Macron ait « failli ĂȘtre adoptĂ© par sa grand-mĂšre », « dĂ©esse
de son monde enchantĂ© », « reine de son enfance et mĂȘme
de sa vie dâadulte » (Un Jeune homme si parfait) et HervĂ©
Algalarrondo, toujours au sujet de cette non-adoption,
d'imaginer un En finir avec Emmanuel Arribet, miroir de
lâ« autofiction » dâĂdouard Louis...
Dans cette relation qui sâ apparente Ă de lâinstruction en famille
(aujourdâhui violemment combattue par le gouvernement),
on peut s'Ă©tonner de la littĂ©rature quâaurait recommandĂ©e
« Manette » à son petit-fils. à en croire Candice Nedelec et
Caroline Derrien, « adolescent, le jeune Macron sâĂ©vade en
lisant. [...] André Gide ou encore Le Roi des Aulnes de Michel
Tournier sont sur sa table de chevet. Des auteurs que sa bien-
aimée grand-mÚre maternelle [...] lui a donnés en partage ».
Attelage étrange que celui composé de cet « adolescent », de
sa « bien-aimée grand-mÚre » et du Roi des Aulnes, ouvrage
que Claude Askolovitch cite pas moins de deux fois dans
son rĂ©cit sur lâenfance dâEmmanuel Macron (Vanity Fair,
février 2017), comme pour signifier son importance...
Passons sur André Gide (« familles, je vous hais! »), pour
nous concentrer sur Le Roi des Aulnes, prix Goncourt 1970,
synthĂšse chimiquement pure des obsessions de lâintelligentsia
Ă lâĂ©poque de sa parution, oĂč Michel Tournier manipule
pompeusement signes et symboles (le concept de « phorie »),
joue sur lâambiguĂŻtĂ© entre jeunesses hitlĂ©riennes et camps de la
mort (« inversion maligne »), pour rĂ©Ă©crire le mythe de lâogre
et, en dĂ©finitive, livrer une Ćuvre radicalement pĂ©dophile :
« Les fesses des enfants vivantes, frémissantes, toujours en
Ă©veil, parfois haves et creusĂ©es, lâinstant dâaprĂšs souriantes
et naïvement optimistes, expressives comme des visages. »
La bien Ă©trange mention de cette Ćuvre dans la biographie
officielle d'Emmanuel Macron serait-elle un de ces signes
quâil affectionne tant? Une clĂ© de lecture? Sa « lĂ©gende
officielle » serait-elle constituĂ©e dâ« inversions malignes » ?
à quel personnage correspondrait le petit juif sauvé au milieu
des autres enfants sacrifiés lors du dénouement ? Qui, dans
la geste macronienne, serait donc lâogre Abel Tiffauges,
« vieux comme le monde, immortel comme lui », ne pouvant
avoir «qu'un pÚre et une mÚre putatifs, et des enfants
d'adoption » ?
Au premier degré, le vrai mystÚre reste la quasi-absence
de clichĂ©s dâEmmanuel Macron pendant son enfance. Une
enfance qui se déroule pourtant dans les années 1980 et 1990,
époque de la démocratisation massive de la photographie
et du film familial, Ăąge dâor du PolaroĂŻd, du camĂ©scope,
des séances interminables de diapositives et des albums
du 15 juil. au 1â sept. 2021 FAITS & DOCUMENTS
ENQUĂTE
photos volumineux. Sylvie Bommel exprime parfaitement
l Ă©tonnement que suscite lâexamen du « dossier Macron » et la
contradiction flagrante entre son plan comâ basĂ© sur lâintimitĂ©
et ce manque de photographies qui, logiquement, auraient pu
et dĂ» rendre attendrissant le « produit Macron » : « Jâai eu tant
de mal Ă trouver des copains dâEmmanuel. [...] Il ne parlait
jamais de sa famille, me raconte son plus proche camarade
du lycée. C'était le seul de la classe dont nous ne savions
rien, ni l'endroit oĂč il passait ses vacances, ni la profession
de ses parents [NDA : son plus proche camarade de lycée est
Renaud Dartevelle, le témoin accrédité sur cette période,
qui, par ailleurs, a expliquĂ© sâĂȘtre rendu chez ses parents... ].
[...] On est bien en mal dâailleurs de trouver des photos de
ses jeunes annĂ©es. Quand, devenu adulte pour de bon, il sâest
lancé dans la campagne présidentielle, plusieurs analystes
politiques remarquÚrent que sa communication était inspirée
de celle d'Obama. Si tel est le cas, il a négligé la partie petite
enfance. Quiconque s'intĂ©resse Ă lâancien prĂ©sident des Ătats-
Unis d'AmĂ©rique peut sâattendrir devant le bĂ©bĂ© Barack en
barboteuse, le choupinet en train de manier sa premiĂšre batte
de base-ball, le gosse avec deux trous Ă la place des dents de
lait, bref le voir grandir. L'album photo de notre Président
Ă nous commence lâannĂ©e de ses dix ans. Le clichĂ© est pris
dans le chĆur de la chapelle de La Providence, Emmanuel lit
un passage de la Bible. à son cou, une médaille brille, il la
porte pour la premiĂšre fois, ce jour est celui de son baptĂȘme.
[...] Françoise et Jean-Michel entretiennent un rapport distant
avec les choses de la religion. Certes, ils se sont mariĂ©s Ă
lâĂ©glise pour le plaisir du dĂ©corum et de leurs familles mais
pas question de faire baptiser le bébé » (Op. Cit.).
`
Chaque Ă©pisode donnant lieu Ă plusieurs versions
contradictoires, Sylvie Bommel est la seule Ă faire remonter
ce baptĂȘme Ă lâannĂ©e de ses dix ans. Selon la plupart des
biographies, Emmanuel Macron aurait tenu Ă se faire baptiser
Ă lâĂąge de 12 ans. Aussi lâĂ©pisode est-il prĂ©sentĂ© comme
antérieur à son entrée à La Providence dans Madame la
PrĂ©sidente, ce que contredit la source de la photographie Ă
savoir l Album des 150 ans de lâ Association des anciens Ă©lĂšves
de La Providence (cf. Encadré Les (rares) photographies
d'enfance dâ Emmanuel Macron). Quoi quâil en soit, il est pour
le moins étonnant que les premiers clichés de la « légende
officielle » d Emmanuel Macron soient ces trois photos prises
dans le cadre scolaire (et non pas familial), une série datée de
son annĂ©e de 5°, câest-Ă -dire de lâannĂ©e 1989-1990, soit douze
ans aprĂšs sa naissance.
Ayant expliquĂ© Ă La Croix que ce baptĂȘme rĂ©sultait dâun
« choix personnel », Emmanuel Macron prĂ©cise « nâavoir
jamais Ă©tĂ© trĂšs assidu aux offices, mais je nâassiste plus
à rien. En tant que président de la République, cela va de
soi, mais à titre individuel aussi » (Président cambrioleur).
Sur lâĂ©pisode du baptĂȘme, sont donnĂ©s comme marraine et
parrain Germaine NoguĂšs, sa grand-mĂšre et son oncle Jean-
Michel NoguÚs. Au sujet de ce dernier, Hervé Algalarrondo
a rĂ©ussi Ă glaner quelques maigres informations auprĂšs dâun
certain « Martin », un « témoin » dont nous ne savons rien...
Présenté comme le frÚre de Françoise NoguÚs, Jean-Michel
NoguĂšs aurait Ă©tĂ© lâespoir déçu de Germaine NoguĂšs de
forger une rĂ©ussite, ce qui expliquerait quâelle aurait, des
années aprÚs, retenté le coup avec « Emmanuel ».
Né en 1940 et décédé en 2006, Jean-Michel NoguÚs ne serait
devenu « que » mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste « Ă cause dâune jeunesse
troublée » (Deux Jeunesses françaises). Un peu léger pour
un oncle auquel « Emmanuel » aurait accordé suffisamment
d'importance pour en faire son tardif parrain...
Nous sommes donc en prĂ©sence dâun deuxiĂšme personnage
« fantÎme » portant lui aussi le prénom de Jean-Michel. AprÚs
Jean-Michel Macron, le pĂšre, voici Jean-Michel NoguĂšs, lâoncle.
Dans une redondance curieuse, il se trouve que « Jean-Michel »
nâest autre que le deuxiĂšme prĂ©nom oubliĂ© dâEmmanuel, Jean-
Michel, Frédéric Macron (cf. Encadré).
| |
L'Ă©nigme que constitue la biographie d'Emmanuel |
Macron a maintenant un prénom « Jean-Michel », son |
deuxiĂšme prĂ©nom oubliĂ© dans sa fiche d'inscription Ă
Sciences-Po Paris (section internationale, 2001). Un
prénom qui, dans une bien étrange redondance, se
trouve ĂȘtre celui de deux personnages « fantĂŽmes » de
la geste macronienne, Ă savoir son pĂšre, Jean-Michel
Macron et son oncle et parrain Jean-Michel NoguĂšs...
Brigitte avant Macron
Chef de bande belle et rebelle ou adolescente
en souffrance ?
Tenter de retracer la vie de Brigitte avant Macron se révÚle
tout aussi dĂ©licat que dâĂ©crire la biographie de Macron
avant Brigitte. Notre tentative dâĂ©tablir prĂ©cisĂ©ment un CV
de « Brigitte » a donné un petit aperçu de la difficulté de
la tĂąche. Comme pour les « vertes annĂ©es » dâEmmanuel
Macron, chaque épisode semble avoir son témoin accrédité
déroulant ce que Le Monde appelle la « légende officielle ».
Pour sa scolaritĂ© chez les sĆurs, au SacrĂ©-CĆur Ă Amiens, Ă
défaut des habituelles photos de classe, Maëlle Brun (Brigitte
Macron. LâAffranchie) ne produit quâun tĂ©moignage, celui
dâune « BĂ©atrice Leroux », recoupĂ© avec ceux dâ«une
proche » et de « plusieurs amies du SacrĂ©-CĆur ». Loin dâĂȘtre
avare en poncifs sur « lâĂ©volution de la sociĂ©tĂ©, de la place
des femmes » dans le sillage de Mai 68, la biographie donne
finalement trĂšs peu de biscuits Ă se mettre sous la dent, en
dehors de la vague Ă©vocation dâune « bande Ă Brigitte ».
Biographie officielle, « proposée par Michel Taubmann »,
Brigitte Macron. L'Affranchie est lâouvrage qui est allĂ© le
plus loin dans la reproduction du CV bidon de « Brigitte »
(fausse mention trĂšs bien au bac, faux CAPES, etc.).
FAITS DOCUMENTS du 15 juil. au 1â sept. 2021
ENQUĂTE
_ Le problĂšme des photographies
de lâenfant « Brigitte »
Nous avons présenté à un photographe profes-
sionnel (n'Ă©tant pas au fait de notre enquĂȘte)
ces clichĂ©s de lâenfant « Brigitte » publiĂ©s pour
. la premiĂšre fois en 2018 par Virginie Linhart
dans son documentaire Brigitte Macron, un
roman français. Examinant la premiÚre, censée :
accréditer le passage de « Brigitte » au Sacré-
CĆur Ă Amiens, notre expert a dĂ©crit une
photo trÚs travaillée au moyen de plusieurs
filtres, rendant compliquée la datation précise
de l'originale. Pour la seconde (en couleur, ce
que nous ne pouvons ici restituer), le mĂȘme
photographe lâa jugĂ©e tout Ă fait authentique,
sans retouches, mais lâa datĂ©e du milieu des
années 1980. Nous ferait-on passer des photo-
-graphies de sa fille, Tiphaine AuziÚre, née en
1984, pour des photos de « Brigitte »?
du 15 juil. au 1â sept. 2021 FAITS A DOCUMENTS
ENQUĂTE
On ne sâĂ©tonnera donc pas que la description proposĂ©e de la
jeunesse de « Brigitte » soit directement tirée de son entretien
stratégique donné à Elle (18 août 2017), peu aprÚs son arrivée
Ă lâĂlysĂ©e et curieusement intitulĂ© Appelez-moi Brigitte ! : « Je
n'Ă©tais pas une jeune fille trĂšs sage. Jâ Ă©tais souvent collĂ©e pour
impertinence. Parce quâĂ lâĂ©cole du SacrĂ©-CĆur dâ Amiens, je
ne baissais pas les yeux, jamais. Et on ne me faisait pas entrer
dans le crùne une chose à laquelle je ne croyais pas. »
En Ă©crivant JI venait dâavoir 17 ans, Sylvie Bommel a cherchĂ©
Ă donner de la chair Ă cette histoire. Elle rapporte ne pas
avoir trouvĂ© de camarades de classe (mĂȘme pas la « BĂ©atrice
Leroux » de Maëlle Brun et de Michel Taubmann ?),
hormis une certaine « Annie, identifiée grùce à des amis
picards », mais le témoignage, aussi général que succinct (huit
lignes sur les priĂšres du matin), ne raconte rien de personnel
et n'apporte, en fin de compte, rien de nouveau. Pour ĂȘtre
complet, au dĂ©tour dâun entretien Ă Planet Paris Montmartre
(décembre 2020), une certaine Pascale Deliens a indiqué, sans
plus de précisions, avoir « croisé Brigitte Trogneux dans un
pensionnat religieux à Amiens ». En fait, les rares photos de
lâenfance de « Brigitte » (et non pas de lâadolescence) furent
diffusées sur France 3, le 13 juin 2018, dans Brigitte Macron,
un roman français, le documentaire de Virginie Linhart (cf.
Le problÚme des photographies de l'enfant « Brigitte »). Ces
photographies présentent-elles vraiment notre « Brigitte » ?
AprĂšs examen, rien nâest moins sĂ»r...
âAPPELEZ -MOI
BRIGITTE!
TOUT OU PRESQUE A ETE ECRIT SUR BRIGITTE MACRON, MAIS ELLE
N'AVAIT JAMAIS PRIS LA PAROLE. POUR LA PREMIERE FOIS,
L'EPOUSE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE RACONTE SON ENFANCE,
SON HISTOIRE D'AMOUR, SA VIE Ă L'ELYSĂE, SES DOUTES
ET SES COMBATS. CONFIDENCES D'UNE FEMME LIBRE.
pae ERIN DOHERTY «x OUVIA DE LAMBERTERSE monoceans MARK SELIGER
Le seul vrai témoin autorisé à s'exprimer sur les « vertes
années » de « Brigitte » est... « Brigitte ». Qui tient
dâailleurs Ă ce qu'on l'appelle « Brigitte » (Elle, 18 aoĂ»t
2017). Nous voilà bien avancés...
Lors de la premiĂšre couverture de Paris Match (14 avril 2016)
consacrée aux Macron, on lit sous la plume de Caroline
Pigozzi, héritiÚre de la Simca et « vaticaniste » à ses heures
perdues, que Brigitte « aime danser dans les surprises-parties
de lâĂ©poque, elle porte des minijupes moulantes et, entre
deux whisky-coca et rocks endiablés, ose flirter derriÚre les
tentures ». Intégrée à la biographie officielle, la belle histoire
sera reprise partout les yeux fermées.
Dans Les Macron, cela donne: « âDepuis toujours, la petite
derniĂšre des Trogneux frappe les esprits par sa bonne humeur
contagieuse, son goĂ»t de la fĂȘte et son parler vrai, souvent
drÎle. « Elle avait un cÎté olé-olé et tranchaït par son style avec
F AITS & DOCUMENTS du 15 juil. au 1* sept. 2021
ENQUĂTE
ses frĂšres et sĆursâ, raconte une vieille connaissance. âElle
sâest toujours habillĂ©e assez mini [NDA : faux], promenant ses
grandes guiboles toutes minces, ne quittant jamais ses verres
noirsâ, ajoute encore une rĂ©sidente de la station. Un cĂŽtĂ©
midinette, peu farouche... qui lui fait raconter, la soixantaine
entamĂ©e, son faible pour âla masculinitĂ© Ă lâĂ©tat brutâ dâun
Clint Eastwood. [...] Au Touquet, comme à « la Pro » ou
plus tard Ă Paris, Ă Saint-Louis-de-Gonzague â « Franklin »
pour les initiĂ©s â, la future Ă©pouse Macron fait lâunanimitĂ©.
Du moins chez ceux qui acceptent ici dâen dire un peu ».
Dans Brigitte Macron. LâAffranchie, on retrouve Ă©videmment
cette « fĂȘtarde invĂ©tĂ©rĂ©e affublĂ©e dâun kilt ultra-mini, [qui] danse
jusquâĂ lâaube des rocks de choc sur les notes de John Lee Hooker.
Quand elle nâĂ©coute pas en boucle les 33 tours de Johnny. Une
adolescence assez dĂ©lurĂ©e Ă lâopposĂ© du sage Emmanuel. »
«Rebelle, effrontĂ©e, elle se souvient quâelle Ă©tait collĂ©e tout le
temps, notamment par la tante du chanteur Hugues Aufray.
[...] âJe ne rentrerai jamais dans le rangâ sâamuse-t-elle en
se souvenant que sa grand-mĂšre maternelle, qui habitait Ă
la maison, lui passait tout. Car elle est jolie, sexy, la jeune
Brigitte Trogneux » (Un Jeune homme si parfait). Il est bien
dommage de ne pas disposer de photographies de la jeune et
resplendissante « Brigitte ».
On remarque au passage plusieurs incohérences, comme
son emploi trĂšs frĂ©quent, quand elle sâexprime en privĂ©,
d'expressions en anglais (type «itâs a shame! >»), des tics
de langage qui portent Ă penser quâelle ait vĂ©cu de maniĂšre
prolongée dans un pays anglophone. Pourtant, dans sa
« légende officielle », son seul antécédent connu en la matiÚre
est un simple sĂ©jour aux Ătats-Unis dans une famille de
croque-morts alors quâelle Ă©tait adolescente (Ă©pisode rapportĂ©
dans Madame la Présidente).
En 2020, sous la plume de Renaud Dély, laïcard fossilisé du
Grand Orient de France, le récit de la jeunesse de « Brigitte »
devient carrément grotesque: « DÚs 14-15 ans, Brigitte se
lùche. Elle troque son uniforme bleu marine de collégienne de
lâaustĂšre SacrĂ©-CĆur dâ Amiens, jupe plissĂ©e, pull et collant,
pour le dress code décontracté, mini-short et mini-jupe. Elle peut
un temps oublier sa scolarité corsetée par la routine catholique :
les âJe vous salue Marie, pleine de grĂąceâ; les âNotre PĂšre
qui ĂȘtes aux cieuxâ; les sĂ©ances de confession; les leçons de
maintien ; les colles pour impertinence... » (Les Macron du
Touquet ĂlysĂ©e-Plage, Seuil, 2020). Un manque de travail du
zélé Renaud Dély puisque la légende de la « Brigitte » pin-up
charismatique a été nettement mise en sourdine à partir de 2018.
Cette description qui voulait à tout prix créer une cohérence,
une continuité entre les « vertes
années » et le personnage de
« Brigitte » présenté à partir de
2015-2016, créature travaillée
au bistouri, « griffée » LVMH
ne quittant jamais sa minijupe
et ses stilettos, ne collait plus
en effet avec la « Brigitte » en
cardigan dans les bois, présentée
dans Brigitte Macron, un roman
français (cf. Quelle prof était
« Brigitte » ?).
En fait, comme le sous-entendent Caroline Derrien et
Candice Nedelec («Du moins chez ceux qui acceptent
ici dâen dire un peu »), et comme le reconnaissent tous les
journalistes un tant soit peu honnĂȘtes, le vĂ©ritable problĂšme
est lâabsence de tĂ©moins et lâimpossibilitĂ© de sortir de la
visite guidée, du circuit balisé par les communicants, gardiens
dĂ©vouĂ©s de la vie privĂ©e du couple. Pour I venait dâavoir 17
ans (paru en 2019), Sylvie Bommel a fait encore chou blanc
en passant pas moins de « deux jours à traßner dans les bars,
boutiques, casinos et autres lieux de plaisir du Touquet » Ă
la recherche de personnes qui auraient connu « Brigitte »
dans la fleur de lâĂąge. Elle finit par trouver trois joueuses de
golf qui, sous le coup de lâanonymat, rapportent quelques
banalitĂ©s, expliquant toutefois que « Brigitte nâĂ©tait pas de ces
filles autour desquelles les garçons se pressent. Elle nâavait
pas tellement de succĂšs, elle nâĂ©tait pas parmi les plus jolies
dâailleurs, c'Ă©tait plutĂŽt la bonne copine, toujours partante
pour sâamuser, assez exubĂ©rante. » Ces « tĂ©moins » ont-elles
été placées dans les pattes de la journaliste pour raconter la
nouvelle version réécrite de la « légende officielle » ?
Telle cette énigmatique « Pascale, ancienne copine de Brigitte
de deux jours son aßnée » qui croisera aussi la route de Sylvie
Bommel, mais ne lui donnera pas dâautre information que:
« On nous disait qu'il fallait absolument avoir les enfants
avant nos trente ans ».
DÚs 2016, « Brigitte » a mystérieusement confié à Philippe
Besson avoir été une « adolescente en souffrance » (VSD,
9 septembre 2016). Plus tard, elle précisera dans son entretien
Ă Elle (18 aoĂ»t 2017): «Je nâai pas apprĂ©ciĂ© lâadolescence
et câest pour ça que j'ai aimĂ© passer une partie de ma vie
professionnelle au milieu des ados, il y a tant de fĂȘlures en eux.
[...] Ils ne sont jamais lĂ oĂč ils se trouvent. Je me souviens
dâavoir Ă©prouvĂ© ce sentiment ». Quelle fĂȘlure « Brigitte » a-t-
elle essayĂ© de camoufler en sâinventant une adolescence rebelle
et délurée ? Une adolescence fictive, impossible à étayer, y
compris pour ses bienveillantes biographes... Que veut dire
« Brigitte » en expliquant ne pas avoir Ă©tĂ© lĂ oĂč elle se trouvait ?
Dans Les Macron du Touquet ĂlysĂ©e-Plage Renaud DĂ©ly
et Marie Huret ont anglé sur le rapport du couple avec Le
Touquet. Comme souvent, la parole est laissée à des témoins
« accrĂ©ditĂ©s », en lâoccurrence Jean-Luc Van-Godtsenhoven,
l'héritier des cabines de plages VIC, qui raconte comment il
a formé enfant, au Touquet, une bande avec « Brigitte »,
Michel Sardou et Patrick Balkany (nés respectivement en
1947 et en 1948, ce qui ne colle donc pas...). Anecdote reprise
abondamment dans les contenus Prisma/6MĂ©dias sans qu'il ne
soit jamais demandé à Patrick Balkany ou à Michel Sardou de
confirmer ou dâinfirmer lâinformation.
Dans le mĂȘme ouvrage, les auteurs tentent aussi de raconter
les amitiés touquettoises liant « Brigitte » à quelques people
du petit Paris de la communication des affaires. Notamment
le pittoresque binĂŽme formĂ© par lâex-gudarde repentie
Anne MĂ©aux et par son golem, lâessayiste multi-casquettes
Mathieu Laine. Le cas de Mathieu Laine est rapidement
évacué, ce dernier étant, comme souvent, hors sujet. Tout
dâabord, « la rencontre avec Brigitte survient plus tard, au tout
dĂ©but de lâannĂ©e 2016, Ă Bercy ». Ensuite, « Mathieu Laine et
Emmanuel Macron ne se sont jamais vus au Touquet ».
Quant Ă Anne MĂ©aux, son tĂ©moignage sur « Brigitte » quâelle
est censée connaßtre depuis toujours, donne l'impression
dâune reconstruction franchement approximative. La scĂšne
est ainsi racontée :
« Emmanuel Macron retient discrÚtement une invitée par
le bras. âAttends un instant, Anne, ne pars pas comme ça,
Brigitte va venir t embrasser. Vous vous ĂȘtes bien connues
au Touquet...â. Nous sommes en mars 2015, au ministĂšre
de l'Ăconomie et des Finances, Ă Bercy. [...] Surprise par
lapostrophe dâEmmanuel Macron, elle patiente un instant.
Et voilà une autre blonde montée sur des échasses surgir des
appartements privĂ©s du ministre, Brigitte Macron : âBonjour
Anne, comment vas-tu, ça fait un bail ! Depuis tout ce temps...
[...] Les boums dans les garages, tu te souviens ?â interroge
Brigitte. âEt Lâ Ascot Bar? Et Le Chatham ? veut-elle savoir.
Et le Bip-Bip, toi aussi tu allais au Bip-Bip ?â Tous les gosses
friqués de la station y ont dansé. Du bout des lÚvres, Anne
acquiesce : âEuh oui, oui, bien sĂ»r...â »
AprĂšs ce rĂ©cit d'introduction, les auteurs racontent lâentretien
que leur a accordĂ© Anne MĂ©aux au siĂšge dâImage 7, dans le
courant de lâannĂ©e 2019 pour aborder sa jeunesse commune
avec « Brigitte ». Ce qui donne:
« Brigitte ? Oui, on a dû se croiser un peu aux soirées du
tennis... [...] Brigitte a un an de plus que moi. Je nâai pas
de souvenirs trÚs précis. Moi, je traßnais beaucoup avec la
bande de mon frÚre, qui est de sept ans plus ùgé que moi. On
a fait pas mal de trucs... » Concernant son rapport à Brigitte
Macron, lâentretien sâarrĂȘte lĂ et dĂ©vie vers des gĂ©nĂ©ralitĂ©s.
Pourquoi aussi peu dâinformations dĂ©livrĂ©es de la part de celle
qui fut pourtant conseillĂšre municipale du Touquet entre 1977
et 1983 ? A-t-elle seulement déjà croisé « Brigitte » avant 2015?
Pourquoi tout ce cinĂ©ma alors quâun an avant la pseudo-
enquĂȘte de Renaud DĂ©ly et de Marie Huret, Nathalie
Schuck et Ava Djamshidi écrivaient à propos de « Brigitte »
et dâ Anne MĂ©aux quâ« elles ont chacune, cela rapproche, une
maison au Touquet. Câest Ă Bercy. le 8 mars 2015, qu'elles
ont fait connaissance » (Madame la Présidente). Les grandes
retrouvailles jouées par « Brigitte » ce jour-là relevait donc,
une fois de plus, du pur théùtre...
Quand vient le moment dâaborder le mariage entre
« Brigitte » et Emmanuel Macron, le 20 octobre 2007 au
Touquet, Caroline Derrien et Candice Nedelec relĂšvent une
amnésie encore plus surprenante dans le passé touquettois de
« Brigitte », celle de Léonce Deprez, cacique de la politique
locale, maire du Touquet entre 1969 et 1995 et entre 2001
et 2008 : « LâĂ©dile qui a fait des dizaines de matchs de tennis
en double avec le pĂšre de Brigitte connaĂźt bien la famille de
chocolatiers. Beaucoup moins la benjamine. »
Ătrange tĂ©moignage ou plutĂŽt absence de tĂ©moignage qui
encore une fois ne colle pas dâune part Ă la personnalitĂ©
« solaire » de cette fille du cru, issue dâune famille de notables
amis, qu'il est censé avoir marié une premiÚre fois en 1974,
dont il a marié le fils Sébastien en 2001, et dont il connaßt
bien le nouveau compagnon, puisque dÚs son arrivée dans la
station balnĂ©aire nous dit LibĂ©ration (8 mai 2017), « âManuâ
joue au tennis avec lâhistorique maire UDF LĂ©once Deprez ».
du 15 juil. au 1â sept. 2021 FAITS & DOCUMENTS
ENQUĂTE
Les Trogneux
L'histoire de la famille Trogneux est bien documentée.
Originaire du village de Vaulx (Pas-de-Calais), cette famille
paysanne Ă©tait qualifiĂ©e sous lâancien rĂ©gime de « fermiers
propriétaires », ce qui suggÚre une certaine aisance matérielle.
Mais, pour une raison inconnue, ce statut social sâeffondre sous
Louis XV avec plusieurs générations de manouvriers. En 1834,
en deux semaines, sont enregistrĂ©s les actes de dĂ©cĂšs dâAndrĂ©
Trogneux, de son Ă©pouse et de leur fils de dix-neuf ans, la
famille décimée laissant derriÚre elle une orpheline, Horeillie
Trogneux. Devenue fileuse, cette fille-mĂšre donnera naissance
Ă Marc Ătienne Xavier Trogneux (1952-1911). NĂ© de pĂšre
inconnu, ce garçon pùtissier à Amiens est considéré comme le
fondateur de la lignée dans la mythologie familiale entretenue
par le clan. Une page Wikipedia « Famille Trogneux » lui
est mĂȘme consacrĂ©e, chose tout Ă fait inhabituelle pour cette
famille ne se rattachant ni Ă la noblesse (quelle quâelle soit),
ni aux grandes dynasties de la bourgeoisie et du monde des
affaires. Les Trogneux sont en fait des commerçants réussissant
(grosse PME), ne disposant a priori ni de capital culturel,
ni dâune vĂ©ritable surface sociale. En bref, les Trogneux se
rattachent à la catégorie des « nouveaux riches » (sans que cela
soit péjoratif) et évoluent pleinement dans ce milieu. Aussi le
pÚre de « Brigitte », Jean Georges Trogneux, né le 26 avril
1909 à Amiens et décédé le 15 janvier 1994, a-t-1l épousé, le
26 septembre 1931 à Amiens, Simone Pujol, née le 18 août
1913 et dĂ©cĂ©dĂ©e le 18 fĂ©vrier 1998 Ă Amiens, la fille dâun
nĂ©gociant en vins et spiritueux originaire de lâ AriĂšge.
La vraie réussite de Jean Trogneux fut consacrée par sa
prĂ©sidence du Rotary Club dâ Amiens, fondĂ© en 1938 (District
1520, sis au 2, rue de Noyon au Grand HĂŽtel de lâ Univers)
et regroupant environ 70 membres de la bourgeoisie locale
dont les représentants des familles Y vert (catalogues Y vert &
Tellier), Désérable (les quincailliers Mr Bricolage), Gueudet
(les concessionnaires automobiles Gueudet), Boulogne (le
grossiste sanitaire et chauffage Ets Boulogne), etc. Câest dans
ce réseau que Jean Trogneux mariera ses filles, passant ainsi
Ă lâĂ©chelon supĂ©rieur sur le plan social.
Sa prĂ©sidence du Rotary Club dâ Amiens vient en effet couronner sa
réussite économique acquise grùce à une carriÚre de commerçant
prospĂšre qui, hormis un Ă©chec d'implantation Ă Nantes, a ouvert
boutique Ă Arras, Ă Saint-Quentin et Ă Lille. Son influence
sociale tient Ă un engagement dans les instances sportives locales
â crĂ©ation en 1971 du ComitĂ© rĂ©gional olympique et sportif
(CROS) de Picardie puis présidence de la Ligue picarde de tennis
â qui lui a valu une mĂ©daille dâor de la Jeunesse et des Sports,
une médaille vermeil de la Fédération française de Tennis, une
distinction des Palmes académiques au grade de chevalier et le
prix du dirigeant sportif de lâannĂ©e dĂ©cernĂ© par l Association des
écrivains sportifs (fondée en 1931 par Tristan Bernard).
Au Touquet, il a présidé l UPRAT, un club fonctionnant par
cooptation et regroupant les grosses fortunes touquettoises,
soit deux cents familles au total. En 2006, Emmanuel Macron
fera son entrĂ©e au conseil d'administration de lâ'UPRAT oĂč il
lui sera proposé de se porter candidat aux élections municipales
de 2008, ce qu'il refusera car une telle candidature eut
nĂ©cessitĂ© dâadhĂ©rer Ă PUMP (cf. La Ligne droite du Picard
Macron, Le Courier picard, 26 janvier 2015).
FAITS DOCUMENTS du 15 juil. au 1â sept. 2021
ENQUĂTE
Un frÚre et un enfant cachés dans la généalogie de « Brigitte » ?
Passons sur les détails biographiques bidon quant
au « professeur en classe préparatoire » et au pas-
sage au lycée Henri-IV pour nous concentrer sur les
: Brigitte TROGNEUX |
| DR Mere, Machia ati Que BAM Bibi
|
|
|
.
LA
.
quatre enfants nés d'un premier mariage avec
AndrĂ© AuziĂšre (officiellement « Brigitte » nâa que
trois enfants, SĂ©bastien, Laurence et Tiphaine),
mentionnés à gauche (page Geneanet en septembre
2017) comme Ă droite (page Geneanet en juin
2021). Entre ces deux captures d'écran, « Brigitte »
est passĂ©e de quatre Ă cinq frĂšres et sĆurs. Si les
noms de ses sĆurs, Annie et Maryvonne ont Ă©tĂ©
dévoilés, c'est bien un deuxiÚme frÚre qui est
NĂ©e be 19 avil 1953 - Amiens, 20000, Somme, Picardie. France
Ăge 6kans
Professeur de lettres au fvcée de La Providence $ Amieas, palt au Ivcée Heuri-TV à Paris et en chasses !
préparstoires du lvcÚe Saint-Louis de Gonrigue
apparu, un certain « Jean-Michel ». Dans la base
généalogique Roglo (ci-dessous), une photographie
du fils aßné, Jean-Claude, illustre faussement la
page du pĂšre Jean. Deux enfants n'y apparaissent
toujours pas: Maryvonne et Jean-Michel. L'examen
biographiques des frĂšres et des sĆurs de « Brigitte »
confirmera que Jean-Michel Trogneux est bien un
nouveau personnage fantĂŽme. Que leur patronyme
soit Macron, NoguÚs ou Trogneux, tous nos « fan-
tÎmes » répondent désormais au prénom de
« Jean-Michel »...Reste en suspens la question dâun
hypothétique quatriÚme enfant de « Brigitte »...
Brigitte TROGNEUX
(Bngttte MACRON)
(Braite Marie-Claude TROGNEUX)
Brigitte Macron , Madame AuciĂšre-Macron . BAM Bis
» Néele 13 avri 1253 - Amiens, 80000 Somme, Hauts-de-France, France
. Ăge 63 ans
» Professeur de lettres au lycée de La Providence à Amiens,
puis au ycée Henri à Paris et en classes préparatoires du lycée Saint-Louis de Gonzague
1 média disponible
Parents Parents
. Jean] TROGNEUX 1909 1994 Jean TROGNEUX 1909-1994
| + Sone PILE 1013 1698 . Simone PUJOL 1913-1998
Union(s) et enfant(s) Union(s) et enfant(s) |
Catais NordPas-de Calais France avec Ermenual MACRON 1977
FrĂšres et sĆurs
: S len TROGNEUX ca 1032
i +
Monée le 72 juin 1974, Le Touquot-PansFlage 67520, Pas-de-Calais Nord-Pas-de-Calais
France avec AMHĂAUZIERE 1951, divorcĂ©s en 2006 dont
D
D XX pofi cemu) AUZIERE 1973
Q Lamence AUZIERE /977
Ć Tiphaine AUZIERE J884
Manée je 20 oCobre 2007, HÎtel Westminster, - Le Touquet Pade Plage, 62520 Pasde
- X 1933
Hiiqué TROGNEUX 1641
N. TROGNEUX ca 1941
EE
Ćž Jean Trogneux #
Parents
+ Jean Trogneux 1881-1951
«+ Marguerite Lucie Chartier 1884-1973
Mariages et enfants
« Marié le 26 septembre 1931 Amiens (Somme), avec Simone Pujol 1913-1996, dont
. Annie
Ăš Jean-Clauce
« Monique
s Brigitte 1953
+ Mariée le 22 juin 1974 Le Touquet-Panis-Piage 62520 Pas-de-Calais, Nord-Pas-de-Cslais, France avet André AURERE
. g SĂ©bastien AUZIĂRE 1975
.» o' XX fproñi censuré} AUZIERE 1975
a Ă LawemeAUZIERE 1977
a Q Tiphaine AUZIERE 1984
FrĂšres et sĆurs
Ăš á» Annie TROGNEUX ca 1932
. Jean-Claude TROGNEUX 1933-2618
Ăš á» Maryvonne TROGNEUX ca 1934-1981
s Q Monique TROGNEUX 1941
o Jean-Michel TROGNEUX ca 1944
«+ Manée je 20 octobre 2007. HÎtel Westminster. - Le Touquet-Psris-Plage. 62520, Pas-de-Calais, Nond-Pas-de-Calsis France. avec Emmanuel MACRON 1977
ieantrogneuvoean Trogneu]
« Fondateur de la chocolaterie Trogneux à Amiens
e Ne le 26 avri 1909 - Amiens (Somme)
e Décédé le 15 janvier 1994 - Amiens (Somme)
e Ăge au dĂ©cĂšs : 84 ans
(Jean Georges Trogneux)
|
|
1951-2019 , divorcés en 2006 dont
TrĂšs proche des Trogneux, lâavocat Patrick Doussot se
portera finalement candidat. Battu par Daniel Fasquelle, il
se verra confier des années plus tard par Emmanuel Macron
une mission dans le cadre des jeux Olympiques de 2024 Ă
Paris. Trésorier des Républicains, soutien de François Fillon
en 2017, Daniel Fasquelle qui fut Ă lâAssemblĂ©e nationale
en premiĂšre ligne lors du scandale Alstom tout en Ă©tant
notoirement en froid avec le clan Trogneux-Macron au niveau
local (plainte déposée pour menaces contre le compagnon de
Tiphaine AuziĂšre), reste toutefois publiquement silencieux
quand il sâagit dâĂ©voquer le prĂ©sident de la RĂ©publique.
Cette neutralitĂ© rĂ©sulterait-elle dâune attitude de soldat loyal
envers Nicolas SarkĂŒzy ? Daniel Fasquelle, dont lâĂ©pouse,
avocate au barreau de Boulogne-sur-Mer, passe pour avoir
brodé des doudous lors de la naissance des petits-enfants de
Brigitte, est-1l au fait des secrets si bien gardés de la vie privée
du couple présidentiel ?
Notons ici que la date dâarrivĂ©e des Trogneux au Touquet
donnĂ©e par Sylvie Bommel est 1950, annĂ©e oĂč Jean
Trogneux « investit dans une résidence secondaire ». Les
Macron du Touquet ĂlysĂ©e-Plage donne, selon les dires de
« Brigitte », « 1958 ou 1959 â il faudrait que je retrouve
lâacte de propriĂ©tĂ© ». Nous ne sommes plus Ă une petite
incohĂ©rence prĂšs, dâautant quâau dĂ©but de la mĂ©diatisation du
couple, la villa touquettoise fut présentée comme la propriété
dâ Emmanuel Macron...
L'ouvrage prĂ©cĂ©demment citĂ© prĂ©cise que les frĂšres et les sĆurs
de Brigitte possĂšdent tous une maison au Touquet. Câest donc
« Brigitte » qui aurait hérité de la premiÚre propriété acquise
par la famille, la MonĂ©jan, Ă©valuĂ©e Ă 1,4 million dâeuros, sans
compter la rente des baux commerciaux compris dans la villa.
Ă Amiens oĂč ils se targuent de peser sur la vie politique locale,
les Trogneux soutiennent aujourdâhui le maire UDI Brigitte
Fouré et passent pour avoir joué un rÎle de premier plan, quand,
en 1989, Gilles de Robien a délogé le maire communiste René
Lamps qui tenait lâhĂŽtel de ville depuis 1971.
Dans cette famille, selon sa biographie officielle, « Brigitte »
est, comme Jacques Chirac, « lâenfant du miracle », puisque
sa mĂšre, quand elle lâa mise au monde, le 13 avril 1953, avait
39 ans, un Ăąge trĂšs avancĂ© pour lâĂ©poque. Cette diffĂ©rence
d'Ăąge avec ses autres frĂšres et sĆurs a Ă©tĂ© grossiĂšrement
exploitée et intégrée au storytelling du couple avec des
considĂ©rations du type: « MâąÂ° Macron Ă©prouve dĂ©jĂ ces
Ă©carts gĂ©nĂ©rationnels avant dâaimer un homme que vingt-
quatre annĂ©es sĂ©parent dâelle. » (Les Macron); « Ă cinq ans,
la voici dĂ©jĂ tante. Dans les repas de famille, on lâassied avec
Martine et Nathalie, ses niĂšces. TrĂšs tĂŽt, les repĂšres dâĂąge
ont Ă©tĂ© brouillĂ©s pour la petite Brigitte. Sa sĆur aĂźnĂ©e, Anne-
Marie, a vingt et un ans quand elle voit le jour. Maryvonne,
la troisiĂšme de la fratrie, dĂ©croche son brevet lâannĂ©e oĂč sa
petite sĆur reçoit lâonction du baptĂȘme. Ă huit ans, quand
Brigitte joue avec sa poupée, son frÚre Jean-Claude berce
un vrai bĂ©bĂ©, Jean-Alexandre. » (Zl venait dâavoir 17 ans);
« de tels imbroglios intergénérationnels expliquent que, pour
Brigitte, le critĂšre de lâĂąge nâa aucun sens. Essentiel point
commun avec Emmanuel Macron » (Les Macron du Touquet
ĂlysĂ©e-Plage).
du 15 juil. au 1â sept. 2021 FAITS & DOCUMENTS
ENQUĂTE
Rappelons ici que la question nâest pas la diffĂ©rence dâĂąge,
mais bien celle dâun dĂ©tournement de mineur en milieu
scolaire. Il est étrange que la date de naissance de « Brigitte »
nâait Ă©tĂ© rendue publique quâen mai 2016, avec la parution,
dans lâĂ©phĂ©mĂšre revue Pop Story (arrĂȘtĂ©e au deuxiĂšme
numĂ©ro), dâune longue enquĂȘte de Sylvie Bommel intitulĂ©e
Et Brigitte créa Macron. Dans la geste macronienne, le
« 13 avril » correspond au décÚs de « Manette » survenu
trois avant que la date de naissance de « Brigitte » ne soit
donnĂ©e. Dans lâhistoire, le 13 avril 1953 est la date du
lancement de MK-Ultra, le tristement célÚbre programme de
contrĂŽle mental de la CIA.
Avec Il venait d'avoir 17 ans, paru trois ans aprĂšs son premier
portrait de « Brigitte », Sylvie Bommel a notĂ© quâen 1953
le prénom avait en fait été donné bien en amont du pic de
« Brigitte » intervenu en 1957, soit neuf mois aprĂšs lâonde de
choc « BB » provoquée par le film de Roger Vadim, Et Dieu...
créa la femme. Sylvie Bommel reconnaissant en substance
son erreur de 2016 quand elle avait Ă©crit quâ«on lâappela
Brigitte, prénom dans le vent grùce à une ingénue à la beauté
provocante ». Ce qui nâĂ©tait donc quâune supposition... Dans
son second portrait de « Brigitte », Sylvie Bommel recopie
lâencadrĂ© paru dans Le Courrier picard du 15 avril 1953 dans
lequel la famille Trogneux annonce la naissance de « Brigitte ».
Jean-Claude. Mary-
vonne, Monique et Jean-Michel
TROGNEUX ont la grande joie de
vous annoncer la naissance de leur
petite sĆur Brigitte.
Amiens, 1, rue Delambre.
Anne-Marie,
Nous avons également consulté cette archive à la BibliothÚque
nationale de France. LâĂ©tat-civil reproduit dans le mĂȘme
numĂ©ro du Courrier picard donne bien la naissance dâune
« Brigitte Trogneux », mais le 14 avril 1953, et non pas le 13.
m 7
ETAT CIVIL D'AMIENS
DU 14 AVRIL
â TROGNEUX Bri
Pi. # Ă
Nalssances,
rue Albéric-de-Calonne,
tto,
OY
Martine, rue Dargent, 26 : DELPIERRE
MichĂšle, rue Elol-Morel, 157 : TETAZ
RĂ©jane, place Victor-Pauchet ;: DUFLOS
Maryvonne, place Victor-Pauchet ; MEN:
TION Jacques, rue RĂŽbherf-le-Cog, 260,
Pourquoi Sylvie Bommel nâa-t-elle pas rapportĂ© cette (petite)
incohĂ©rence (une de plus...) ? Il peut sâagir, bien sĂ»r, dâune
naissance survenue dans la nuit du 13 au 14, quoique lâextrait
d'acte de naissance mentionné par Geneanet indique une
naissance Ă 15h00.
Retracer les biographies des différents membres du clan
Trogneux révÚle une anomalie de taille. Il est partout écrit,
depuis 2016, que les Trogneux ont eu six enfants, comme
le montre le Carnet mondain du Courrier picard reproduit
ci-contre. Câest ce que lâon trouve chez Caroline Derrien
et Candice Nedelec (Les Macron), chez Maëlle Brun
(« benjamine de six enfants ». Brigitte Macron. L'Affranchie),
Sylvie Bommel (« sixiÚme enfant, puisque deux autres sont nés
pendant lâ Occupation », Il venait dâavoir 17 ans), etc.
Une autre biographie, La Confidente, explique que ses parents
ont « déjà élevé trois garçons et deux filles » lors de sa nais-
sance, mais cette version semble relever de lâerreur grossiĂšre,
puisqu'il est généralement admis que les Trogneux aurait eu
deux garçons et trois filles avant lâarrivĂ©e de « Brigitte ».
Or la trÚs contrÎlée page Wikipédia de la famille Trogneux
mentionne bien cinq enfants.
De ce mariage, naĂźt Jean Georges Trogneux le 26 avril 1909 Ă
Amiensâ. Le 26 septembre 1931 Ă Amiens, il Ă©pouse Simone Marie
Madeleine Pujol*. De ce mariage naissent cinq enfants dont Jean
Claude en 1933 et Brigitte en 1953. II meurt Ă Amiens le
15 janvier 1994â.
Depuis le milieu du xxe siÚcle, la famille Trogneux est « solidement
enracinée » au Touquet-Paris-PlageŸ.
Annie
Anne-Marie GisÚle Marguerite dite « Annie » Trogneux,
nĂ©e le 9 juillet 1932 Ă Amiens. LâaĂźnĂ©e, dont le nom a Ă©tĂ©
caché dans un premier temps, a épousé Gérard Boulogne,
membre du Rotary Club dâAmiens, issu comme sa future
Ă©pouse dâune famille de commerçants du centre-ville. Une
affaire dont ce dernier se targue dâavoir fait un « acteur
incontournable du secteur sanitaire-chauffage du nord
de la France ». Avec ses quelque 15 millions dâeuros de
chiffre dâaffaires annuel et ses quelque 40 salariĂ©s, les
Ătablissements Boulogne sont aujourdâhui dirigĂ©s par leur
fils, Thierry Boulogne, né le 28 février 1968 à Amiens.
Sa sĆur aĂźnĂ©e, Christine Boulogne, nĂ©e le 26 mars 1957 Ă
Amiens a Ă©pousĂ© en 1983 BenoĂźt Haquin, nĂ© le 4 mai 1954 Ă
Brégy (Oise), gros exploitant agricole (GAEC Haquin Rémi
et Benoßt), maire de son village natal depuis 1989 et président
de la communautĂ© de communes du Pays de Valois de 2014 Ă
2020. Par le mariage dâun des quatre enfants du couple avec
une Reynal de Saint-Michel, les Trogneux sont désormais
alliés à cette célÚbre famille de békés de Martinique, famille
elle-mĂȘme alliĂ©e aux Hayot, entre autres. Bien qu'Ă©tant
sa premiÚre niÚce connue et malgré leur appartenance à la
mĂȘme gĂ©nĂ©ration, Christine Haquin, la fille aĂźnĂ©e dâAnnie
Trogneux, nâa pas Ă©tĂ© incorporĂ©e au storytelling.
FAITS DOCUMENTS du 15 juil. au 1° sept. 2021
ENQUĂTE
Jean-Claude
Jean-Claude Marie Joseph Trogneux est né le 14 août
1933 Ă Amiens. Au dĂ©but des annĂ©es 1970, lâaĂźnĂ© des fils
prendra la suite de son pĂšre Ă la tĂȘte de la Maison Trogneux
comme prĂ©sident de Jean Trogneux la Maison des BaptĂȘmes,
mais aussi dans les instances sportives avec la présidence du
Tennis club dâ Amiens et lâorganisation de la « Promenade »,
une randonnée cycliste annuelle entre Amiens et Le Touquet.
Jean-Claude Trogneux a épousé en premiÚres noces, le
14 juin 1960, Ă Amiens, DaniĂšle Courbot, un trĂšs beau
parti puisque cette derniĂšre est la benjamine des enfants
d'Henri Courbot, patron de lâentreprise de BTP du mĂȘme
nom, Ă lâĂ©poque prĂ©sident du Syndicat professionnel des
entrepreneurs de travaux publics de France et d'Outre-Mer,
membre du bureau du CNPF (actuel MEDEE), président
de la Chambre de Commerce et dâIndustrie de Paris et de
lâAssemblĂ©e des chambres de commerce de la CommunautĂ©
économique européenne.
Le couple aura quatre enfants dont Jean-Alexandre Trogneux,
nĂ© le 26 avril 1961 Ă Amiens, qui, Ă son tour, reprendra lâ affaire
familiale en juillet 2016, nâhĂ©sitant pas Ă sâafficher en soutien
du couple prĂ©sidentiel. Ce diplĂŽmĂ© de lâESCP a ouvert une
nouvelle boutique rue Saint-Jean au Touquet en avril 2019. De
son mariage, le 10 juin 1989 Ă Montigny-sur-lâHallue (Somme)
avec Véronique Catteau, sont nés Jean-Baptiste Trogneux
(1993), marié à une Chinoise de Hong Kong (un fils, Sin Yin)
et une fille Margaux (1996). InstallĂ©e dans lâEssonne, sa sĆur,
Martine Trogneux, née le 12 avril 1964, médecin généraliste
à Longjumeau, a épousé Hacene Abbar, chirurgien maxillo-
facial et stomatologue Ă Arpajon (quatre enfants: Maxime,
Baptiste, Jules et Tom). Quant aux deux autres enfants de
Jean-Claude et de DaniĂšle Trogneux, seul le prĂ©nom dâune
fille, Nathalie, est connu.
Le 26 septembre 1990 Ă Amiens, Jean-Claude Trogneux a
épousé en secondes noces Brigitte Poillion. Ce remariage crée
une relative confusion puisqu'il y a maintenant deux Brigitte
Trogneux dans la famille, de sorte que lâon ne sait quelle est
des deux la « Brigitte Trogneux » présente dans les statuts des
sociĂ©tĂ©s familiales. Est-ce notre « Brigitte » comme lâindique
sa biographe officielle MaĂ«lle Brun (jusquâen 2007 prĂ©cise-
t-elle) oĂč est-ce Brigitte Trogneux, nĂ©e Poillion, comme le
rapporte Geneanet ?
De son premier mariage avec Alain-Georges Deledicque,
médecin né le 17 janvier 1944 à Roubaix (Nord), directeur de
centres de thalassothérapie successivement à Oléron, Carnac,
Quiberon, Dinard, Deauville et Siouville-Hague, ancien
conseiller municipal Ă Saint-Trojan (1976), membre du
Rotary et trésorier de la Société française de thalassothérapie,
cette Brigitte Trogneux est la mÚre du réalisateur Robin
Deledicque, aujourdâhui engagĂ© au sein de LREM.
Jean-Claude Trogneux qui, au départ, aurait mené une guerre
rude à « Brigitte et Emmanuel » avant dâaccepter son beau-
frÚre aprÚs son entrée à PENA (ce qui, dans ce milieu tout
à fait « chabrolien », semble assez crédible) est décédé le
9 novembre 2018.
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Ătonnamment, câest Emmanuel Macron, d'habitude si frileux
pour se dĂ©placer Ă Amiens dans ses fonctions de chef de lâĂtat,
qui a prononcĂ© lâĂ©loge funĂšbre de son beau-frĂšre, le 13 novembre
2018 en lâĂ©glise Saint-Martin dans le quartier dâHenriville
complÚtement bouclé et interdit à la presse ce jour-là (cf. « Un
discours Ă©mouvant dâ Emmanuel Macron », Le Courrier picard,
14 novembre 2018).
JEAN TROGNEUX LA MAISON DES BAPTEMES
Re de Poe De me Pme Re
PROCES-VERBAL
DE L'ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE ANNUELLE
EN DATE DU MARDI 10 MAI 1994
L'An Mit Neuf Cent Quatre Vingt Quatorze,
Le Mardi 10 Mai,
A 18 Heures,
Les Actionnaires de la Société "JEAN TROGNEUX LA MAISON DES BAPTEMES",
Société Anonyme au Capital de 250 000 Francs divisé en 2 000 actions de 125 Francs, se sont réunis
au SiÚge Social en Assemblée Générale Ordinaire Annuelle à la suite de la convocation qui leur a été
faite par lettre.
QUATRIEME RESOLUTION
L'Assemblée Générale décide de nommer en qualité d'Administrateur Madame Brigitte
TROGNEUX, déjà Actionnaire, en remplacement de Monsieur Jean TROGNEUX, décédé
Cette nomination est faite pour la durée restant à courir du mandat de son prédecesseur,
soit jusqu'à l'issue de l'Assemblée Générale Ordinaire Annuelle qui se tiendra en 1999 et qui statuera
sur les comptes de l'exercice écoulé.
Cette résolution, mise aux voix, est adoptée à l'unanimité.
Madame Brigitte TROGNEUX, ici présente, a déclaré accepter la fonction qui vient de
lui ĂȘtre confĂ©rĂ©e, et n'ĂȘtre frappĂ©e d'aucune incapacitĂ© ou interdiction faisant obstacle Ă l'exercice
desdites fonctions.
L'ordre du jour étant épuisé et personne ne demandant plus la parole, le Président déclare
la séance levée.
De tout ce que dessus il a été dressé le présent procÚs-verbal qui, aprés lecture, a été
signé par les membres du bureau.
smbunAL DE COMMERCE D'AMIENS
DĂPĂT D JUIL 20%
E Iw
N SFS- pss teose
Quelle « Brigitte Trogneux » apparaßt dans les statuts
de Jean Trogneux La Maison des BaptĂȘmes, sociĂ©tĂ©
se transmettant de pÚre en fils ? Notre « Brigitte » ou
Brigitte Poillion, seconde Ă©pouse du chef de famille,
Jean-Claude Trogneux ?
FAITS & DOCUMENTS
ENQUĂTE
du 15 juil. au 17 sept. 2021
Maryvonne
L'identitĂ© de cette sĆur nâa Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e que tardivement par
« Brigitte », dans son entretien à Elle (18 août 2017). Sa date
de naissance nâest pas connue prĂ©cisĂ©ment. Selon les bases de
données généalogiques, on trouve 1934 (Geneanet) ou 1938
(MyHeritage). Elle avait 23 ans lors de sa mort comme lâindique
lavis de décÚs paru dans Le Courrier picard du 25 février 1960
oĂč est relatĂ© lâaccident de la route qui lâa emportĂ©e, ainsi que son
Ă©poux Paul Farcy, fils dâ Alphonse Farcy, prĂ©sident fondateur
dâune puissante coopĂ©rative agricole de la rĂ©gion, La Solidaire, sise
Ă Albert, Ă vingt kilomĂštres dâ Amiens. Avec cet accident mortel
intervenu le 24 février 1960 à Orvillers-Sorel, le couple laisse
derriÚre lui une petite fille ùgée de cinq mois, Nathalie Farcy.
Nouvelle incohérence, cette derniÚre est présentée par Geneanet
comme Ă©tant nĂ©e en 1955. Le fait quâelle porte le mĂȘme prĂ©nom
quâune des filles de Jean-Claude Trogneux pose la question
dâune Ă©ventuelle adoption par son oncle. Cette question renvoyant
à celle des niÚces de « Brigitte », question mise sur la table lors de
la mĂ©diatisation, par « Brigitte », du dĂ©cĂšs de Maryvonne. Avec Ă
la clef, un nouvel imbroglio biographique...
Dans Elle, « Brigitte » assure en effet que lors du décÚs prématuré
de Maryvonne, elle « avait 8 ans. [Ma sĆur] est avec moi tous
les jours de ma vie. Un an aprĂšs, une de mes niĂšces de 6 ans est
partie. » Or la Brigitte Trogneux née en avril 1953 avait 6 ans
et non pas 8, le 24 fĂ©vrier 1960. Ă cette pĂ©riode de la vie oĂč
les annĂ©es sont longues et oĂč les souvenirs restent gravĂ©s dans
la mémoire, cette erreur est pour le moins incompréhensible.
D'autant que la rĂ©vĂ©lation des dĂ©cĂšs dâune sĆur, puis dâune
niĂšce, constitue la substantifique moelle de lâinterview Ă Elle.
Une communication plus que contrÎlée dont on ne peut imaginer
quâelle nâait pas Ă©tĂ© lue, relue et vĂ©rifiĂ©e par le couple prĂ©sidentiel
et leurs Ă©quipes de communicants. Lâ« erreur » (un mensonge ?)
ne fut pas rectifiée dans Brigitte Macron. L'Affranchie, la
biographie officielle de « Brigitte » parue quelques mois plus
tard: « En 1961, elle est ĂągĂ©e de huit ans lorsque sa sĆur aĂźnĂ©e,
enceinte, se tue avec son mari dans un accident de voiture ». En
revanche, la cause du décÚs de la niÚce de six ans est cette fois
donnée : « une appendicite aiguë ». |
Si elle nâa pas identifiĂ© la niĂšce « ĂągĂ©e de six ans », dĂ©cĂ©dĂ©e « un
an plus tard »ânous non plus â, Sylvie Bommel a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă
donner la véritable date du décÚs de Maryvonne Farcy et à établir
que « Brigitte » aurait eu six ans en vérité. Mais la journaliste a
cherché à justifier la grossiÚre erreur de datation de « Brigitte »
en convoquant un pédopsychiatre appelé à disserter sur une
«confusion perdurant toute la vie Ă la suite dâun Ă©vĂ©nement
traumatique ». Notons encore que Sylvie Bommel indique que la
photo de lâaccident « se retrouve le lendemain en premiĂšre page
du Courrier picard », ce qui nâest pas tout Ă fait exact, puisque,
vérification faite, la photo a été publiée en troisiÚme page. Quoi
quâil en soit, nous voilĂ face Ă un nouvel Ă©pisode de la vie de
« Brigitte » ayant fait lâobjet dâune rĂ©Ă©criture...
(Suite au prochain numéro)